Assouplir l'objectif 2035, une réponse "pragmatique" aux difficultés de l'industrie automobile, déclare Séjourné à l'AFP ( AFP / Ina FASSBENDER )
L'UE ne renonce pas à ses ambitions climatiques en assouplissant l'objectif du tout-électrique en 2035, mais adopte une approche "pragmatique" face aux difficultés rencontrées par l'industrie automobile, a défendu mardi le commissaire européen Stéphane Séjourné.
"L'objectif reste le même, les flexibilités sont en réalité des réalités pragmatiques au vu de l'adhésion des consommateurs, de la difficulté des constructeurs à proposer sur le marché du 100% électrique pour 2035", a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP.
La Commission européenne a décidé mardi de revenir sur une de ses mesures climatiques les plus emblématiques: l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique ou hybride à partir de 2035.
Plutôt qu'un passage au 100% électrique, Bruxelles autorisera finalement les constructeurs à proposer "d'autres types de technologies après 2035" pour une part limitée de leurs ventes, a expliqué Stéphane Séjourné.
L'interdiction totale avait été adoptée lors du premier mandat d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, au nom de l'engagement européen d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Mais l'UE, face à la concurrence de la Chine et aux tensions commerciales avec les Etats-Unis, a déjà repoussé ou élagué ces derniers mois plusieurs mesures environnementales, dans un virage pro-business assumé.
Les assouplissements majeurs accordés mardi aux constructeurs automobiles, vivement critiqués par les ONG, ne remettent pour autant pas en cause l'objectif climatique européen, a affirmé Stéphane Séjourné.
Stéphane Sejourne, vice-président exécutif de la Commission européenne chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, à Stuttgart le 26 novembre 2025 ( AFP / Silas Stein )
"Le cap de l'électrique reste l'objectif en soi, mais les flexibilités sont pragmatiques dans ce moment que nous vivons", a-t-il dit depuis le Parlement européen.
En mars, le commissaire français avait estimé que l'industrie automobile européenne était "en danger de mort".
La crise qu'elle traverse est d'ailleurs "beaucoup plus profonde que uniquement le sujet du CO2 et de la voiture électrique", a-t-il prévenu mardi.
L'assouplissement annoncé mardi était particulièrement plébiscité par l'Allemagne ou la Pologne, qui défendent bec et ongles la "neutralité technologique", c'est-à-dire le maintien après 2035 des moteurs thermiques.
La France était plus sceptique, craignant qu'il n'étouffe la filière européenne des batteries pour voitures électriques, en pleine éclosion.
Il serait toutefois faux de penser que la France a perdu cet arbitrage, a jugé Stéphane Séjourné, assurant que Bruxelles allait prêter 1,5 milliard d'euros sans intérêt aux fabricants de batteries européens.

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