
Faux mais stylés : la success story des “dupes” sur les réseaux sociaux / iStock.com - Sergey Nazarov
La frontière subtile séparant le « dupe » de la contrefaçon
La contrefaçon reproduit un article de façon quasi identique en usurpant sa marque, son logo, son brevets ou encore son design. Le dupe, lui, se contente de s’en inspirer ! Il joue sur la similarité d’usage ou d’apparence, mais reste identifiable comme un produit distinct. Il porte ainsi un nom, un packaging et une identité qui lui sont propres, quand bien même évoque t-il un article plus prestigieux. Cette pratique, courante dans le domaine de la mode, ou de la beauté (et même de l’alimentation, des produits de distributeurs imitant les grandes marques), permet à l’inspiration de circuler librement, tant qu’elle ne franchit pas les limites juridiques fixées par les droits de propriété intellectuelle. Ainsi, tout l’art du dupe est de proposer une alternative très proche à un produit luxueux, sans pour autant violer ses droits (copyright, brevet, logo, etc.). Le fabricant s’inspire, mais vend ouvertement son produit sans chercher à tromper le consommateur... Ce qui exempte les deux parties de toute responsabilité pénale, le produit acquis n’ayant pas une origine frauduleuse.
Luxe démocratisé ou illusion d’accessibilité ?
Porté par les réseaux sociaux - Instagram, TikTok, Pinterest, etc.- l’usage du dupe a explosé. Mais le fait le plus marquant est la banalisation et la légitimation du phénomène. Afficher une imitation de produit de marque prestigieuse n’est plus honteux, c’est tendance ! Selon une étude de Business Insider, 60 % des consommateurs de la génération Z recherchent ainsi activement des dupes avant un achat important. Pour 57 % d’entre eux, l’achat se fera via des plateformes comme Shein, Temu ou AliExpress, tandis que 48 % utiliseront des sites de seconde main comme Vinted ou Leboncoin. S’il favorise une démocratisation de l’esthétique et du style, en permettant aux jeunes ou aux plus modestes d’accéder à des produits inspirés du luxe sans en payer le prix fort, le phénomène possède également son lot de répercussions négatives... Outre la perte de revenus (parfois significative) subie par les grandes marques, la pratique comporte aussi des risques sanitaires et réglementaires. En effet, nombre de dupes sont conçus et fabriqués hors du cadre réglementaire européen. L’absence de traçabilité et de contrôle qualité rend leur sécurité incertaine. La santé des consommateurs peut ainsi, parfois, être mise en péril notamment si le dupe contient des substances toxiques ou des agents pathogènes.