
L'accusé Husamettin Dogan arrive au palais de justice de Nîmes pour le procès en appel des viols de Mazan, le 8 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Christophe Simon )
"A quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais !", a lancé Gisèle Pelicot à Husamettin Dogan. Avant d'ajouter, face à un accusé qui s'enfonce dans le déni malgré des preuves vidéos accablantes: "Assumez votre acte, j’ai honte pour vous !".
Depuis un an et le verdict d'Avignon où 51 hommes dont son ex-mari avaient été condamnés, celle qui est devenue un symbole des violences sexuelles faites aux femmes n'avait plus pris la parole.
Depuis lundi, ses entrées et sorties de la cour d'assises d'appel du Gard sont couvertes d'applaudissements, hommage populaire à une femme qui a redit mercredi: "Que les victimes n'aient jamais honte de ce qu'on leur a imposé par la force".
Chemisier blanc, gilet noir et blanc, Gisèle Pelicot, bien droite, la parole posée et affirmée, commence: "J'ai le sentiment d'être allée au bout de cette épreuve qui a duré cinq ans, je souhaite ne jamais retourner dans un tribunal de ma vie. Moi, le mal est fait, il va falloir que je me reconstruise sur cette ruine. Je suis en bonne voie".
"Bien évidemment, Monsieur Pelicot est responsable de ma souffrance, mais Monsieur Dogan et les 50 autres aussi", a ajouté cette femme de 72 ans aujourd'hui. "La seule victime, c'est moi ! En aucun cas vous n'êtes victime de monsieur Pelicot, assumez votre acte, j'ai honte pour vous !"
- Icône "malgré" elle -

Gisèle Pelicot assiste au procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 8 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )
Elle a aussi évoqué le "tsunami" familial qu'a déclenché l'affaire et dit "comprendre la souffrance" de sa fille Caroline Darian. Cette dernière a porté plainte contre son père qu'elle accuse de l'avoir agressée sexuellement et a publiquement reproché à sa mère de ne pas la soutenir, remettant en cause son statut "d'icône" des luttes féministes.
A ce sujet, "arrêtez de dire que je suis une icône. C'est malgré moi. Je suis une femme ordinaire qui a levé le huis clos", a lancé Gisèle Pelicot.
Depuis lundi Husamettin Dogan, le seul à avoir fait appel de sa condamnation en première instance à neuf ans de prison, continue de nier toute intention de la violer.
Même après la diffusion mercredi matin d'une douzaine de courtes vidéos tournées par Dominique Pelicot ce fameux 28 juin 2019 où l'accusé s'est rendu à leur domicile de Mazan.
On y voit l'accusé réaliser plusieurs actes sexuels sur une Gisèle Pelicot en sous-vêtements, portant des sandales et parfois un bandeau sur les yeux, totalement inerte et ronflant parfois fortement. Husamettin Dogan et Dominique Pelicot chuchotent pour éviter de la réveiller. A aucun moment, la victime ne manifeste la moindre activité.

L'accusé Husamettin Dogan arrive au palais de justice de Nîmes pour le procès en appel des viols de Mazan, le 8 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Christophe Simon )
Interrogé par la cour, l'accusé, un ex-ouvrier de 44 ans, a fermement maintenu: "J'ai fait un acte sexuel, j'ai jamais violé personne", "c'est lui le manipulateur, c'est pas moi. C'est lui qui m'a attiré là-bas". Disant avoir été "sous l'emprise" de Dominique Pelicot, il explique être resté car il se sentait menacé.
Ses avocats ont ensuite tenté d'appuyer sur le point central de leur défense, l'intentionnalité: "Vous aviez conscience de commettre un viol ?". "S'il avait dit: +Viens, je vais te filmer, on va la violer+, je serais jamais allé là-bas."
- Peine alourdie ? -

Gisèle Pelicot et son fils Florian Pelicot assistent au procès en appel des viols de Mazan au palais de justice de Nîmes, le 8 octobre 2025 dans le Gard ( AFP / Gabriel BOUYS )
Mais pour Gisèle Pelicot: "Toute sa vie, il sera violeur" et il n'a ni fait demi-tour ni dénoncé la situation.
"Ce procès doit être un procès ordinaire. C'est celui d'Husamettin Dogan", a ensuite plaidé Stéphane Babonneau, l'un de ses avocats, assurant qu'il "n’a jamais été question pour Gisèle Pelicot de réclamer vengeance, la tête d’un homme". Mais "juste qu'on reconnaisse ce dont elle a été victime. Qu'on ne remette plus en cause son vécu" comme cela est trop souvent le cas pour les victimes de viol.
Puis son autre avocat, Antoine Camus, s'est adressé aux neuf jurés populaires et aux trois magistrats: "La peine est à revoir", sous-entendant qu'il fallait, selon lui, alourdir celle prononcée à Avignon. Car, "une victime endormie, on n'y touche pas".
Jeudi matin, le procès se terminera avec le réquisitoire puis les plaidoiries de la défense et enfin le verdict. En première instance, 12 ans de prison avaient été requis contre l'accusé qui, poursuivi pour "viols aggravés", risque un maximum de 20 ans de réclusion.
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