par Heather Timmons et David Lawder
La vice-présidente Kamala Harris a annoncé un ensemble de propositions économiques destinées à réduire le coût de la vie pour les classes les moins privilégiées de la population américaine et à soutenir l'économie dans son ensemble via des avantages fiscaux et d'autres mesures fiscales.
Certaines des idées de la candidate démocrate à l'élection présidentielle du 5 novembre s'appuient sur la politique économique du président Joe Biden, avec toutefois une portée élargie.
Voici les principaux projets communiqués par Kamala Harris.
AIDES À L'INDUSTRIE
Kamala Harris a promis fin septembre de nouvelles aides fiscales pour favoriser la production industrielle aux Etats-Unis et investir dans des secteurs qui vont, a-t-elle dit, "définir le siècle prochain", comme la biofabrication, l'aérospatiale, l'intelligence artificielle, l'informatique quantique, l'énergie nucléaire de pointe et les batteries.
Elle a aussi exprimé sa volonté de renforcer l'emploi syndiqué dans des industries traditionnelles telles que le métal et le charbon, entre autres, sans préciser l'ampleur des investissements envisagés.
La vice-présidente démocrate a promis par ailleurs des investissements dans la recherche technologique de base, via la Fondation nationale des sciences et d'autres institutions.
Elle prévoit également d'alléger les formalités administratives pour accélérer la construction de nouvelles infrastructures aux Etats-Unis et favoriser les projets industriels. Elle entend renforcer la capacité américaine à traiter les minéraux critiques pour moins dépendre des approvisionnements en provenance de Chine.
IMPÔTS SUR LA FORTUNE
Comme l'avait fait Joe Biden, Kamala Harris a promis de ne pas augmenter les impôts pour les ménages américains dont les revenus annuels sont inférieurs à 400.000 dollars.
Elle a discrètement repris la plupart des hausses d'impôts formulées dans la proposition budgétaire de Joe Biden pour l'exercice fiscal 2025, qui prévoit près de 5.000 milliards de dollars d'impôts supplémentaires sur dix ans. Le taux d'imposition pour la tranche de revenus la plus élevée serait porté à 39,6%, contre 37%.
Parmi les mesures figure un nouveau seuil minimal d'imposition de 25% pour les fortunes dépassant les 100 millions de dollars, qui concerne également les plus-values latentes.
Kamala Harris propose que, pour ceux dont les revenus annuels dépassent un million de dollars, le taux d'imposition des gains en capital à long-terme versés après la vente d'actifs - comme des actions – soit relevé à 28%, au lieu des 20% actuels.
TAXATION DES ENTREPRISES
Kamala Harris souhaite augmenter à 28% le taux d'imposition des entreprises, effaçant en partie l'allègement fiscal mis en place par son rival républicain Donald Trump, lequel a abaissé en 2017, lors de la première année de son mandat présidentiel, le taux d'imposition des sociétés de 35% à 21%.
D'après des experts, cela permettrait au gouvernement fédéral de récolter 1.000 milliards de dollars sur une période de dix ans, mais Wall Street prévient que les bénéfices des entreprises vont être rognés.
Les grandes entreprises américaines versent un taux d'impôt effectif situé en moyenne à 16%, bien inférieur à leurs concurrents étrangers, montre une analyse de Reuters.
Une quelconque réforme de l'imposition des entreprises devra être approuvée par le Congrès.
CRÉDIT D'IMPÔT POUR LES FAMILLES
Kamala Harris a repris une proposition de Joe Biden destinée à restaurer une mesure d'aide aux familles déployée pendant un an lors de la crise sanitaire du COVID : un crédit d'impôt allant jusqu'à 3.600 dollars annuel par enfant, contre 2.000 dollars actuellement et 1.000 dollars au-delà de 2025 aux termes de la loi actuelle. Elle a également proposé un crédit unique de 6.000 dollars pour les nouveaux-nés.
Si le colistier de Donald Trump, le sénateur JD Vance, a évoqué l'idée de relever le crédit d'impôt familial à 5.000 dollars par an, il ne s'agit pas d'une mesure figurant officiellement dans le programme du candidat républicain.
LOGEMENTS ABORDABLES
Kamala Harris a présenté un projet pour accélérer les nouvelles constructions et baisser les coûts immobiliers pour les acheteurs et les loueurs, principalement via des avantages fiscaux, tels des crédits d'impôt pour les entreprises construisant des maisons pour des premiers acheteurs et des appartements à loyer modéré. Elle veut également offrir une prime de 25.000 dollars pour aider les primo-accédants à verser un acompte au cours des quatre prochaines années.
La vice-présidente démocrate propose par ailleurs un "fond d'innovation" de 40 milliards de dollars pour encourager les gouvernements locaux à bâtir davantage de maisons abordables, revoyant à la hausse une idée de Joe Biden.
Les prix de l'immobilier ont grimpé de 50% au cours des cinq dernières années aux Etats-Unis, tandis que les loyers ont progressé de 35%, selon la firme spécialisée Zillow, une situation expliquée principalement par la pénurie de logements.
Kamala Harris a fixé pour objectif d'accélérer les constructions immobilières, avec trois millions d'unités de plus que prévu initialement lors des quatre prochaines années.
CRÉDIT D'IMPÔT POUR LES PME
Marquant un contraste avec le programme économique de Joe Biden, Kamala Harris veut porter jusqu'à 50.000 dollars, contre 5.000 actuellement, l'aide au démarrage des petites sociétés afin de soutenir les entrepreneurs.
D'après les données de l'agence fédérale indépendante des PME, les 33 millions de petites entreprises américaines sont à l'origine de 70% des nouveaux emplois nets créés depuis 2019.
SERVICES À L'ENFANCE
"Mon projet est qu'aucune famille, aucune famille active, ne verse plus de 7% des revenus du foyer pour la garde d'enfants", a déclaré Kamala Harris en septembre. Le coût de garderie s'élève actuellement par enfant à 19,3% du revenu médian des familles, selon des données du département du Travail.
Le pourcentage évoqué par la vice-présidente démocrate fait référence à un programme qu'elle a mis en avant et qui vient actuellement en aide à environ un million d'enfants de familles défavorisées.
Aucune précision n'a été donnée par la campagne Harris sur la mise en place d'un tel projet.
PRIX DES COURSES ALIMENTAIRES
Kamala Harris promet de promulguer une loi fédérale inédite "contre les prix excessifs de la nourriture et des courses", avec pour objectif d'empêcher les géants alimentaires d'abuser des consommateurs pour engranger des bénéfices excessifs.
Ce qui est "excessif" reste à définir, mais certaines propositions formulées par le Sénat montrent qu'une voie est possible pour avancer sur une telle mesure.
VOIR AUSSI
Baisses d'impôts, droits de douane: les projets économiques de Donald Trump
(version française Jean Terzian, édité par Blandine Hénault)
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