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Planifier la transition écologique ?
information fournie par Le Cercle des économistes 29/08/2022 à 08:36

Philippe Trainar
Philippe Trainar

Philippe Trainar

CNAM

professeur titulaire de la chaire assurance

https://lecercledeseconomistes.fr/

(Crédits photo : Pexels - Pixabay )

(Crédits photo : Pexels - Pixabay )

Avec ses fortes chaleurs, sécheresses et incendies, l'été 2022 est présenté comme cas d'école du réchauffement climatique. Face à l'incontournable transition écologique, comment agir et trouver la solution optimale ? Philippe Trainar explique pourquoi, à ses yeux, la réponse est dans le libre marché et non la planification.

Peu de sujets auront fait couler autant d'encre que la transition écologique, et son corollaire, la transition énergétique. A bien des égards, la logorrhée qui en résulte se substitue à l'absence d'idées claires sur le sujet. De fait, la transition écologique est coincée entre les discours idéologiques, en général capturés par des intérêts économiques privés ou publics, et l'incapacité à imaginer ce que pourrait bien être une économie décarbonée.

Face aux imprécations bruyantes des apôtres de l'économie frugale, qui épatent par leur capacité à anticiper sur les énergies du futur, les propos de la Première ministre tranchent par leur sobriété et leur pertinence : « Nous ne ferons pas l'écologie contre l'économie. La transition ne devra jamais se faire au détriment des Français les plus fragiles ».

De fait, si nous savons où nous voulons aller (les Français ne veulent ni de la décroissance, ni d'un réchauffement climatique incontrôlé, ni d'une remise en cause de l'Etat-providence), nous ne savons en revanche pas, de science sûre, comment y parvenir. Et, pour combler ce vide, les politiques proposent ce qu'ils savent faire : planifier.

Mais la planification n'est efficace que si l'on sait à la fois ce que l'on veut et comment y parvenir. La planification soviétique, comme la planification française, nous ont montré leur pertinence pour rattraper l'économie américaine, qui était un objectif parfaitement connu. Encore ne nous ont-elles permis qu'un rattrapage très partiel, et insatisfaisant. Qu'en est-il quand la situation-cible est inobservable ou tout simplement inconnue, comme c'est le cas pour la transition écologique ? Il est probable que la planification dans le brouillard a toutes chances de nous faire perdre beaucoup de temps, d'énergie et de richesses.

Le dilemme "planifier ou ne rien faire" est un leurre

En tant que telle, la planification de la transition écologique, et plus particulièrement la planification de la transition énergétique, n'ont donc guère de sens économique. Nous n'avons aucun modèle auquel nous référer et les solutions sont toutes hypothétiques, techniquement comme économiquement. Alors, que faire dans une semblable situation ? En fait, c'est le dilemme « planifier ou ne rien faire » qui est un leurre, car il oublie le marché qui constitue, depuis l'origine, le moyen institutionnel connu et expérimenté dont nous disposons pour trouver la solution des problèmes sans solution évidente. Face aux imprécations de Malthus, c'est le marché, et non la morale, qui a trouvé la solution pour permettre à l'humanité d'échapper à la misère. Face aux imprécations communistes, c'est le marché, et non le socialisme, qui a trouvé la solution à l'augmentation du pouvoir d'achat des déshérités…

Face au défi climatique, c'est le marché, et non la planification, qui a la flexibilité et la profondeur nécessaire pour trouver la solution optimale en termes d'énergies alternatives et de décarbonation, que nous sommes raisonnablement incapables d'imaginer aujourd'hui. Mais, on nous objectera que le marché ne peut pas être pleinement efficient pour cela dans la mesure où il n'internalise pas les coûts des émissions de gaz à effet de serre pour la planète. C'est vrai et c'est là que l'Etat peut venir au secours du marché, en imposant un prix à l'émission de carbone, ou, à défaut, une taxe qui permette d'en internaliser le coût pour la société. Sur ce point, la planification peut apporter une plus-value ciblée, en fixant la trajectoire temporelle optimale du prix du carbone ainsi que la répartition optimale de la charge qui en résulte pour les ménages, sachant que les inégalités d'émissions de gaz à effet de serre reproduisent les inégalités de niveau de vie.

Dans ces conditions, le marché, et le marché financier plus particulièrement, seront pleinement en mesure de jouer leur rôle et de réallouer les capitaux vers les énergies alternatives ou les processus de décarbonation les plus prometteurs, tout en préservant les acquis économiques et sociaux des deux derniers siècles.

3 commentaires

  • 29 août 10:34

    Un peu à la traîne sur ce sujet ce M. Trainar...


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