Aller au contenu principal
Fermer

Quand le cinéma s’empare de la lutte contre les marchands de sommeil
information fournie par Le Figaro 16/01/2022 à 07:00

Les dérives liées à l’habitat privé insalubre font l’objet du film «Les Promesses», en salles le 26 janvier. Isabelle Huppert y incarne une maire de Seine-Saint-Denis se battant pour sauver une cité délabrée.

De l’eau goutte du plafond de la cuisine, la cage d’escalier est littéralement inondée, des installations électriques non conformes, à l’image de ces câbles qui pendent, sautent aux yeux. Une fuite a pénétré des appartements du quartier des Bernardins, une véritable cité insalubre. Et pourtant, les locataires doivent payer 153€50 pour un parking envahi par l’eau ou plus de 50€ de charges pour un ascenseur en panne depuis 10 ans.

Le film Les Promesses , projeté ce mardi en avant-première, en présence notamment de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, Anru, de l’Agence nationale de l’habitat, Anah, de France Urbaine et d’Emmanuelle Wargon, la ministre du logement, et en salle le 26 janvier, n’est pas un documentaire mais il montre cependant avec une extrême précision la problématique des marchands de sommeil , des propriétaires qui achètent à bas prix des biens insalubres et les louent, tout en ayant connaissance de l’état déplorable de ces logements.

L’histoire? Clémence Collombet, maire d’une ville de Seine-Saint-Denis (93), livre un combat acharné pour sauver le quartier des Bernardins, une cité insalubre dont profitent les marchands de sommeil. En effet, plus la cité se dégrade et moins cher les propriétaires vont acheter les appartements. Clémence, incarnée par l’actrice Isabelle Huppert, se bat pour obtenir 63 millions d’euros d’argent public permettant de rénover ces logements détériorés. Deux mondes parallèles s’affichent: celui des immeubles vétustes et celui du palais doré de Matignon où le sort réservé à la Cité des Bernardins doit être tranché.

L’habitat privé en difficulté

« Nous avons rencontré des maires de plusieurs villes dont Grigny et Chanteloup-les-Vignes, qui nous ont expliqué comment fonctionnent les marchands de sommeil. On a voulu mettre au cœur de ce film le sujet du logement qui raconte des choses sur la banlieue », explique le réalisateur Thomas Kruithof. Cette thématique méconnue du cinéma est pourtant connectée au réel. « Le film met l’accent sur l’habitat privé en difficulté, or quand on parle de logements dégradés dans des cités, on pense souvent aux logements sociaux alors que les copropriétés privées sont les plus difficiles à réhabiliter . Cette réalité existe et on l’ignore souvent », applaudit Emmanuelle Wargon, la ministre du logement.

Le long-métrage a en partie été tourné à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis (93), dans la cité du Chêne Pointu, avec des figurants clichois. Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois, s’était demandé « si un film sur les copropriétés dégradées intéresserait quelqu’un », lorsque le scénariste Jean-Baptiste Delafon, également co-auteur de la série Baron Noir , lui avait expliqué sa démarche. Et pourtant, après avoir vu le film, il reconnaît qu’il a atteint son objectif.

Moins de 100 condamnations par an

« En France, le parc privé potentiellement indigne est estimé à 420 000 logements indignes ou dégradés. Près de 52 % de ces logements appartiennent à des propriétaires bailleurs privés », souligne l’étude d’impact de la loi Elan. L’activité de marchand de sommeil est difficile à quantifier statistiquement, d’après cette même étude. Aucune estimation chiffrée du phénomène ne peut être proposée.

Louer un habitat indigne est pourtant un délit comme le trafic de drogue. Le marchand de sommeil risque cinq ans de prison et 150.000 euros d’amende pour «hébergement incompatible avec la dignité humaine» ou trois ans de prison et 100.000 euros d’amende pour «perception indue de loyers», selon le code pénal (article 225-14). La loi logement prévoit la confiscation systématique des biens immobiliers des marchands de sommeil et de leurs indemnisations d’expropriation.

Les élus locaux se livrent à une lutte sans merci contre les marchands de sommeil et vont parfois même jusqu’à la procédure judiciaire mais « dans 50 % des cas, les plaintes ne sont pas instruites. Et dans les dossiers qui vont au bout, il faut compter trois ou quatre ans pour avoir une condamnation », déclarait Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis, au Figaro en 2017. Un peu moins d’une centaine de condamnations sont prononcées chaque année.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des députés proposent que les nouveaux propriétaires bailleurs puissent déduire chaque année du montant de leurs revenus locatifs 3 % du prix d’achat du bien. (illustration) (Sephelonor / Pixabay)
    information fournie par Boursorama avec Newsgene 22.10.2025 13:21 

    Des députés ont déposé des amendements proposant un nouveau statut fiscal pour les bailleurs privés. Mais ils ont été rejetés par la commission des finances. Le nouveau ministre du Logement, Vincent Jeanbrun, a promis d’intégrer la création d’un statut fiscal du ... Lire la suite

  • SOFIDY
    information fournie par Sofidy 22.10.2025 12:04 

    La SCPI Immorente de Sofidy réalise une nouvelle acquisition d'un immeuble de bureaux en plein cœur de Lille, au pied des deux gares Lille-Flandres et Lille-Europe, d'une surface de 3 327 m², dans un emplacement privilégié. Cet investissement, intervenant quelques ... Lire la suite

  • Méfiez-vous des trous de garanties lorsque vous changez d'assurance emprunteur ( Crédits photo: ©  Krakenimages.com - stock.adobe.com)
    information fournie par Moneyvox 22.10.2025 11:11 

    Vous envisagez de changer de contrat pour l'assurance de votre crédit immobilier ? Attention : malgré le principe d'équivalence des garanties, ce changement peut avoir des conséquences fâcheuses. Jusqu'à -27 % sur le prix de votre assurance emprunteur : voici ce ... Lire la suite

  • Crédit photo : Shutterstock
    information fournie par Mingzi 22.10.2025 08:15 

    Face à la flambée des loyers et à la crise du logement, la Ville de Paris s'attaque au « coliving », ce nouveau modèle d'habitat partagé prisé des investisseurs. Accusé de contourner l'encadrement des loyers, il séduit pourtant de nombreux jeunes actifs. Faut-il ... Lire la suite

Pages les plus populaires