Aller au contenu principal
Fermer

L’habitat participatif, un modèle encore balbutiant en France
information fournie par Le Figaro 24/12/2021 à 06:00

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

Les projets d'habitat participatif sont ultra minoritaires en France même si certaines communes réservent du foncier pour le développer.

« Pour nous, habiter doit signifier autre chose que se poser dans un logemen t . Je ne me voyais pas vivre dans un lotissement avec des maisons isolées, chacun chez soi ou dans un immeuble où il y a de l'anonymat », assure Odile Guillemot, présidente d'Habitat Participatif France et habitante d'Anagram, un habitat participatif de Villeneuve-d'Ascq, installé depuis 30 ans. Elle souhaitait vivre avec des couples qu'elle connaissait déjà: des amis du quartier et des parents d'élèves de l'école où allaient ses enfants.

Avec 9 autres familles, elle a fait construire 10 logements individuels et une maison commune supplémentaire qui occupe une place centrale, comprenant une buanderie, une cuisine, une chambre d‘hôtes et une mezzanine. Mais certains projets d'habitats participatifs sont portés par des membres qui ne se connaissaient pas auparavant.

L'habitat participatif, encadré depuis 2014 par la loi ALUR, « permet à des groupes de personnes de gérer, de penser leur habitat collectivement », explique Ludovic Parenty, coordinateur national d' Habitat Participatif France . Chaque foyer a donc un bâtiment privé mitoyen d'espaces communs partagés. Habitat Participatif France recense 900 projets en France soit 9000 logements, dont 270 totalement aboutis. Encore ultra minoritaires (0,024% du parc de logements), ces modes d'habitation ont toutefois le vent en poupe: ils affichent une croissance moyenne de 18% par an depuis 2009, selon Habitat Participatif France.

Mutualiser les coûts

Parmi les zones qui développent le plus ce mode d'habitat en France, figurent l'Isère, en région Auvergne-Rhône-Alpes, avec 62 projets et la Bretagne, avec plus de 130 projets dans les quatre départements bretons. Les motivations de ceux qui recourent à cette forme d'habitat? La notion de vivre ensemble principalement. « On retrouve une salle commune dans quasiment tous les projets, souvent un espace un peu plus grand où on peut partager un repas », précise Ludovic. Pierre-Yves, qui quitte un habitat participatif à Rennes, où il vivait depuis plus de 30 ans, pour un autre habitat participatif dans un quartier voisin, énumère les espaces collectifs qui figureront dans son futur appartement: « Une buanderie, un atelier de bricolage, une salle d'activité, une chambre d'amis, un préau, un espace végétalisable et un grand garage à vélos. »

Au sein d'Anagram, une maison commune se présentant comme le « prolongement de la maison de chacun », permet d'accueillir les réunions des dix familles mais aussi des fêtes, des ex-positons d'objets d'art, de photo, des spectacles... « Si une famille veut fêter Noël et que le salon de son logement individuel est trop petit, elle peut organiser le repas dans la maison commune », cite à titre d'exemple Odile Guillemot.

Outre le lien social, la mutualisation des coûts est évoquée dans certains cas. Pierre-Yves a pu acheter un appartement abordable en 1987 grâce à « l'effet groupement d'achats » comme ils étaient quatre familles à acheter un habitat participatif. « On peut mutualiser l'usage de la tondeuse à gazon par exemple mais aussi les gardes d'enfants ainsi que les savoir-faire: si on a un problème de plomberie, on sait à qui s'adresser », mentionne Odile Guillemot.

Une alternative aux Ehpad

Si le concept d'habitat participatif est régulièrement associé aux soixante-huitards, cette tendance touche différentes catégories sociales d'âges divers même si « on note une forte prédominance du public sénior dans cette forme d'habitat: entre 50 et 60% de séniors, proches de la retraite ou à la retraite qui se demandent comment vais-je vivre plus tard? Ils recherchent des habitats moins grands maintenant que leurs enfants sont partis du foyer familial et cherchent à lutter contre l'isolement. C'est une alternative aux Ehpad qui permet de monter des projets intergénérationnels» , explique Ludovic Parenty. C'est le cas de Pierre-Yves, 66 ans, qui a souhaité anticiper la question du vieillissement: « Je vivais dans un appartement avec un escalier. Mes besoins changent donc je change d'habitat », avance-t-il.

Trouver un lieu serait le plus compliqué, surtout dans les grands centres urbains. Certaines collectivités lancent des appels à projets et réservent du foncier pour les habitats participatifs comme Strasbourg, Grenoble, Lille, Nantes ou Montreuil. Il faut ensuite compter quatre ans en moyenne pour que le projet se concrétise: cinq en zone urbaine dense et trois ans environ en zone rurale. Un projet au long cours pour lequel il faut s'armer de patience.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / KEVIN DIETSCH )
    information fournie par Boursorama avec AFP 23.10.2025 14:02 

    Le conglomérat industriel américain Honeywell a dévoilé jeudi des résultats supérieurs aux attentes au troisième trimestre, portés en particulier par la demande pour les technologies aérospatiales, et a relevé dans la foulée ses prévisions pour 2025. Sur cette ... Lire la suite

  • Le règlement de copropriété prime pour savoir quand le chauffage doit être rallumé. (illustration) (RI / Pixabay)
    information fournie par Boursorama avec Newsgene 23.10.2025 12:44 

    Alors que les températures ont chuté après un mois de septembre exceptionnellement doux, certains Français ont relancé le chauffage. Dans une copropriété, les habitants ne peuvent cependant pas décider eux-mêmes. C'est le règlement de copropriété qui prime. Après ... Lire la suite

  • Des députés proposent que les nouveaux propriétaires bailleurs puissent déduire chaque année du montant de leurs revenus locatifs 3 % du prix d’achat du bien. (illustration) (Sephelonor / Pixabay)
    information fournie par Boursorama avec Newsgene 22.10.2025 13:21 

    Des députés ont déposé des amendements proposant un nouveau statut fiscal pour les bailleurs privés. Mais ils ont été rejetés par la commission des finances. Le nouveau ministre du Logement, Vincent Jeanbrun, a promis d’intégrer la création d’un statut fiscal du ... Lire la suite

  • SOFIDY
    information fournie par Sofidy 22.10.2025 12:04 

    La SCPI Immorente de Sofidy réalise une nouvelle acquisition d'un immeuble de bureaux en plein cœur de Lille, au pied des deux gares Lille-Flandres et Lille-Europe, d'une surface de 3 327 m², dans un emplacement privilégié. Cet investissement, intervenant quelques ... Lire la suite

Pages les plus populaires