Le président national de l'organisation professionnelle, branche restauration, a fait part de sa "grande déception" après la décision du Parlement, qui a prolongé l'autorisation d'usage de ces titres pour les courses alimentaires jusqu'en 2026.

(illustration) ( AFP / DENIS CHARLET )
Riz, pâtes, farine... Les détenteurs de "tickets-resto" pourront continuer de faire leurs courses alimentaires par ce moyen de paiement jusqu'à fin 2026, a finalement tranché le Sénat mardi 14 janvier. L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration a dénoncé aussitôt "le détournement du titre-restaurant en titre-caddie".
"Le Sénat vient de voter la prolongation de l'utilisation du titre-restaurant en supermarché jusqu'en 2026...et a ainsi validé le détournement du titre-restaurant en titre-caddie", a réagi l'Umih sur le réseau social LinkedIn. Pour L'Umih "il fallait un texte plus ambitieux pour la digitalisation totale du titre-restaurant", "rééquilibrer le financement du dispositif" et "la création possible d'un titre alimentaire".
"C’est une grande déception, accompagnée du sentiment d’être entendu, mais jamais réellement écouté", commenté Franck Chaumès, président national Umih branche restauration sur le même réseau.
"Réinventer" le titre
Il dénonce "un manque de courage politique flagrant, guidé uniquement par des intérêts personnels, au détriment d’une profession déjà en grande détresse". "Les mêmes qui continuent de plonger notre pays dans l’instabilité…", ajoute-t-il. "Nous comprenons nos citoyens qui ont besoin d'utiliser ce moyen de paiement en GMS (grands et moyennes surfaces, NDLR) pour répondre au manque de pouvoir d'achat mais nous devons tous ensemble réinventer au plus vite ce titre pour notre bien commun", conclut-il.
Après l'Assemblée nationale fin 2024, le Sénat a très largement adopté mardi, à main levée, la proposition de loi visant à prolonger l'utilisation des tickets-restaurant pour les courses alimentaires au supermarché.
Un "délai" qui ne doit pas faire oublier une "réforme" nécessaire
Les débats ont beaucoup tourné autour de la durée de cette dérogation: fallait-il la prolonger jusqu'à la fin 2025 ou fin 2026 ? L'Assemblée nationale avait opté pour une prolongation de deux ans. Mais en commission, le Sénat, dominé par la droite, avait proposé de la limiter à un an, appelant à une réforme en profondeur du "ticket-resto" d'ici la fin 2025 pour l'adapter à l'évolution des usages, liée notamment au développement du télétravail; tout en prenant en compte l'avis des restaurateurs, qui s'opposent à cet élargissement.
Finalement, pressés par l'urgence, les sénateurs ont accepté de s'aligner sur la version de l'Assemblée nationale. "Si on choisit une date différente de l'Assemblée, on repartira sur une navette législative... Alors que si on vote un texte conforme, on pourra dès demain ouvrir le dossier en profondeur en vue d'une réforme", s'est justifiée la centriste Nadia Sollogoub. La rapporteure Les Républicains Marie-Do Aeschlimann a elle reconnu que "l'urgence l'emport(ait) sur le principe", appelant à ce que ce délai ne "ralentisse pas la réforme" du titre-restaurant souhaitée par de nombreux acteurs et parlementaires.