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Afghanistan/Pakistan: la trêve fragile objet de discussions en Turquie
information fournie par AFP 07/11/2025 à 14:39

Un Afghan inspecte une maison endommagée dans le district de Spin Boldak en Afghanistan le 7 novembre 2025 ( AFP / Sanaullah SEIAM )

Un Afghan inspecte une maison endommagée dans le district de Spin Boldak en Afghanistan le 7 novembre 2025 ( AFP / Sanaullah SEIAM )

L'Afghanistan et le Pakistan donnent vendredi une nouvelle chance aux discussions censées aboutir à un cessez-le-feu durable, fragilisé la veille par des tirs à la frontière dont les deux pays s'imputent l'origine et ayant fait cinq morts côté afghan.

Ces nouvelles négociations en Turquie, qui ont débuté jeudi, doivent tenter de sortir de l'impasse Kaboul et Islamabad, qui s'accusent de manquer de bonne volonté.

A peine les discussions entamées, le gouvernement taliban accusait son voisin d'avoir tiré sur Spin Boldak, ville afghane accolée à la frontière. Islamabad a démenti, disant n'avoir fait que "riposter" à des tirs afghans.

Depuis la trêve approuvée le 19 octobre au Qatar, qui avait mis fin à une semaine d'affrontements meurtriers, chaque partie observe un mutisme quasi complet sur le contenu des discussions, dont on sait seulement qu'elles abordent des questions sécuritaires qui enveniment les relations bilatérales depuis des années.

"La délégation pakistanaise a remis aux médiateurs des demandes justifiées, logiques, se basant sur des preuves, avec pour objectif unique de mettre un terme au terrorisme transfrontalier", a déclaré Tahir Andrabi, porte-parole de la diplomatie pakistanaise, lors d'un point presse vendredi.

Un Afghan dans une maison endommagée dans un village du district Spin Boldak en Afghanistan le 7 novembre 2025 ( AFP / Sanaullah SEIAM )

Un Afghan dans une maison endommagée dans un village du district Spin Boldak en Afghanistan le 7 novembre 2025 ( AFP / Sanaullah SEIAM )

Confronté à une résurgence d'attaques contre ses forces de sécurité, Islamabad veut de son voisin afghan des garanties qu'il arrêtera de soutenir des organisations armées, en tête desquelles les talibans pakistanais (TTP), que Kaboul dément abriter.

Le gouvernement taliban veut que la souveraineté territoriale de l'Afghanistan soit respectée et accuse aussi Islamabad de soutenir des groupes armés contre lui.

Pour des sources afghanes proches des négociations, les demandes pakistanaises "n'ont rien à voir avec l'Afghanistan".

- Insécurité -

"Par exemple: garantir qu'il n'y aura pas d'insécurité au Pakistan bien que ce pays connaisse l'insécurité depuis longtemps et qu'un autre pays ne peut pas avoir de prise dessus", ont dit sous le couvert de l'anonymat ces sources à des journalistes.

"D'un autre côté, le Pakistan n'accepte pas la demande raisonnable de l'émirat islamique (l'Afghanistan, NDLR) que le sol et l'espace aérien pakistanais ne soient pas utilisés par un autre pays ou par l'organisation Etat islamique", ont-elles poursuivi.

En cas d'échec des négociations, chaque partie a mis en garde contre une reprise des hostilités, après des affrontements qui avaient fait plus de 70 morts en octobre, dont une cinquantaine de civils afghans selon l'ONU.

Des Afghans autour des corps de victimes tuées après des tirs transfrontaliers en provenance du Pakistan à Spin Boldak en Afghanistan le 7 novembre 2025  ( AFP / Sanaullah SEIAM )

Des Afghans autour des corps de victimes tuées après des tirs transfrontaliers en provenance du Pakistan à Spin Boldak en Afghanistan le 7 novembre 2025 ( AFP / Sanaullah SEIAM )

Jeudi, la trêve a été fragilisée par des tirs ayant tué cinq personnes --quatre femmes et un homme--, à Spin Boldak, a indiqué à l'AFP un responsable de l'hôpital de district.

Kaboul n'a pas répliqué "par respect pour l'équipe de négociateurs et pour empêcher la perte de vies civiles", a expliqué Zabihullah Mujahid, porte-parole du gouvernement.

Pour le ministère pakistanais de l'Information, le cessez-le-feu est "intact" et "le Pakistan reste engagé dans le dialogue en cours".

Vendredi, le calme est revenu à Spin Boldak, selon des correspondants de l'AFP qui y ont vu des maisons endommagées, le toit transpercé par l'impact de projectiles.

A Chaman, côté pakistanais, règne une "grande détresse", relate Abdul Habib, 61 ans. "Nous demandons aux autorités de faire preuve de compassion. Que Dieu fasse la paix et permette la réconciliation".

L'impasse diplomatique montre que des tensions "qui couvaient sont désormais en train de bouillir", juge Abdul Basit, chercheur à la S. Rajaratnam School of International Studies de Singapour, qui ne serait pas "surpris que les discussions capotent".

Islamabad accuse aussi les autorités talibanes d'agir avec le soutien de l'Inde, son ennemi historique, sur fond de rapprochement entre les deux pays.

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