Après avoir obtenu le feu vert de Donald Trump, la Corée du Sud devrait rejoindre le cercle restreint des pays dotés de sous-marins à propulsion nucléaire, qu'elle juge possible de construire d'ici à la fin des années 2030.
Le président sud-coréen Lee Jae Myung et Donald Trump, à Gyeongju (Corée du sud), le 29 octobre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
L'accord USA-Corée du Sud
Le président américain a récemment annoncé avoir donné son accord à la Corée du Sud, un pays allié, pour la fabrication d'un submersible à propulsion nucléaire, après la finalisation d'un accord commercial bilatéral portant sur les investissements et la construction navale.
Séoul affirme que l'accord prévoit une réduction de 15% des droits de douane que la Corée du Sud et les Etats-Unis s'imposent réciproquement sur l'automobile et un plan d'investissements sud-coréens de 350 milliards de dollars sur le sol américain, "dont 150 milliards pour la coopération dans le secteur de la construction navale". Les détails de cet accord n'ont cependant pas encore été divulgués.
Le ministre sud-coréen de la Défense Ahn Gyu-back a déclaré cette semaine à l'occasion d'une audition parlementaire que "le processus" semblait avoir été "retardé en raison de plusieurs problèmes, concernant notamment les sous-marins à propulsion nucléaire". L'approbation de Washington au projet de construction d'un sous-marin nucléaire est nécessaire selon Séoul car l'utilisation des matières premières indispensables à la construction de ce type de submersibles est généralement réservée à un usage militaire.
Pourquoi un sous-marin nucléaire ?
La Corée du Sud est toujours techniquement en guerre avec la Corée du Nord, leur conflit s'étant soldé en 1953 par un armistice et non un traité de paix. Elle est actuellement protégée par le parapluie nucléaire américain et près de 30.000 soldats américains sont présents sur son territoire. Séoul étudie la possibilité de construire des sous-marins à propulsion nucléaire depuis le début des années 2000, sans succès jusqu'alors.
Les Etats-Unis veulent cependant rendre leur armée plus flexible pour pouvoir réagir sur d'autres points de tensions, comme l'expansion de l'influence militaire de la Chine et la défense de Taïwan. Pour la Corée du Sud, la fabrication d'un sous-marin à propulsion nucléaire constituerait un bond en avant pour sa base industrielle navale et de défense.
A la différence des submersibles à propulsion diesel, qui doivent régulièrement remonter à la surface pour recharger leurs batteries, augmentant ainsi le risque d'être détectés, ceux à propulsion nucléaire peuvent rester immergés pendant des périodes beaucoup plus longues. La Corée du Sud, qui juge possible de se doter d'ici à la fin des années 2030 de son premier sous-marin de ce type, entrerait alors dans le groupe restreint des pays dotés de tels submersibles (Etats-Unis, Australie, Chine, Russie, Inde, France et Royaume-Uni).
"Du point de vue de la Corée du Nord, la possibilité d'attaques soudaines à partir de la mer de l'Est sera une source d'inquiétude", estime auprès de l'AFP Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu directeur de l'Institut mondial pour les études sur la Corée du Nord à Séoul. "Se sentant menacé par ce projet que soutient Washington, Pyongyang est susceptible de réagir de manière agressive et un autre essai nucléaire ne peut être exclu", poursuit-il.
La Corée du Nord, qui a récemment renforcé ses liens militaires avec la Russie, s'est à plusieurs reprises déclarée puissance nucléaire "irréversible".
Où sera-t-il construit ?
Donald Trump a annoncé la semaine dernière que la Corée du Sud construirait le submersible dans un chantier naval à Philadelphie, dans un pays où la technologie des sous-marins nucléaires est considérée comme l'un des secrets militaires les mieux gardés. Mais un responsable à la présidence sud-coréenne a assuré vendredi que la Corée du Sud fabriquerait ce navire sur son territoire, avec du carburant fourni par les Etats-Unis, et que les discussions avec Washington reposaient sur ce postulat.
Le ministre sud-coréen de la Défense, Ahn Gyu-back, a également dit devant des parlementaires qu'il jugeait possible de le construire à domicile et non aux Etats-Unis. Le chantier naval de Philadelphie mentionné par Donald Trump est détenu depuis l'an dernier par la société sud-coréenne Hanwha Ocean. Pour Ahn Gyu-back, ce site est "actuellement dépourvu de la technologie, de la main-d'œuvre et des installations nécessaires".
1 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer