Canada comme UE ont promis une réponse ferme à d'éventuels droits de douane de Donald Trump. Les deux blocs doivent désormais élargir leurs horizons commerciaux pour trouver de nouveaux débouchés.

Justin Trudeau et Emmanuel Macron à Paris, le 9 février 2025. ( AFP / THIBAUD MORITZ )
"La situation ne va pas s'améliorer". Alors que Donald Trump malmène les alliés historiques des États-Unis, ces derniers manœuvrent pour renforcer leurs positions dans la guerre commerciale qui s'annonce. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est attendu mercredi 12 février à Bruxelles pour resserrer les liens avec l'Union européenne, qui, de son côté, a assoupli sa position avec la Chine.
Tant Ottawa que le bloc européen ont intérêt à diversifier leurs relations commerciales pour compenser la détérioration du lien avec les États-Unis et leur imprévisible président. "La situation ne va pas s'améliorer", résume Ignacio Garcia, du think tank bruxellois Bruegel. Cela ne laisse à l'UE "aucune autre option" que d'"investir dans le développement de marchés alternatifs", ajoute-t-il.
Justin Trudeau doit rencontrer la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ainsi qu'Antonio Costa, qui préside le Conseil européen - l'instance représentant les 27 États membres. Le dirigeant canadien devrait leur exprimer son souhait de renforcer ses partenariats avec les pays amis à travers le monde, comme il l'a fait en marge du sommet sur l'IA à Paris, en condamnant les droits de douane imposés par Washington sur l'acier et l'aluminium.
S'adressant à l' AFP mardi, il a déclaré que le Canada "travaillerait avec (ses) partenaires et amis internationaux" à la meilleure manière de répondre à cette dernière salve trumpienne. Justin Trudeau a promis une réponse "ferme" si nécessaire , dans des termes similaires à ceux d'Ursula von der Leyen qui a dénoncé au nom de l'UE des droits de douane "injustifiés".
Dans une nouvelle étape de la guerre commerciale engagée depuis sa prise de fonctions le 20 janvier, Donald Trump a signé lundi un décret fixant au 12 mars la date d'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium. "Sans exception", a-t-il assuré.
Les économies américaine et canadienne sont étroitement imbriquées. Les États-Unis absorbent 77% des exportations du Canada , un chiffre qui oscille autour de 20% pour celles de l'Union européenne.
La perspective d'une guerre commerciale avec Washington a conduit l'UE à élargir ses horizons depuis la réélection du milliardaire républicain en novembre.
Mexique, Inde, Afrique du Sud, Chine...
Ces dernières semaines, le bloc européen a annoncé un accord commercial renforcé avec le Mexique, la reprise des négociations sur un accord de libre-échange avec la Malaisie et un nouvel accord avec le bloc sud-américain du Mercosur.
L'UE a également adopté une position plus conciliante à l'égard de la Chine , et promis d'approfondir la relation avec l'Inde, qui sera la destination du premier voyage officiel du second mandat d'Ursula von der Leyen. Lundi, Antonio Costa a par ailleurs discuté avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa d'un renforcement des liens avec ce partenaire, Pretoria étant elle-même empêtrée dans un différend avec Donald Trump à propos d'une loi prétendument raciste à l'égard des fermiers blancs.
Dans cet appel téléphonique, Antonio Costa a présenté l'UE comme un "partenaire fiable et prévisible" , dans une allusion assez claire au caractère imprévisible de l'occupant de la Maison blanche.
Selon un haut responsable européen, le message envoyé par Bruxelles peut se résumer ainsi : "Nous pouvons commercer avec le monde entier. Si vous fermez vos marchés, nous avons d'autres partenaires."
Nouvelle illustration mardi: le président du Conseil européen a confirmé la tenue en avril du premier sommet UE-Asie centrale, à Samarcande (Ouzbékistan), à l'occasion d'un échange au téléphone avec le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev. Cette région du monde est dans la sphère d'influence de Moscou et son sous-sol est riche en minerais, ce qui présente aussi un intérêt économique pour les Européens.
Avec le Canada, l'UE dispose déjà d'un accord de libre-échange, et les producteurs d'aluminium du Québec, très dépendants de leurs clients américains, pourraient voir l'UE comme une issue de secours. "Nous pourrions déplacer certains volumes vers l'Union européenne, où il n'y a pas de droits de douane et où ils ont besoin de métal", a déclaré à l' AFP Jean Simard, patron de l'Association de l'aluminium du Canada.
5 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer