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Macron et son gouvernement face à l'inconnue parlementaire
information fournie par Reuters 20/06/2022 à 20:55

MACRON ET SON GOUVERNEMENT FACE À L'INCONNUE PARLEMENTAIRE

MACRON ET SON GOUVERNEMENT FACE À L'INCONNUE PARLEMENTAIRE

(Actualisée avec réception à l'Elysée des chefs de parti)

par Sophie Louet et Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Le camp présidentiel affronte l'inconnu au lendemain d'un désaveu lourd de conséquences pour Emmanuel Macron, pris en étau entre l'alliance de gauche "Nupes" et un Rassemblement national au plus haut à l'Assemblée nationale, une situation inédite qui le contraindra à d'aléatoires coalitions de projet.

Si le camouflet est cuisant pour le chef de l'Etat, qui ne s'est pas exprimé depuis la déroute du second tour des élections législatives, le scénario est plus qu'inconfortable pour la Première ministre, Elisabeth Borne, qui se retrouve fragilisée faute de majorité absolue. Emmanuel Macron et la cheffe du gouvernement ont déjeuné ensemble lundi à l'Elysée.

Le président de la République recevra mardi et mercredi les chefs des formations politiques susceptibles de former un groupe à l'Assemblée nationale, a-t-on appris auprès de l'Elysée.

"Dès lors qu'il n’y a pas de majorité alternative, la question de la manière de mener les transformations nécessaires pour le pays est posée", précise-t-on dans l'entourage du président.

"C'est le sens de cette rencontre avec les forces politiques demain. Dialoguer, échanger pour l'intérêt supérieur de la Nation et bâtir des solutions au service des Français."

Des voix se sont déjà élevées lundi dans les rangs de l'opposition pour appeler à sa démission.

"Normalement, Mme Borne devrait partir. Le gouvernement tel qu'il était constitué ne peut plus fonctionner. (...) Elle n'a plus la légitimité politique pour gouverner", a estimé sur BFM TV le député Nupes-LFI Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon.

Selon les résultats officiels du ministère de l'Intérieur, "Ensemble" a obtenu 245 des 577 sièges à la chambre basse, devant Nupes (131 sièges), le Rassemblement national (89 sièges) et Les Républicains (61 sièges).

Dans cette configuration inédite sous la Ve République, trois groupes d'opposition - La France insoumise, le Rassemblement national et les Républicains - sont en mesure de déposer une motion de censure contre le gouvernement. L'article 49 de la Constitution prévoit qu'une telle motion est recevable si elle recueille la signature d'au moins un dixième des députés (soit 57,7, arrondi à 58).

REMOUS À GAUCHE

Le député Nupes-LFI Eric Coquerel avait évoqué dimanche soir sur France Info le dépôt d'une motion de censure le 5 juillet, jour de la déclaration de politique générale d'Elisabeth Borne.

"C’est une position de LFI qui n’a pas été concertée avec les autres députés la Nupes, elle ne concerne donc que LFI. À ce stade, il ne nous paraît pas opportun de se prononcer sur une telle initiative, avant toute discussion collective au sein de la Nupes", a déclaré lundi à Reuters la numéro deux du PS, Corinne Narassiguin.

Premiers flottements, mais premiers remous aussi au sein de l'alliance de gauche, provoqués par la proposition surprise de Jean-Luc Mélenchon de faire de la Nupes un seul et même groupe à l'Assemblée, à rebours des modalités de l'accord initial.

"C'est un élément de clarification qui s'impose dans le chaos qui s'annonce", a plaidé le chef de file de LFI, s'attirant un refus catégorique des autres composantes de la coalition.

La XVIe législature s'ouvrira le mardi 28 juin.

Les hostilités ont déjà commencé pour la présidence de la commission des Finances, traditionnellement dévolue à l'opposition. Elle est revendiquée par la Nupes et le RN.

Face aux risques de "blocage" de nouveau évoqués lundi par la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée circulait. Mais cette option n'est pas "sur la table actuellement", a précisé Olivia Grégoire sur France Inter.

"Ça reste toujours une possibilité constitutionnelle mais personne ne comprendrait qu'on décide de dissoudre l'Assemblée", a déclaré pour sa part sur la même station le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, qui était ministre des Relations avec le Parlement dans le précédent quinquennat.

LE RN EN FORCE

Pour Louis Aliot, maire RN de Perpignan, dissoudre l'Assemblée nationale ne serait "pas la meilleure chose à faire".

"Il va falloir qu'Emmanuel Macron montre sa capacité à gouverner dans l'adversité, et à tenir compte des oppositions dans le cadre du jeu démocratique", a-t-il souligné sur France Inter.

La France, comme s'en inquiètent plusieurs titres de la presse étrangère lundi, sera-t-elle ingouvernable?

"Cela va être compliqué", a concédé la porte-parole du gouvernement, qui a toutefois affirmé sa confiance en la possibilité d'alliances pour faire avancer les réformes voulues par le chef de l'Etat.

Le projet de loi sur le pouvoir d'achat annoncé par le gouvernement devrait constituer un premier test.

Pour éviter la "paralysie", Marc Fesneau a estimé que des coalitions de projets pourraient se former avec "les LR", "les socialistes au sein de la Nupes et en dehors". Un défi politique pour l'exécutif, qui a reporté une réunion de travail sur le "Conseil national de la refondation", prévue mercredi.

Revigorés par leur statut de force pivot, les Républicains ont réaffirmé lundi par la voix de leur dirigeant Christian Jacob leur ancrage dans l'opposition.

"Il n’est pas question ni de pacte ni de coalition ni d’accord de quelque nature que ce soit", a dit le président de LR à l'issue d'un conseil stratégique du parti, précisant que cette position était "quasi unanime".

"Nous présenterons à la fin de l’été ou à l’automne une série de propositions sur les différents sujets qui préoccupent les Français au quotidien", a-t-il précisé.

Marine Le Pen, qui quitte définitivement la présidence du RN pour celle du groupe à l'Assemblée, s'est engagée à une opposition "constructive", mais "sans connivence". Le RN revendique d'être le premier groupe d'opposition à l'Assemblée.

"Nous ne sommes pas des irresponsables, nous souhaitons faire avancer le débat", a abondé le député RN du Nord, Sébastien Chenu, sur RTL.

Mais pour la finaliste de l'élection présidentielle, comme pour les Insoumis à l'autre extrémité de l'échiquier politique, le projet phare de réforme des retraites d'Emmanuel Macron est "enterré".

S'agissant du paquet pouvoir d'achat, Louis Aliot a suggéré d'intégrer des mesures défendues par le RN, comme la baisse de la TVA. "Si demain le gouvernement accepte des amendements qui permettent d'aller en ce sens, je suis persuadé que mes collègues députés feront l'effort de voter".

(Sophie Louet, Elizabeth Pineau, Matthieu Protard, Marc Angrand, Myriam Rivet, Michel Rose et Nicolas Delame, édité par Jean-Michel Bélot)

11 commentaires

  • 21 juin 09:28

    Il ne faudrait pas que la foule s'en mêle en octobre


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