Le procès du drame d’Angers permet d’identifier une série d’erreurs techniques permettant aux experts d’affirmer que le balcon serait tombé un jour ou l’autre sous son propre poids.
«Un jour ou l’autre», il serait tombé «sous son propre poids»... Les experts ont expliqué mardi devant le tribunal correctionnel les défauts de construction qui ont provoqué l’effondrement d’un balcon à Angers en 2016, emportant 18 étudiants et en tuant quatre. Dénonçant «une forme de bricolage» , l’ingénieur-conseil Pierre Lemaire, expert agréé par la cour de Cassation, décrit l’environnement général du chantier réalisé en 1997-1998 sur la résidence Le Surcouf comme «médiocre». Voici les principaux éléments identifiés comme ayant conduit à la catastrophe.
1. Du béton «mouillé»
Le béton, à la porosité «très élevée », a été «mouillé» relèvent les experts, c’est-à-dire qu’ «il y a eu des ajouts d’eau au moment du moulage pour faciliter sa mise en œuvre» . «Toutes les entreprises savent très bien qu’on n’a pas le droit de le faire» , a souligné Pierre Lemaire. De mauvaise qualité, «pas correctement vibré» , ce béton contenait également «de nombreuses bulles d’air».
2. Des aciers mal positionnés
Les aciers, qui ont «un rôle prépondérant dans la stabilité de la dalle», étaient en outre «très mal positionnés» car «beaucoup trop bas» , ont également souligné les ingénieurs-conseils.
3. Une mauvaise reprise du bétonnage entre le bâtiment et le balcon
Cette reprise de bétonnage entre le bâtiment et le balcon a été mal réalisée. Or, elle «joue un rôle essentiel dans ce genre d’accident», a noté M. Caussé-Giovancarli, qui avait rencontré une situation similaire après la chute du balcon du député-maire d’Issy-les-Moulineaux André Santini (UDF), en janvier 2007. Le balcon en avait à l’époque entraîné six autres dans sa chute, sans faire de victimes. Dans le cas d’Angers, la surface était «lisse au niveau du collage» , alors qu’elle aurait dû être en biseau avec des aspérités pour permettre une meilleure adhérence. Au fil des ans, une fissure s’est ouverte, laissant l’eau s’infiltrer et les aciers s’oxyder. «Les aciers étaient plus que rouillés, ils étaient dégradés dans leur masse» , a ainsi souligné Pierre Lemaire. Du fait de cette «corrosion progressive» , «le balcon serait tombé tout seul, quelques années plus tard» , a-t-il ajouté.
4. Des travaux menés sans respecter les plans de l’ingénieur béton
Alors que les plans avaient été conçus pour des balcons préfabriqués, ils ont été finalement coulés sur place. Si ces plans avaient été suivis, le balcon aurait pu supporter 35 personnes, soit près de deux fois le nombre de victimes le soir du drame. Soulignant que les plans d’origine avaient été abandonnés «quasiment au début du chantier», M. Caussé-Giovancarli a précisé: «Pendant des mois, les aciers étaient au vu de tout le monde, ça aurait dû attirer l’œil» sur ce changement de mode de construction. Il pointe notamment la responsabilité du cabinet d’architecte qui devait notamment «viser les plans d’exécution de l’entreprise».
Le procès doit se terminer le 4 mars.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer