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Rendez-vous à New Delhi pour un monde de l'aérien bousculé par Trump
information fournie par Boursorama avec AFP 30/05/2025 à 14:00

( AFP / MONEY SHARMA )

( AFP / MONEY SHARMA )

Record de passagers, comptes revenus dans le vert après le Covid-19: le transport aérien semblait reparti pour un cycle de croissance, mais les guerres commerciales lancées par Donald Trump ont fragilisé ces perspectives.

A quel point? La réunion annuelle de l'Association internationale du transport aérien (Iata) pourrait permettre d'y voir plus clair, de dimanche à mardi à New Delhi, où quelque 1.700 professionnels, dont de grands patrons, sont attendus.

L'Iata, qui fédère quelque 350 compagnies représentant 80% du trafic aérien mondial, va mettre à jour lundi ses prévisions de rentabilité et de trafic.

En décembre, l'organisation avait dit tabler pour 2025 sur un record de 5,2 milliards de voyages aériens, en hausse de 6,7% par rapport à 2024, déjà une année sans précédent. Elle voyait les transporteurs engranger 36,6 milliards de dollars de bénéfice net cumulé, sur un chiffre d'affaires dépassant 1.000 milliards.

- Guerres commerciales -

Mais le retour de M. Trump à la Maison Blanche, en janvier, a potentiellement rendu ces prévisions obsolètes, en raison d'abord des effets de ses coupes dans le budget fédéral.

Depuis quelques mois, le marché du transport aérien nord-américain, qui représente 23% du trafic planétaire, a commencé à se replier. Plusieurs compagnies établies aux Etats-Unis ont prévenu qu'elles n'atteindraient pas leurs objectifs financiers.

"Le secteur aérien est toujours sensible à la conjoncture économique et à la conjoncture politique", explique à l'AFP Paul Chiambaretto, professeur de stratégie et marketing à la Montpellier Business School: "Toute forme d'incertitude va réduire le trafic, en particulier celui des voyageurs d'affaires", le plus rentable.

L'Iata elle-même a noté "des signes de fragilité dans la confiance des consommateurs et des entreprises" aux Etats-Unis. Son directeur général Willie Walsh a déploré jeudi "une faiblesse persistante du marché intérieur américain et une chute brutale des voyages en classe supérieure en Amérique du Nord", contrastant avec le reste du monde, largement dans le vert depuis le début de l'année.

M. Trump a lancé une offensive mondiale de droits de douane le 2 avril mais la situation reste très volatile: outre un report d'une partie des surtaxes à début juillet, suspendues à des négociations avec les pays visés, un tribunal américain a contesté mercredi à la Maison Blanche le pouvoir d'imposer de telles mesures. Puis, quelques heures plus tard, une cour d'appel a maintenu les droits de douane, le temps de se prononcer sur le fond.

Secteur mondialisé par excellence, le transport aérien a bénéficié de la levée des taxes à l'importation et de l'augmentation du niveau de vie, en particulier en Asie: le nombre de voyages en avion a triplé dans le monde depuis l'an 2000.

A l'inverse, le retour du protectionnisme met en danger le modèle des constructeurs aéronautiques, dont les chaînes d'assemblage mobilisent des fournisseurs dans le monde entier. Leurs coûts risquent d'augmenter et d'affecter les transporteurs.

Côté voyageurs, les tensions entre Etats peuvent dissuader une partie de la clientèle, et les arrivées aux Etats-Unis seront scrutées de près cet été.

"Aujourd'hui, les réservations sur l'Atlantique Nord sont plus faibles que ce qu'elles étaient à la même date l'année dernière", signale Didier Bréchemier, expert du secteur aérien chez Roland Berger.

- L'environnement moins prioritaire? -

Bonne nouvelle tout de même pour les transporteurs: la chute des cours du pétrole, conséquence d'un ralentissement anticipé de la croissance économique, leur permet d'envisager un allègement de centaines de millions de dollars de leur facture de carburant, qui représente entre un quart et un tiers de leurs coûts opérationnels.

La nouvelle administration républicaine soutient tous azimuts le développement des énergies fossiles, à rebours de celle du démocrate Joe Biden qui avait subventionné les carburants d'aviation renouvelables. Les compagnies se sont engagées à ne plus contribuer au réchauffement climatique à l'horizon 2050 et comptaient surtout sur ces produits "verts" pour y parvenir.

L'Inde connaît une croissance explosive de son secteur aérien, avec un doublement du nombre d'aéroports et de passagers depuis dix ans. Preuve de l'attention que le gouvernement y accorde, le Premier ministre Narendra Modi a prévu de s'adresser lundi après-midi aux délégués, a indiqué vendredi l'Iata.

Mais le pays, après ses récents échanges de tirs meurtriers avec le Pakistan, a aussi illustré la fragilité de l'aviation civile face aux soubresauts géopolitiques, des compagnies ayant dû éviter l'espace aérien des belligérants.

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