Interrogé sur les énièmes tractations pour trouver une issue à la crise politique, le président du Medef appelle les responsables politiques à ne pas "acheter" quelques mois de répit au prix d'un alourdissement considérable de la dette du pays.

Patrick Martin, le 24 juin 2025, à Paris ( AFP / ALAIN JOCARD )
"Est-ce que l'avenir du pays doit être suspendu à des échéances électorales"? Au lendemain de l'interview de Sébastien Lecornu, qui a jugé qu'il faudra "trouver un chemin pour que le débat ait lieu" sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites, le président du Medef a dit son opposition à une telle piste, mettant en avant les conséquences sur l'activité en France.
"Si c'est acheter de la stabilité au prix d'un alourdissement considérable de l'endettement du pays et de la remise en cause de sa croissance et de son pouvoir d'achat pour acheter deux mois trois mois de stabilité, je dis non! Il ne faut pas toucher à cette réforme, qui n'a pas été demandée par le patronat, mais que nous trouvons juste", a t-il déclaré à l'antenne de France Inter , jeudi 9 octobre. Il a par ailleurs estimé que le Premier ministre démissionnaire avait évoqué "probablement pas innocemment" un coût de 3 milliards d'euros d'euros en 2027, année de la prochaine élection présidentielle.
Patrick Martin rappelle ainsi les "70 milliards de déficit cette année", l'explosion du taux d'emprunt de la France, "le niveau de prélèvements obligatoires le plus élevé au monde", ou les 3.345 milliards d'euros de dette, détenue majoritairement par des étrangers. "Nous sommes très réticents à ce que cette réforme soit suspendue, a fortiori abrogée : les chiffres parlent d'eux mêmes !", résume t-il.
Une "potion amère" en 2026
Le patron du Medef déplore que la réforme soit utilisée comme élément de négociation, avec les prochaines élections dans le viseur. "Notre horizon, il est bien au-delà de 2027! La vie des Français ne s'arrête pas en 2027 !", a t-il lancé, pointant les difficultés des petits patrons dans le contexte économiques, et les quelques 69.000 défaillances d'entreprises qu'anticipent l'observatoire BPCE pour l'année 2025.
"Nous on est pas dans un monde virtuel ! Moi, mon entreprise devrait être bicentenaire dans quelques années. Mon horizon, c'est pas les municipales, c'est pas la présidentielle de 2027, qui sont des échéances démocratiques importantes, j'en conviens. Il faut qu'on lève le nez du guidon et qu'on dise les choses!", a t-il insisté.
Concernant le prochain budget pour 2026, Patrick Martin a dénoncé "un flou savamment entretenu sur la potion amère qui va être réservée aux entreprises et aux ménages" . Il a par ailleurs dit craindre qu'"avec ce qui se trame, on doive reconvoquer" le meeting patronal que le Medef avait prévu le 13 octobre avant de l'annuler cette semaine. Celui-ci était boudé par les deux autres organisations patronales, la CPME et l'U2P.
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