Le projet de système de combat aérien du futur est notamment mis en difficulté par la rivalité entre Dassault Aviation et Airbus, ainsi qu'un mode de gouvernance contesté.

Emmanuel Macron et Eric Trappier, au salon du Bourget, le 20 juin 2025 ( POOL / BENOIT TESSIER )
"Nous savions dès le départ que cela serait très difficile". Dans un entretien accordé au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Emmanuel Macron a estimé que Paris et Berlin doivent "maintenir le cap" pour avancer sur le programme Scaf de futur avion de combat européen, face au blocage des discussions et aux oppositions entre industriels. Cet appel aux "solutions communes" du chef de l'Etat intervient après la sortie du PDG de Dassault Aviation, qui a assuré pouvoir mener "tout seul" le projet si besoin, répondant aux pressions d'Airbus et de l'Allemagne.
"Les entreprises d'armement des deux côtés revendiquent le leadership. C'est donc à nous de maintenir le cap de ce que nous considérons comme relevant de l'intérêt général franco-allemand et de continuer à travailler à des solutions communes", a lancé Emmanuel Macron dans cette interview publiée mercredi 1er octobre. "Avec le chancelier (Friedrich Merz, ndlr), nous avons demandé une revue des projets par nos deux ministres des Armées , d'ici à la fin d'année. Et c'est sur cette base que nous allons statuer et prendre les décisions qui s'imposent, sans prêter le flanc aux commentaires des uns et des autres" , ajoute-t-il.
Quelle suite après le coup de gueule du PDG de Dassault Aviation?
Lancé en 2017 par Angela Merkel et Emmanuel Macron comme un étendard de la coopération de défense entre les deux pays, avant d'être rejoint par l'Espagne, le projet de Système de combat aérien futur (Scaf) vise à remplacer à l'horizon 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols. La semaine passée, un responsable français avait affirmé que la France disposait des capacités de construire "seule" un avion de combat de sixième génération si aucun accord n'était trouvé avec l'Allemagne et l'Espagne, laissant entrevoir un possible échec du plus gros projet de coopération de défense en Europe.
Cette déclaration faisait suite au "coup de gueule" d'Eric Trappier visant la gouvernance du projet. "L’Allemagne a dit (...) au plus haut niveau qu’elle était prête à exclure la France du programme. C’est un peu bizarre, quand même. Elle veut nous exclure d’un domaine qu’on connaît. Je la laisse à ses propos et le redis : nous, nous savons faire (un avion de combat) tout seuls" , a t-il notamment lancé lors d'une audition à l'Assemblée nationale.
"Produire davantage au niveau européen"
"Les Allemands, je les connais, contrairement à ce que l’on peut penser. Et c’est le Bundestag qui pilote. Et le Bundestag, qu’est-ce qu’il veut ? Il veut que son industriel, qu’il voit tous les jours, ait plus de travail que l’autre. La compétence, savoir si l’avion va être efficace, ce n’est pas son sujet. Donc, il faut juste faire un poids et un contre-poids", avait-il encore insisté.
Berlin et Madrid sont particulièrement exaspérés par la position de l'avionneur français qui réclame plus d'autonomie dans son rôle de maître d’œuvre industriel pour lequel il a été désigné par les trois Etats.
Emmanuel Macron juge pour sa part que le Scaf et le projet de futur char de combat MGCS, lancé en même temps, correspondent toujours à des "besoins stratégiques" pour les deux pays malgré les difficultés attendues. "Nous savions dès le départ que cela serait très difficile car des industriels concurrents ont été contraints de s'associer pour un projet", confie-t-il se disant en matière de défense européenne "favorable à une intégration maximale car nous devons produire davantage, et ce au niveau européen".
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