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Les arnaques bancaires se multiplient en France avec des techniques toujours plus sophistiquées. "Avec le recul, on se sent idiot" confient l'une des victimes de ces escroqueries de plus en plus fréquentes qui peuvent frapper n'importe qui.
Le phénomène prend une ampleur inquiétante sur le territoire français. Des escrocs , se faisant passer pour des conseillers bancaires , contactent par téléphone des clients pour les alerter de supposées fraudes sur leurs comptes . Ces malfaiteurs maîtrisent parfaitement les codes du secteur bancaire et disposent souvent d’informations personnelles sur leurs victimes, rendant leur discours particulièrement crédible . Leur approche est méthodique : ils créent un sentiment d’urgence , prétendent vouloir protéger leur interlocuteur et finissent par le convaincre de réaliser des actions qui permettront, en réalité, de vider son compte. La technique est d’autant plus redoutable qu’elle s’appuie sur une connaissance approfondie des procédures bancaires . Les escrocs utilisent un vocabulaire technique approprié, font référence aux services spécifiques des établissements bancaires et peuvent même, dans certains cas, faire apparaître le véritable numéro de la banque sur l’écran du téléphone de leur victime.
Cette usurpation d’identité numérique , combinée à leur aisance verbale, suffit généralement à gagner la confiance de personnes de tous âges et de tous milieux . L’arnaque ne se limite plus à un simple appel ou SMS téléphonique : dans plusieurs cas documentés, les malfaiteurs envoient des complices au domicile des victimes pour récupérer physiquement les cartes bancaires, prétextant une procédure de sécurité exceptionnelle. Ces escrocs exploitent souvent des informations dérobées lors de piratages antérieurs, ce qui renforce la crédibilité de leur démarche. Ils connaissent parfois le nom de votre conseiller habituel , votre historique récent d’opérations ou d’autres détails personnels qui endorment votre méfiance. Cette préparation minutieuse explique pourquoi même des personnes averties peuvent tomber dans le piège, se retrouvant dépouillées de sommes importantes en quelques minutes seulement.
« Il connaissait les codes de la banque » : les témoignages de victimes d’arnaques bancaires
Le cas de Jade, révélé par nos confrères d’ Actu.fr , étudiante strasbourgeoise de 22 ans , illustre parfaitement la sophistication de ces arnaques bancaires. Tout a commencé par un SMS frauduleux de son prétendu opérateur téléphonique concernant une facture impayée. Après avoir cliqué sur un lien pour mettre à jour ses coordonnées bancaires , elle reçoit, deux semaines plus tard, l’appel d’un certain Damien Roland se présentant comme employé du service fraude de sa banque. L’homme l’alerte de mouvements suspects sur son compte et lui propose de l’aider à bloquer ces opérations frauduleuses. Pendant deux heures, le faux conseiller manipule Jade qui croit sincèrement bloquer des transactions illégitimes alors qu’elle les valide en réalité. « Il s’exprimait bien. Il était poli. Il connaissait les codes de la banque . Il m’a tout de suite mis en confiance « , témoigne-t-elle.
L’arnaque atteint son paroxysme lorsqu’une femme se présente à son domicile pour récupérer sa carte bancaire , prétendument pour la transmettre à la police . Ce n’est que plusieurs jours plus tard, alertée par son père , que Jade découvre avoir perdu 13 000 euros . « Je m’effondre en larmes. Je suis au bout de ma vie « , confie-t-elle. Au commissariat, on lui indique que les chances de récupérer son argent sont minces puisqu’elle a validé elle-même les opérations. Heureusement, après avoir invoqué le manquement au devoir de vigilance de sa banque prévu dans le Code monétaire et financier , Jade a finalement obtenu un remboursement intégral trois mois plus tard . Son cas reste malheureusement l’exception plutôt que la règle, de nombreuses victimes se voyant refuser tout remboursement par leur établissement bancaire.
Comment se protéger de ces escroqueries bancaires de plus en plus fréquentes ?
Les personnes âgées constituent une cible privilégiée pour ces arnaqueurs bancaires . Yves , septuagénaire résidant à La Baule , en a fait la douloureuse expérience en septembre 2024 . Contacté par un prétendu service des fraudes de sa banque, il s’est laissé convaincre de communiquer ses coordonnées bancaires malgré ses réticences initiales. « J’en suis venu à donner mes coordonnées bancaires, alors que je sais bien que c’est la dernière chose à faire « , confie-t-il avec regret. L’escroc a poussé le stratagème jusqu’à faire déplacer Yves à un distributeur automatique pour vérifier les mouvements sur son compte . Avant même qu’il puisse réagir, 3 000 euros avaient déjà disparu, et seule la vigilance de sa banque a permis de bloquer un retrait supplémentaire de 7 000 euros .
Face à la recrudescence de ces fraudes, les experts en cybersécurité et les institutions bancaires recommandent plusieurs mesures préventives essentielles. Le site gouvernemental Cybermalveillance.gouv.fr rappelle qu’aucun conseiller bancaire légitime ne demandera jamais votre mot de passe ou ne vous incitera à effectuer des actions sur votre application bancaire pour contrer une supposée fraude en cours. En cas de doute sur l’authenticité d’un appel, raccrochez et contactez directement votre banque en utilisant le numéro figurant au dos de votre carte bancaire ou sur vos relevés officiels . La législation prévoit des sanctions sévères pour les auteurs de ces escroqueries : selon l’ article 313-1 du Code pénal , l’usage d’un faux nom pour tromper une personne et l’amener à remettre des fonds est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende .
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