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Procès Péchier: syndrome rarissime ou empoisonnement, une double énigme médicale à la barre
information fournie par AFP 09/10/2025 à 18:58

Frédéric Péchier, le 9 septembre 2025, à Besançon ( AFP / SEBASTIEN BOZON )

Frédéric Péchier, le 9 septembre 2025, à Besançon ( AFP / SEBASTIEN BOZON )

Syndrome rarissime, ou intervention malveillante ? La cour d'assises du Doubs, qui juge l'ancien anesthésiste Frédéric Péchier pour 30 empoisonnements, a remonté le temps jeudi pour tenter d'expliquer les arrêts cardiaques de deux patients en 2009 dans une clinique de Besançon.

A l'époque des faits, les accidents cardiaques particulièrement surprenants ayant frappé ces deux patients, Eric Gendronneau et Sylvie Gaillard, à 19 jours d'écart en septembre 2009, avaient été imputés à un syndrome de Tako-Tsubo.

"Un Tako-Tsubo, c'est le cœur qui crampe", à cause d'un excès d'adrénaline provoqué par le stress, a expliqué à la barre le directeur d'enquête Olivier Verguet. "C'est un phénomène d'une rareté absolue", a-t-il insisté.

Les deux patients, alors âgés de 49 et 41 ans, survivront. Et c'est bien plus tard, après l'ouverture d'une enquête en 2017 concernant d'autres arrêts cardiaques dans la même clinique Saint-Vincent, que les policiers envisageront l'hypothèse d'un empoisonnement par Frédéric Péchier. L'accusation lui en impute 30 au total, dont 12 mortels, entre 2008 et 2017.

Dans le cas de M. Gendronneau, un anesthésique local (un poison potentiel) sera retrouvé dans une poche de perfusion utilisée ce jour-là au bloc opératoire. Mais l'anesthésiste en charge du patient, Martial Jeangirard, a affirmé jeudi devant la cour qu'il ne l'avait pas utilisée pour ce patient.

"Il n'y a rien dans ce dossier", tance l'avocat de la défense, Randall Schwerdorffer. Pour que la thèse de l'empoisonnement tienne, "il aurait fallu que Frédéric Péchier entre dans le bloc" quand le Dr Jeangirard en était sorti, et "qu'il mette cette poche-là, sans que les infirmières le voient", un scénario invraisemblable selon lui.

Après l'arrêt cardiaque, Martial Jeangirard a raconté qu'il avait appelé à l'aide son collègue Frédéric Péchier, alors "au top de la réanimation" et qui "s'était créé un vrai personnage charismatique de sauveur".

Ce dernier "m'a pris dans les bras et m'a dit: +Tu sais mon gars, quand on a un problème comme ça, il faut rentrer chez soi et se reposer. T'inquiète, je m'occuperai de tes patients+", s'est souvenu le praticien. "Sur le coup j'ai trouvé ça très sympa, maintenant, je trouve ça traitre", a poursuivi le médecin qui pense désormais l'accusé coupable.

Selon l'accusation, l'un des mobiles présumés de Frédéric Péchier pour empoisonner des patients aurait été de nuire à des collègues anesthésistes avec lesquels il avait des différends.

Or, avant ces événements de 2009, le Dr Péchier était parti travailler quelques mois dans une autre clinique, ce que le Dr Jeangirard lui avait reproché, a observé le directeur d'enquête. "Je ne comprends pas qu'on fasse la valse entre deux établissements", a confirmé le témoin.

"S'attaquer à un de vos patients, c'était une bonne manière de vous toucher ?", lui demande son avocat, Me Kevin Louvet. "Oui, là, c'était touché-coulé", répond l'anesthésiste, très éprouvé par cet évènement.

Interrogé par Me Schwerdorffer, Martial Jeangirard concède néanmoins qu'"à l'époque", il "s'entendait bien avec Péchier". "J'ai l'impression", abonde l'avocat, "je ne comprends toujours pas pourquoi il vous en aurait voulu".

"Je ne suis pas dans les méandres de son cerveau", répond le médecin. "Peut-être qu'il n'y en a pas", conclut le conseil, suscitant des sourires dans l'assistance.

Frédéric Péchier, qui a toujours clamé son innocence, comparait libre, mais risque la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict le 19 décembre.

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