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Viols de Mazan: peine alourdie réclamée pour un accusé à la "pensée d'un autre âge"
information fournie par AFP 09/10/2025 à 13:16

Le procureur Dominique Sie lors du procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )

Le procureur Dominique Sie lors du procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )

Au terme d'un réquisitoire puissant, l'avocat général a réclamé jeudi une peine alourdie contre le seul accusé des viols de Gisèle Pelicot à avoir maintenu son appel, coupable selon lui d'avoir participé à "une oeuvre de destruction massive d'une femme livrée en pâture".

Dominique Sié a demandé 12 ans de prison contre Husamettin Dogan, soit trois ans de plus que les neuf ans auxquels l'a condamné en décembre la cour criminelle du Vaucluse. La même peine avait alors été requise.

"Désespéré" par l'attitude constante de cet ex-ouvrier de 44 ans, qui nie toute intention de viol, l'avocat général a lancé: "Tant que vous refuserez de l'admettre, ce n'est pas seulement une femme, c'est tout un fonctionnement social sordide que vous cautionnez" et "il reste à faire évoluer pour vous, et pour la société, la culture du viol en culture du consentement".

Car, pour Dominique Sié, ce dossier "est une prise de conscience collective sur un fonctionnement social archaïque, destructeur, qui fait de l'homme, le mâle, le centre de l'univers. Qui fait que quand l'homme est d'accord, la femme est d'accord, elle n'a pas son mot à dire".

L'accusé Husamettin Dogan arrive au palais de justice de Nîmes pour le procès en appel des viols de Mazan, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )

L'accusé Husamettin Dogan arrive au palais de justice de Nîmes pour le procès en appel des viols de Mazan, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )

C'est "la société dans son ensemble qui doit changer de prisme", a-t-il estimé. Il n'y a pas de consentement par procuration comme l'a soutenu l'accusé, affirmant avoir été piégé par Dominique Pelicot.

"Bien sûr que Mme Pelicot n'était pas consentante" et "c'est désespérant" d'avoir entendu Husamettin Dogan continuer de nier l'intention de violer malgré la diffusion de vidéos accablantes que la cour d'assises d'appel du Gard a pris "de plein fouet, dans un silence de mort" et qui ont montré "ce qu'il y a de plus sordide, avilissant pour la femme", a poursuivi le représentant de l'accusation.

"On ne peut pas en 2025 considérer que parce qu'elle n'a rien dit, elle était d’accord. Car là, on se situe dans un mode de pensée d’un autre âge!".

- Jurés populaires -

La défense, elle, ne s'est pas départie de sa ligne périlleuse, soutenant la thèse que leur client avait cru à un scenario libertin. Et "dans libertin, il y a liberté: tout est envisageable, tout est transgressable", a plaidé Me Jean-Marc Darrigade.

Sa consoeur Me Sylvie Menvielle a réaffirmé que l'accusé a été piégé par Dominique Pelicot, demandant: "Comment peut on se libérer de la manipulation, quand le peut-on ?".

Rappelant qu'Husamettin Dogan n'était jamais retourné au domicile des Pelicot contrairement à d'autres hommes, revenus plusieurs fois pour violer Mme Pelicot, ils ont à nouveau plaidé "l'absence d'intention de M. Dogan de commettre un viol".

À l'issue de quatre jours d'audience à Nîmes, ce père d'un enfant handicapé, risque jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle pour "viols aggravés".

Gisèle Pelicot (c) et son fils Florian Pelicot (g) entrent dans la salle d'audience pour assister au procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Christophe Simon )

Gisèle Pelicot (c) et son fils Florian Pelicot (g) entrent dans la salle d'audience pour assister au procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Christophe Simon )

Une peine cependant peu probable car elle le mettrait sur le même pied que Dominique Pelicot, qui droguait celle qui est devenue un symbole mondial des violences sexuelles faites aux femmes, avant de la livrer à des inconnus recrutés sur Internet.

Après les derniers mots de l'accusé en début d'après-midi, la cour composée d'un jury populaire de cinq hommes et quatre femmes et de trois magistrats partira délibérer pour un verdict attendu dans l'après-midi.

Lors du premier procès, la cour criminelle était composée uniquement de magistrats professionnels, une différence notable avec ces jurés populaires, qui devront tenir à distance "les réseaux sociaux qui s'agitent" et ne pas faire "un remake du procès de Mazan", leur a rappelé l'avocat général.

En décembre à Avignon les 49 autres condamnés avaient été condamnés à des peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à 15 ans pour un homme venu à six reprises au domicile du couple à Mazan (Vaucluse).

Gisèle Pelicot (c) et son fils Florian Pelicot (d) s'installent dans la salle d'audience pour assister au procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )

Gisèle Pelicot (c) et son fils Florian Pelicot (d) s'installent dans la salle d'audience pour assister au procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 9 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )

Mercredi lors de leur plaidoirie, les avocats de Gisèle Pelicot avaient estimé que "la peine est à revoir" car "une victime endormie, on n'y touche pas", selon Me Antoine Camus.

"Après le parcours du combattant mené par Gisèle Pelicot, on espère que ce jury dira haut et fort qu'en France, les droits de l'homme sont aussi ceux de la femme, que le consentement ne se recueille pas auprès du mari, qu'un acte sexuel imposé à un corps endormi est un viol", avait-il ajouté.

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