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RDC: le M23 affirme qu'il se retirera d'Uvira, 85.000 réfugiés dans des conditions catastrophiques au Burundi
information fournie par AFP 16/12/2025 à 19:27

Des Burundais déplacés par les combats font la queue avec leurs biens pour tenter de passer au Burundi suite à la fermeture de la frontière entre la République démocratique du Congo et le Burundi, au poste-frontière de Kavimvira (RDC) le 14 décembre 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )

Des Burundais déplacés par les combats font la queue avec leurs biens pour tenter de passer au Burundi suite à la fermeture de la frontière entre la République démocratique du Congo et le Burundi, au poste-frontière de Kavimvira (RDC) le 14 décembre 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )

Le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda a affirmé mardi qu'il allait retirer ses forces d'Uvira, dans l'est de la RDC, tandis qu'au Burundi voisin au moins 85.000 personnes ayant fui sa récente offensive survivent dans des conditions catastrophiques.

Après s'être emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février dernier dans l'est de la RDC, le M23 soutenu par le Rwanda a lancé une nouvelle offensive début décembre dans la province orientale du Sud-Kivu, le long de la frontière burundaise, au moment où la RDC et le Rwanda signaient un accord de paix à Washington sous l'égide du président américain Donald Trump.

Le M23 s'est emparé mercredi dernier de la ville stratégique d'Uvira, qui compte plusieurs centaines de milliers d'habitants, ce qui lui permet de contrôler la frontière terrestre entre la RDC et le Burundi, soutien militaire de Kinshasa.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, avait promis samedi de répondre à une "claire violation" de l'accord de paix par le groupe soutenu par le Rwanda. L'ambassadeur américain à l'ONU avait accusé Kigali de mener la région vers la "guerre".

Le président américain Donald Trump entouré par les chefs d'Etat rwandais Paul Kagame (à gauche) et congolais Félix Tshisekedi (à droite) lors de la cérémonie de signature d'un accord de paix, à Washington le 4 décembre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Le président américain Donald Trump entouré par les chefs d'Etat rwandais Paul Kagame (à gauche) et congolais Félix Tshisekedi (à droite) lors de la cérémonie de signature d'un accord de paix, à Washington le 4 décembre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Mardi, le dirigeant de la branche politique du M23, Corneille Nangaa, a annoncé dans un communiqué que le M23 "retirera unilatéralement ses forces de la ville d'Uvira, comme l'a demandé la médiation américaine", sans préciser de calendrier.

Il a ajouté avoir "décidé de prendre une mesure unilatérale visant à instaurer la confiance afin de donner" au processus de paix "toutes les chances de réussir".

- "Manque de tout" -

Un gilet pare-balles portant un écusson avec le drapeau de la République démocratique du Congo (RDC) et un casque abandonnés dans une rue d'Uvira le 11 décembre 2025 ( AFP / - )

Un gilet pare-balles portant un écusson avec le drapeau de la République démocratique du Congo (RDC) et un casque abandonnés dans une rue d'Uvira le 11 décembre 2025 ( AFP / - )

Après cette annonce, le M23 occupait toujours Uvira mardi soir et ses combattants étaient visibles aux points stratégiques de la ville ou patrouillant dans les rues, selon plusieurs sources locales contactées par l'AFP.

"On attend de voir s'ils vont réellement se retirer ou si c'est juste une annonce pour apaiser les Américains et distraire Kinshasa", a déclaré un représentant de la société civile à Uvira sous couvert de l'anonymat.

Le Rwanda n'a jamais reconnu officiellement son soutien au M23, mais a été directement mis en cause par Washington après l'offensive du M23 sur Uvira.

L'ambassadeur américain à l'ONU avait notamment dénoncé vendredi "l'ampleur et la sophistication" de l'implication du Rwanda dans l'est de la RDC, l'accusant d'y avoir déployé 5.000 à 7.000 soldats.

Carte du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo montrant la progression du M23, allié du Rwanda, au 10 décembre 2025, selon le CTP ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )

Carte du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo montrant la progression du M23, allié du Rwanda, au 10 décembre 2025, selon le CTP ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )

De son côté, le M23 a toujours nié ses liens avec Kigali et clame sa volonté de renverser le régime du président congolais Félix Tshisekedi.

Sa récente percée a poussé au moins 85.000 personnes à fuir au Burundi, où elles survivent dans des conditions catastrophiques, selon deux responsables burundais.

Le Burundais Ezéchiel Nibigira, président de la commission de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), une organisation régionale, a fait état de 25.000 réfugiés à Gatumba (ouest du Burundi) et près de 40.000 à Buganda (nord-ouest), la plupart "totalement démunis".

L’administrateur de Rumonge (sud-ouest), Augustin Minani, a de son côté décrit à l'AFP une situation "catastrophique" dans sa commune avec 20.000 à 25.000 réfugiés de RDC qui "manquent de tout", dont "la grande majorité meurt de faim".

L'ONU dénombrait mercredi dernier plus de 200.000 déplacés du fait de cette offensive, dont on ignore combien au total se trouvent aujourd'hui au Burundi.

Des ONG ont fait état de dizaines de morts et d'au moins 100 blessés par balles à cause des combats.

- Minerais -

Un véhicule militaire calciné appartenant aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) abandonné sur le bord de la route à Luvungi (RDC), le 13 décembre 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )

Un véhicule militaire calciné appartenant aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) abandonné sur le bord de la route à Luvungi (RDC), le 13 décembre 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )

L'accord de Washington vise à pacifier l'est congolais, frontalier du Rwanda et riche en ressources naturelles mais en proie à des violences meurtrières depuis plus de 30 ans.

Il prévoit une contrepartie économique promettant à l'industrie de pointe américaine un approvisionnement en minerais stratégiques de RDC qui, autrement, pourraient être acheminés vers la Chine.

Premier producteur mondial de cobalt, essentiel pour les batteries de véhicules électriques, la RDC, deuxième plus vaste pays d'Afrique, détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique.

Le président américain Donald Trump lors de la signature d'un accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) à Washington le 4 décembre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Le président américain Donald Trump lors de la signature d'un accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) à Washington le 4 décembre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Le ministre burundais des Affaires étrangères avait qualifié mercredi l'offensive du M23 de "doigt d'honneur" aux États-Unis et réclamé des sanctions contre le Rwanda.

Le contrôle d'Uvira et de la plaine de la Ruzizi permet au M23 de s'ouvrir une voie vers les provinces méridionales de la RDC, notamment le Haut-Katanga (à plus de 500 km) et ses immenses ressources minières, selon des experts.

Une progression vers le sud impliquerait pour le groupe armé de traverser les plateaux du Sud-Kivu, région montagneuse et enclavée, où des combats ont encore lieu mardi entre les forces gouvernementales et une milice alliée au M23, selon des sources locales.

Le M23 prétend défendre dans cette zone les intérêts des Banyamulenge, une communauté tutsi de l'est aux lointaines origines rwandaises et dont les membres sont bien implantés au sein des forces armées congolaises.

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