
Le commerce extérieur chinois a bondi en juillet par rapport à l'an passé, déjouant les prévisions des économistes ( AFP / STR )
Le commerce extérieur chinois a bondi en juillet par rapport à l'an passé, selon des données des douanes publiées jeudi, déjouant les prévisions des économistes en pleine trêve dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington.
Les deux premières économies mondiales se sont accordées le mois dernier sur le maintien d'une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations commerciales.
Celle-ci fixe temporairement les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois à 30%, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10%.
Dans ce contexte incertain, les exportations chinoises ont bondi en juillet (+7,2% sur un an), selon les statistiques officielles, dépassant la prévision d'économistes sondés par l'agence Bloomberg (5,6%).
Les importations ont également grimpé de 4,1% sur un an, alors que les prévisions de l'agence Bloomberg tablaient sur une contraction.
Mais la trêve tarifaire entre Pékin et Washington doit prendre fin mardi, date à laquelle les droits de douane pourraient revenir à des niveaux plus élevés.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio (2e g) et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi (2e d) lors d'une rencontre en marge de la 58e réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Asean à Kuala Lumpur, le 11 juillet 2025 en Malaisie ( POOL / Mandel NGAN )
Et le doute persiste sur la capacité des deux puissances à s'entendre sur une trêve plus durable.
Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, avait déclaré fin juillet après la dernière série de négociations à Stockholm que Donald Trump aurait le "dernier mot" sur toute extension de cette pause tarifaire.
Le président américain s'est félicité de l'entrée en vigueur jeudi à 04H00 GMT de nouveaux droits de douane frappant des dizaines de partenaires commerciaux — dont une taxe spectaculaire de 35% sur le Canada.
- Baisse attendue -
Washington a notamment conditionné la poursuite des négociations avec Pékin à la livraison de terres rares par la Chine, après que celle-ci a imposé des restrictions à l'exportation de ces matériaux indispensables à l'industrie énergétique, électronique et de l'armement.
Signe positif, les données des douanes chinoises publiées jeudi indiquent que les expéditions de terres rares sont restées solides en juillet, malgré une légère diminution après un pic en juin.
L'absence d'accord entre les deux puissances pourrait peser lourdement sur le commerce de la deuxième économie mondiale.
Les expéditions chinoises vers les Etats-Unis ont déjà chuté de 6,1% entre juin et juillet, selon les douanes chinoises, après avoir été un temps dopées par la constitution de stocks par crainte de nouveaux droits de douane.
Le rebond des exportations observée en juillet a en réalité été porté par le commerce avec l'Europe et l'Asie, indiquent les données des douanes chinoises.
Les exportations chinoises vers l'Union européenne ont ainsi grimpé de 9,2% sur un an en juillet, et de 16,2% vers les pays d'Asie du Sud-Est, d'après ces chiffres.
La croissance des exportations chinoises "pourrait ralentir dans les mois à venir, la constitution anticipée de stocks pour échapper aux tarifs américains s'estompant", anticipe Zhiwei Zhang, économiste en chef chez Pinpoint Asset Management.
Les expéditions chinoises pourraient aussi être rapidement touchées par de nouveaux droits de douane américains sur les produits cherchant à contourner les tarifs via des pays tiers - notamment en Asie.
"La grande question est de savoir dans quelle mesure les exportations chinoises ralentiront et comment cela se répercutera sur le reste de l'économie", note Zhiwei Zhang.
L'Etat-parti chinois s'est fixé l'objectif ambitieux d'une croissance "d'environ 5%" du PIB en 2025.

Des conteneurs prêts à l'exportation dans le port de Qingdao, en Chine, le 15 avril 2025 ( AFP / STR )
Outre la guerre commerciale, le géant asiatique doit également faire face à une longue crise immobilière qui pèse sur le moral des consommateurs et les finances des collectivités locales.
La croissance des importations en juillet "pourrait refléter une constitution de stocks pour certaines matières premières plutôt qu'un redémarrage plus général de la demande intérieure", nuance ainsi Zichun Huang, économiste chez Capital Economics.
Des données publiées la semaine dernière avaient indiqué un recul plus marqué que prévu de la production manufacturière, signe de difficultés persistantes.
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