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L'État devrait-il augmenter le prix des médicaments génériques ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 16/01/2023 à 11:33

Les pénuries et les tarifs des vieilles molécules, délaissées par les laboratoires, fragilisent le modèle économique des fabricants de génériques.

Les laboratoires fabriquant des médicaments génériques s'inquiètent de leur modèle économique.  ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Les laboratoires fabriquant des médicaments génériques s'inquiètent de leur modèle économique. ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Des médicaments essentiels, mais abandonnés car peu rentables, et des pénuries qui s'aggravent : les laboratoires s'inquiètent. Pour lutter contre les problèmes d'approvisionnement, le Français Biogaran, laboratoire génériques du groupe Servier, va augmenter ses stocks de sécurité minimale de médicaments, passant de trois mois à trois mois en demi, voire quatre mois pour ses 900 références. C'est plus que ce qu'exigent les autorités sanitaires, qui fixent généralement à deux mois les stocks pour les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM). "Nous avons pris cette décision car il est de plus en plus difficile de prévoir la demande , et nous anticipons une année 2023 complexe, à mesure que les fabricants ont des difficultés à recevoir des intrants", les composants, explique le directeur général de Biogaran, Jérôme Wirotius, à l' AFP .

Tarifs peu attractifs pour les grands labos

Mais les stocks ne représentent qu'une partie du problème. Les industriels pointent aussi du doigt le prix peu élevé des molécules dites "matures" , dont le brevet est tombé dans le domaine public, souvent délaissées par les grands laboratoires au profit de médicaments beaucoup plus onéreux. Si le phénomène est mondial, les tarifs fixés par les autorités sanitaires en France sont particulièrement bas. Ainsi, une boîte d'antibiotiques est vendue quelques euros, bien loin des traitements de dizaines de milliers d'euros remboursés par l'Assurance maladie, ou pouvant dépasser le million d'euros dans le cas de thérapies géniques.

"Un flacon d'amoxicilline pédiatrique est vendu 76 centimes d'euros : avec l'inflation, pour chaque flacon vendu, nous perdons de l'argent" , précise Jérôme Wirotius. Selon une étude récente de l'association française des fabricants de génériques, le Gemme, la France serait même le pays le moins profitable des principaux marchés européens pour le secteur pharmaceutique.

L'Allemagne remonte les prix

Face à cela, "l'État gère les pénuries. Mais en amont, il y a ce problème de prix", explique Alexandre Williams, le PDG du laboratoire pharmaceutique Inpharmasci. "S'ils veulent survivre, les fabricants français doivent exporter". Il cite par exemple le cas d'un médicament qu'il produit comme sous-traitant. Celui-ci, vendu environ 5 euros en France, se monnaie 50 fois plus cher aux États-Unis . "Certains laboratoires internationaux vont prendre la décision de privilégier d'autres pays face aux prix faibles en France", confirme Jérôme Wirotius, de Biogaran, qui vend la quasi intégralité de ses médicaments sur le marché français.

En Allemagne, où le problème de pénuries se pose aussi, le gouvernement a récemment décidé de remonter le prix de certaines molécules . Au total, 180 médicaments seront concernés durant trois mois. Une solution temporaire à laquelle est favorable le DG de Biogaran. Son laboratoire a alerté l'État et envoyé une liste de 160 molécules essentielles fabriquées en France, et "pour lesquelles nous sommes passés en marge négative", alors que l'inflation alimente les coûts de production.

Rapatrier le paracétamol

Les industriels réclament aussi de ne plus être soumis à "la clause de sauvegarde" , un mécanisme de taxe qui concerne aussi bien les médicaments innovants très chers, que ceux vendus quelques centimes d'euros. Selon eux, cette clause risque de nuire à la souveraineté sanitaire de la France. Elle a été maintenue dans le dernier budget de la Sécurité sociale. Mais le gouvernement a par ailleurs investi, depuis la pandémie, dans la relocalisation de médicaments, avec des soutiens à de nombreuses entreprises pharmaceutiques, notamment pour rapatrier le principe actif du paracétamol. Le ministère de la Santé assure à l' AFP être "pleinement mobilisé" et "étudier toutes les pistes permettant de prendre des mesures adaptées".

"On doit être dans une logique d'anticipation plutôt que de réaction" , estime David Simonnet, PDG du groupe de principes actifs Axyntis, qui a bénéficié d'un financement de l'État pour rapatrier les principes actifs de la noradrénaline et l'adrénaline. Mais une fois qu'il a été décidé de fabriquer à nouveau une molécule, "cela prend deux à trois ans", rappelle-t-il, soulignant lui aussi l'importance d'un soutien des pouvoirs publics.

1 commentaire

  • 16 janvier 11:44

    OUI il faut augmenter le prix des génériques et des médicaments en général pour éviter que les groupes pharmaceutiques vendent toute leur production à l'étranger (car c'est plus rentable) et provoquent la pénurie en France.


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