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Joséphine Baker: une Vénus au Panthéon
information fournie par Le Particulier pour Conso 27/11/2021 à 08:30

L’artiste et résistante Joséphine Baker sera panthéonisée le 30 novembre 2021

L’artiste et résistante Joséphine Baker sera panthéonisée le 30 novembre 2021

Ce 30 novembre 2021, Joséphine Baker est devenue la 6ème femme à entrer au Panthéon. L'artiste s'est illustrée non seulement sur la scène du spectacle, mais également par sa bravoure durant la Seconde Guerre mondiale et ses engagements humanistes tout au long de sa vie. Cette franco-américaine savait aussi bien faire rire que séduire.

Joséphine Baker: l'incroyable trajectoire

Et de 6. Ce 30 novembre, l'artiste, militante antiraciste et Résistante Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon, devenant ainsi la 6ème femme à reposer sous la coupole du 5ème arrondissement de Paris. Une dernière demeure à la hauteur du parcours de celle qui possédait deux amours: son pays et Paris . Née à Saint-Louis en 1906 dans une famille pauvre, Freda Josephine McDonald vit dans un milieu très modeste. Son père, Eddie Carson, abandonne sa mère un an après sa naissance et tout au long de son enfance, la future Vénus noire, évolue entre l'école et les travaux domestiques qu'elle doit réaliser pour les plus aisés pour gagner un peu d'argent. La ségrégation raciale est la norme à l'époque et Joséphine n'échappe pas au racisme.

À 13 ans, elle se marie une première fois avec Willie Wells. Elle le quittera quelques années plus tard en lui fracassant une bouteille sur le crâne. Le caractère bien trempé de la jeune femme est déjà formé. Une seconde union suivra avant qu'elle ne quitte son époux pour tenter sa chance à Broadway à seulement 16 ans. Sans succès. Joséphine Baker rejoint alors une troupe de rue et c'est en intégrant, quelques années plus tard, le casting de la comédie musicale Shuffle Along qu'elle est repérée par Caroline Dudley Reagan. Cette dernière prépare un spectacle en France et embarque en 1925 la future icône de Paris sur le Berengria, direction Cherbourg.

Le succès Baker

Arrivée au Théâtre des Champs-Élysées, les premiers essais de Baker laissent la direction sur sa faim. Ces derniers échafaudent une Revue nègre et trouvent que la jeune danseuse américaine et sa troupe ne se moulent pas assez dans les clichés coloniaux de l'époque. Qu'à cela ne tienne, Joséphine Baker offre alors une version plus tribale d'elle-même, se produisant seins nus, dansant le Charleston avec une ceinture de banane autour de la taille. L'artiste joue néanmoins des codes coloniaux et très vite, la Revue Nègre prend des allures de satire de l'empire colonial français. Comme l'indique l'historien Pap Ndiaye, Joséphine Baker joue des stéréotypes exotiques et sexuels qu'elle véhicule. La star fait salle comble tous les soirs et contribue à populariser le jazz et la culture noire américaine. En quelques années, Paris l'adoube et elle devient la «Vénus noire». Elle signe un contrat avec le théâtre des Folies Bergères et participe au spectacle La Folie du jour. Ce tournant dans sa carrière marque ses débuts sur grand écran dans La Sirène des tropiques.

Une icône de l'amour

Joséphine Baker fait également chavirer les cœurs et l'on compte parmi ses conquêtes des grandes figures de l'art de l'époque. Colette, Georges Simenon, Frida Kahlo, ou encore l‘architecte Le Corbusier tombent sous le charme de son sourire ravageur. Christian Dior et Pierre Balmain adorent l'habiller et ses formes inspirent les peintres du mouvement cubiste. En 1937, elle obtient la nationalité française et épouse un jeune courtier, Jean Lion, avec lequel elle vivra au château des Milandes, en Dordogne. Dans le même temps, la jeune femme participe régulièrement à des distributions alimentaires aux plus pauvres dans les rues de Paris.

Joséphine Baker: une femme engagée

Au-delà de son succès, Joséphine Baker, est une femme engagée. Dès la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle dans la Résistance et œuvre pour les services secrets français en transmettant des documents lors de ses tournées en Afrique du Nord et dans le Levant. Elle donne également des spectacles pour soutenir le moral des soldats et devient pilote puis sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l‘armée de l'air. Une manière pour elle de remercier le pays qui l'a accueilli. Elle sera décorée, à la Libération, et obtient Légion d'honneur, de la Croix de Guerre et de la médaille de la Résistance.

La tribu arc-en-ciel

Le drame s'abat toutefois sur la vie de l'artiste deux ans après la fin de la guerre. Elle accouche en 1947 d'un enfant mort-né, fruit de l'union avec son nouveau compagnon Jo Bouillon. Joséphine Baker attrape une infection grave l'empêchant de donner naissance à un enfant. Qu'à cela ne tienne, elle décide d'allier maternité et engagement politique en fondant ce qu'elle appelle une «tribu arc-en-ciel». Elle et son époux adoptent une douzaine d'enfants, deux filles et dix garçons, issus de diverses origines. En 1963, elle apparaît auprès de Martin Luther King lorsqu'il prononce son célèbre discours «I Have a Dream» et s'investit encore plus dans les mouvements pour les droits civiques. Mais l'artiste est criblée de dettes et se voit contrainte de vendre aux enchères le château des Milandes. Joséphine Baker est néanmoins sauvée par son amie, Grace de Monaco, qui lui offre alors un logement permanent à Roquebrune, sur la Riviera. Elle continuera de se produire toute sa vie: «Vivre, c'est danser, affirmait-elle. J'aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d'une danse ou d'un refrain.» disait-elle. Elle s'éteindra le 12 avril 1975, d'une hémorragie cérébrale à seulement 68 ans, la vieille de la quatorzième représentation du spectacle destiné à célébrer ses 50 ans de carrière.

Les femmes du Panthéon

Un caveau d'hommes. C'est l'image du Panthéon. Avec Joséphine Baker, 6 femmes y reposent désormais contre 76 membres du genre masculin. Baker devient la première femme noire à faire son entrée sous la coupole. Avant elle, Simone Veil avait eu droit de reposer parmi Victor Hugo, Alexandre Dumas ou encore Jean Jaurès, en 2018. Les premières femmes à siéger au sein du prestigieux monument (Sophie Berthelot en 1907 et Marie Curie en 1995) y reposent… accompagnées de leurs maris (Marcelin Berthelot et Pierre Curie). Pour la première, c'est en hommage «à sa vertu conjugale» qu'elle doit sa place alors qu'elle assistait son époux dans ses travaux. Marie Curie, deux fois nobélisée, découvre avec son époux deux nouveaux éléments chimiques: le radium et le polonium. Viennent ensuite, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, nièce du général de Gaulle et première femme décorée de la Grand-croix de la Légion d‘honneur et Germaine Tillion. Elles entrent au Panthéon en 2015. Deux Résistantes. Deux femmes ayant connu l'enfer des camps. Deux femmes connues pour leurs engagements humanitaires. La première à travers la présidence durant de nombreuses années d' ATD Quart Monde et la seconde, ethnologue, pour ses travaux sur la colonisation et l'émancipation des femmes en Méditerranée. S'ils se murmurent qu'une septième femme, Gisèle Halimi, pourrait prochainement faire son entrée sous la coupole, l'assemblée qui loge au Panthéon a encore bien du chemin à faire pour atteindre la parité.

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