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3 QUESTIONS A-La BCE devrait se montrer prudente après sa nouvelle baisse de taux - Sienna IM
information fournie par Reuters 13/09/2024 à 07:00

(Répétition sans changement d'une dépêche publiée jeudi)

La Banque centrale européenne (BCE) a, comme prévu, poursuivi jeudi son cycle de réduction des coûts d'emprunt en abaissant d'un quart de point son principal taux directeur dans un contexte de reflux des pressions inflationnistes dans le bloc.

Son taux de dépôt est ainsi passé à 3,50%, tandis que le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal ont eux été abaissés respectivement à 3,65% et 3,90%.

Cette baisse intervient après une décision similaire prise en juin, qui marquait alors le coup d'envoi de l'assouplissement monétaire de l'institut de Francfort, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait enclencher le sien la semaine prochaine.

Raphaël Dupuy-Salle, gérant taux chez Sienna IM, commente pour Reuters les annonces de la BCE :

1/ Que retenez-vous des annonces de la BCE ? La baisse plus forte du taux de refinancement est-elle une surprise ?

Les annonces de la BCE sont au final assez consensuelles, à savoir qu'on anticipait une baisse de 25 points de base du taux de dépôt sur le marché monétaire et c'est bien ce qui s'est passé. Le taux de refinancement a été abaissé de 60 points de base en raison d'un effet technique pour corriger le "corridor" qu'il y avait entre le taux de refinancement et le taux de dépôt. La principale raison de cette correction technique est d'anticiper les futurs mouvements qui vont être liés à la baisse du bilan de la BCE. Aujourd'hui, on a un surplus de liquidités toujours très conséquent de 3.000 milliards d'euros. Historiquement, le vrai taux du marché monétaire sur le court terme, celui qui est normalement inscrit dans les taux swaps, c'est l'Ester, qui est lui calé sur le taux de refinancement. Cela veut dire que si on retire les liquidités mois après mois comme la BCE est en train de le faire, le fameux taux au jour le jour, qui est calé sur le taux de dépôt, va remonter vers le taux principal de refinancement. On comprend bien que lorsqu'il y a un corridor de 50 points de base, le chemin est relativement large et cela peut induire de la volatilité pour demain. Ce sont des mesures qui anticipent l'accélération du "quantitative tightening" en 2025. L'idée c'est d'arriver à un corridor de 15 points de base entre les deux taux.

2/ Certains investisseurs parient sur une nouvelle baisse des taux en octobre, puis une autre en décembre. Est-ce trop optimiste ? Que faut-il attendre prochainement ?

Cela va être le gros challenge des deux prochaines réunions de la BCE. Les anticipations de taux post-discours de Christine Lagarde montrent une baisse des taux de 33 points de base pour les deux prochaines réunions. La BCE ne fera jamais une telle baisse. Cela veut donc dire que le marché est partagé entre une et deux baisses à venir. Les taux de swaps à fin décembre montrent une anticipation de baisses de taux de 40 points de base, entre octobre et décembre. Au regard du discours tenu par Christine Lagarde, on peut imaginer que la BCE reste prudente, qu'elle passe son tour en octobre et qu'elle baisse de nouveau ses taux seulement fin décembre. Ceci est le scénario de base chez Sienna sauf si les chiffres d'inflation en zone euro continuent de décroître de manière satisfaisante, la BCE ayant déclaré qu'elle est "data dependent". La BCE sera aussi dépendante de ce que va faire la Fed la semaine prochaine, car les anticipations sur les taux de la banque centrale américaine d'ici la fin de l'année sont très fortes, avec quatre baisses de taux attendues, soit 100 points de base. Si la Fed commence par une baisse de 50 points de base la semaine prochaine, cela va renforcer la probabilité que la BCE puisse faire quelque chose en octobre.

3/ La transmission de la politique de la BCE est-elle efficace ? Où situez-vous le taux neutre ?

Le taux neutre réel en zone euro tourne autour de 2%. Si tout va bien et selon les projections de la BCE, avec une inflation qui reconverge autour de 2% en 2026, et 2,2% en 2025 et une croissance qui ne tombe pas en récession et va au contraire réaccélérer en 2025 et 2026, on peut raisonnablement envisager que le taux final sera de 2% fin 2025.

Concernant l'efficacité de la politique de la BCE, l'effet de l'augmentation des taux sur l'économie et l'inflation est visible à travers l'octroi des crédits, au niveau des entreprises et des particuliers, notamment dans l'immobilier. Pendant ces dernières années, on a assisté à un effet très restrictif en matière d'octroi de prêts. Il y a eu vraiment un resserrement des émissions de crédits. Ce n'est que maintenant que cela commence à s'assouplir à nouveau, parce que les taux baissent. Le resserrement du crédit a eu un effet indéniable sur l'inflation.

(Propos recueillis par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

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