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Israël évoque l'annexion de parties de Gaza en dépit d'appels à une solution à deux Etats
information fournie par Reuters 30/07/2025 à 19:24

Israël pourrait annexer des parties de la bande de Gaza afin d'accentuer la pression sur le Hamas, a déclaré mercredi le ministre israélien de la Sécurité, Zeev Elkin, au lendemain de l'annonce de la volonté du Royaume-Uni de reconnaître un Etat palestinien si Israël ne prend pas des engagements pour apaiser la "situation épouvantable" dans l'enclave palestinienne.

En marge d'une conférence internationale à l'Onu sur la question palestinienne, coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré mardi que Londres était prête à reconnaître l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies, en septembre, si Israël ne permet pas davantage d'aide humanitaire à Gaza, ne s'engage pas à un processus de paix à même d'aboutir sur une solution à deux Etats, et ne dit pas clairement qu'il n'y aura pas d'annexion de la Cisjordanie occupée.

Le Royaume-Uni a ainsi emboîté le pas de la France, après qu'Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière qu'il reconnaîtrait "solennellement" l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale de l'Onu, faisant de la France la première grande puissance occidentale à prendre une telle décision.

Israël dénonce ce qu'il dit considérer comme une "récompense" au terrorisme du Hamas, responsable du 7-Octobre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré vouloir la paix, tout en présentant un quelconque Etat palestinien comme une plateforme qui menacerait la sécurité d'Israël.

Une quinzaine de pays ont soutenu mardi soir, à l'issue de la conférence organisée au siège des Nations unies, une déclaration conjointe de la France et de l'Arabie saoudite fixant des "mesures tangibles, définies dans le temps et irréversibles" vers la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats entre Israéliens et Palestiniens.

Ces pays, parmi lesquels le Qatar et l'Egypte, ont appelé le Hamas à rendre les armes, le document stipulant que la gouvernance et la sécurité de la bande de Gaza devaient incomber à l'Autorité palestinienne, laquelle dispose de prérogatives limitées en Cisjordanie occupée.

La conférence onusienne a été boycottée par Israël et les Etats-Unis, principal allié de l'Etat hébreu opposé de longue date aux démarches de reconnaissance d'un Etat palestinien.

"LA CHOSE LA PLUS DOULOUREUSE POUR NOTRE ENNEMI"

Un scénario de famine catastrophique se dessine dans la bande de Gaza et des mesures urgentes sont nécessaires pour éviter une hécatombe, a averti mardi le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organe de surveillance de la faim dans le monde.

Deux ONG israéliennes, B'Tselem et Physicians for Human Rights Israel (Médecins pour les droits humains), ont accusé pour la première fois lundi Israël de commettre un génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.

Selon les autorités sanitaires gazaouies, plus de 60.000 Palestiniens ont été tués depuis le début du siège total mené par Israël en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées et environ 250 autres enlevées d'après les autorités israéliennes.

Un nouveau cycle de négociations indirectes sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est resté dans l'impasse la semaine dernière, les deux camps s'accusant mutuellement d'en être responsable.

L'émissaire spécial américain Steve Witkoff, qui a alors déclaré que Washington allait étudier des "options alternatives" pour la libération des otages encore détenus à Gaza, va se rendre jeudi en Israël pour discuter de la situation dans l'enclave palestinienne, a dit un représentant américain.

Accusant le Hamas de faire traîner les pourparlers de cessez-le-feu afin d'obtenir des concessions israéliennes, Zeev Elkin a déclaré mercredi à la chaîne de télévision publique Kan qu'Israël pourrait fixer un ultimatum au groupe armé palestinien, sous peine d'élargir sa campagne militaire.

"La chose la plus douloureuse pour notre ennemi est de perdre des terres", a-t-il dit. "Une clarification auprès du Hamas, qu'ils perdront des terres qu'ils ne récupéreront jamais s'ils jouent des jeux avec nous, peut être un outil de pression significatif", a-t-il ajouté.

Comme réclamé par des membres du gouvernement israélien issus du parti du Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, la Knesset a approuvé la semaine dernière un texte appelant à l'annexion de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967.

"ÉCHEC MORAL"

Des ministres issus de l'extrême droite, dont le ministre des Finances Bezalel Smotrich, prônent ouvertement l'annexion de tous les territoires palestiniens. Smotrich a déclaré mardi que réétablir des colonies juives dans Gaza était un scénario "plus proche que jamais".

Par le passé, le président américain Donald Trump a évoqué à plusieurs reprises, avec le soutien de Benjamin Netanyahu, un projet de déplacement des Palestiniens hors de la bande de Gaza, disant vouloir en faire la "Côte d'Azur" du Proche-Orient.

De nombreux Palestiniens accusent Israël de nuire méthodiquement à leurs espoirs d'un Etat palestinien indépendant - qui serait composé de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est - en multipliant les colonies israéliennes en Cisjordanie et en ayant complètement détruit Gaza.

L'Etat hébreu nie ces accusations, disant combattre uniquement les groupes armés palestiniens qui représentent selon lui une menace pour son existence. Il revendique par ailleurs des racines historiques et bibliques en Cisjordanie.

La question d'un déplacement est particulièrement sensible pour les Palestiniens, qui craignent une nouvelle "Nakba" (catastrophe), quand des centaines de milliers de personnes ont été chassées de leurs habitations lors de la guerre de 1948 ayant accompagné la création de l'Etat d'Israël.

Si la reconnaissance d'un Etat de Palestine est plutôt considérée comme une démarche symbolique, l'espoir des Gazaouis est qu'il y ait une nouvelle approche de la question palestinienne.

"Assez ! Les Palestiniens vivent depuis plus de 70 ans sous les massacres, la destruction, l'occupation, pendant que le monde regarde en silence", a déploré Saïd al-Akhras, habitant de la bande de Gaza disant espérer "un virage réel dans la manière dont les pays occidentaux voient la cause palestinienne".

Les familles des otages encore détenus dans l'enclave ont pour leur part demandé à ce qu'il n'y ait pas de reconnaissance d'un Etat palestinien tant que leurs proches ne seraient pas libérés.

Une telle démarche "n'est pas un pas vers la paix, mais plutôt une violation évidente du droit international et un échec moral et politique dangereux qui légitimise des crimes de guerre horribles", a dit le Forum des familles d'otages.

(Maayan Lubell à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi au Caire, avec la contribution d'Olivia Le Poidevin à Genève et Michelle Nichols à New York; rédigé par Jean Terzian, édité par Kate Entringer)

1 commentaire

  • 30 juillet 23:18

    A quand les sanctions? Lourdes et conséquentes? Quand l'Allemagne faisait la même chose en 40 les états n'ont pas été si lents à réagir, la vie n'aurait donc pas la même valeur suivant d'où tu viens?


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