
Drapeau français sur ciel d'orage. (Crédits: Adobe Stock / image générée pa)
Ce lundi 8 septembre, nous avons le vote politique du parlement français, faute d'analyse et de prévision. Puis, le 12 septembre, Fitch nous répondra plus en détail, avec sa note sur la dette française. Il faudra attendre le 24 octobre pour Moody's, sachant que nous aurons eu entretemps les vues de deux agences moins importantes : le 19 septembre, avec le canadien DBRS et le 26 avec Scope, agence européenne de crédit. Avançons.
En faillite ? Avant-hier, non. Aujourd'hui, on joue gros jeu
Avant-hier, le 21 août, l'Agence France Trésor cherchait 5,1 milliards d'euros à 3 ans et 4 à 6 ans. Elle se voyait alors «offrir» respectivement 15,6 et 6,3 milliards, trois fois plus. Donc, tout allait assez bien ! «Assez», car cet afflux était lié à des taux plus élevés : il se faisait payer plus cher. C'était, alors, à 2,4% l'an pour 3 ans et 2,9% pour 6, sachant que l'inflation était à 0,9% en juillet. Le jeudi 4 septembre, les taux à 10 ans France étaient à 3,5%, italiens à 3,6% (avec une inflation à 1,7% dans le pays) et allemands à 2,7% (et une inflation à 2%). Ce même jour, le trésor français a cherché 7 milliards à 10 ans, pour 3,6% et 1,8 milliard à 30 ans, à 4,4%. Attention.
Après-demain, on verra
Car tout dépendra de la vision des acheteurs de «papier» du trésor, de leur vision à court terme tant elle est changeante, très politique. Une adjudication qui «se passe moins bien que la précédente» avec des exigences de rémunération plus élevées que lors de la précédente ou, pire, avec une baisse des demandes de bons du trésor suscitera une crise immédiate. Ce risque n'est pas vu par certains responsables politiques et économistes.
Ces derniers regardent, dans le passé, quand les poids de la dette dans le PIB étaient plus importants : il fallait remonter à 1940, ou bien, à la même date, à des taux supérieurs. Ce ne serait pas grave, mais c'est oublier que le monde entier s'endette toujours depuis et dispose de moyens électroniques ultra-rapides pour retourner à la liquidité. D'autres experts calculent un sentier d'endettement « optimal », avec une moindre réduction de dépenses, mais étalée dans le temps. Mais alors, le taux de chômage atteindrait 9% de 2027 à 2029 (OFCE, Policy brief n°146).
Certains politiques critiquent la dépendance de notre financement : 54,7% est en mains étrangères, contre, en mains françaises 9,8% dans les assurances, autant dans les banques, 1,7% dans les OPCVM et 24,4% chez d'autres détenteurs. Si l'on s'inquiète du fait que les non-résidents détiennent 52% des OAT, on ne parle jamais des 200 milliards de BTF, Bons du Trésor à Taux Fixe de moins d'un an détenus à 81% par des non-résidents, les plus volatiles.
Ce dont on ne parle pas
Dire que la situation budgétaire est très grave, ou non, que «c'est la faute» aux présidents Macron, Trump ou Poutine, à l'Europe à moins que ce ne soit celle de la responsabilité de chacun : le choix est large. Il explique les oppositions d'analyses ici, la violence des propos et l'appel au «dégagisme», comme si cacher un problème permettait de le résoudre.
Ce dont on ne parle pas, c'est de la signification de cette dette : nous investissons peu dans le changement, écologique et technologique, surtout pour financer la stabilité du système, retraites et fonctionnaires. Or, le nouveau monde dans lequel nous sommes bouleverse les organisations sociales qui, tant bien que mal, ont permis 80 ans de stabilité. La dette actuelle, c'est changer peu et jouer les prolongations. Impossible de continuer.
Passer au nouveau monde sera coûteux
La «bonne dette» se rembourse. Elle se fonde sur la révolution technologique, pour investir, former et gérer la transition, notamment démographique. Le budget actuel est myope, égoïste. Il en faut deux : un pour risquer et se lancer, un autre pour accompagner humainement le changement, avec l'abandon des vieilles techniques et la formation aux nouvelles. La faillite est évitable si on accepte de voir plus loin, pour tous réussir.
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