Les Bleus de Fabien Galthié, régulièrement décevants lors des matchs décisifs, jouent gros ce samedi à Dublin. Concrétiser enfin les attentes ou ouvrir la porte aux questionnements.
Bon, disons-le sans détour : il est temps de passer aux actes. De concrétiser les discours ambitieux, voire bravaches, d’avant-chocs. D’en finir avec les attentes déçues, les excuses d’après échecs. Il y a eu les fameux, et fumeux, « expected points », cet algorithme assurant à Fabien Galthié que ses Bleus auraient dû marquer plus que les Springboks en quart de finale de la Coupe du monde . Il y a eu, il n’y a pas si longtemps, un mois tout pile, ces quatre en-avant inexplicables pour une nouvelle désillusion, Grand Chelem envolé d’un petit point en Angleterre . « Le même scénario qu’il y a deux ans. Sauf qu’on marquait », s’est lamenté le sélectionneur, se référant au triomphe de 2023 (10-53).
Toujours une bonne raison pour ne pas remporter le match qui compte vraiment. À part 2022 et son Grand Chelem prometteur, le grand jour se fait toujours attendre. La litanie plombe le moral. Tournoi 2021, une chute en Écosse, la faute au carton rouge du boxeur “Momo” Haouas. Tournoi 2022, rebelote, encore contre l’Écosse, cette fois c’est Brice Dulin qui oublie de dégager un ballon dans les arrêts de jeu. 2023 ? Défaite en Irlande.
En cinq Tournois des six nations disputés sous l’ère Galthié, c’est un seul sans-faute pour quatre deuxièmes places. Presque. Mais, presque, ça ne veut rien dire. Ça ne donne pas des lignes supplémentaires au palmarès d’un XV de France, qui végète depuis 2010. En quinze ans, seul le Grand Chelem de 2022 est venu s’ajouter, bien maigre moisson.
Les Irlandais perdent rarement à domicile
Car, faut-il le préciser, à part flatter l’ego, ça ne compte pas non plus d’être champion du monde des matchs amicaux ces dernières années, de battre les All Blacks ou les Springboks à domicile chaque automne . D’autant plus quand on ne daigne pas envoyer son équipe premium se jauger, l’été, dans l’hémisphère Sud. De vrais tests de caractère et de talent esquivés, une fois encore en juillet prochain en Nouvelle-Zélande…
Alors ? Le Grand Chelem s’est certes évaporé à Twickenham. Mais il reste un beau lot de consolation à aller chercher. Un exploit à Dublin pour rêver de la première place du Tournoi, dans une semaine, au Stade de France, face à l’Écosse. Pas évident, on vous l’accorde. Le XV du Trèfle n’a perdu que 2 de ses 31 derniers matchs à domicile. Il a réussi le Grand Chelem en 2023 et a remporté le Tournoi en 2024. Les Irlandais sont également les derniers en lice pour réaliser un nouveau Grand Chelem cette année . Qui serait synonyme de troisième victoire consécutive, une passe de trois inédite dans toute l’histoire du Tournoi.
C’est bien pour cela, justement, que l’heure est venue d’enfin concrétiser les promesses, d’affirmer le statut de nation majeure, bref de rêver en grand pour de bon. « Si on peut éviter de finir une cinquième fois deuxièmes , grommelle Grégory Alldritt, conscient de l’enjeu. C’est surtout ça qui nous anime et nous motive. » Se confronter aux meilleurs et les battre pour se prétendre à son tour les meilleurs. C’est aussi simple que cela. Fabien Galthié le sait. Il est attendu au tournant. Le choix est restreint. S’imposer, se targuer d’un match référence et faire taire les critiques qui montent. Ou perdre encore une fois et être remis en question comme jamais depuis le début de son mandat.
Le sélectionneur sent la menace se rapprocher. Assure s’en moquer, mais on n’est pas obligé de le croire. « Vous parlez déjà des conséquences d’un match alors qu’on ne l’a pas encore joué. Jouons-le avec plaisir, avec joie, avec liberté et avec ambition, et on commentera ensuite. Je sens que vous aurez beaucoup de questions en fonction du résultat. Pas de problème… » Cabot, une fois de plus. En prenant soin, toutefois, de déjà ouvrir le parapluie.
En conférence d’avant-match, il a lancé un appel vibrant (et déplacé ?) au corps arbitral . « On attend un arbitrage déterminant. On a besoin d’une grande équité sur les points clés, surtout dans la lecture du jeu au sol. On a besoin de se sentir à l’aise dans ce contexte fantastique de l’Aviva Stadium. Ce sera la clé. » Et l’excuse toute trouvée en cas de nouvelle déconfiture ?
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