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Immobilier: au Maroc, plus de 1000 acheteurs piégés par une vaste arnaque
information fournie par Le Figaro 04/04/2020 à 07:00

Des spots TV promettaient des logements de rêve: «trois au prix de deux» (Crédits photo : Unsplash - Abdelhamid Azoui )

Des spots TV promettaient des logements de rêve: «trois au prix de deux» (Crédits photo : Unsplash - Abdelhamid Azoui )

Près de 60 millions d'euros auraient été détournés par un promoteur pour des projets inexistants vendus sur plan sans autorisations.

Des spots TV promettaient des logements de rêve: «trois au prix de deux». Ce ne fut qu'un mirage: près de 60 millions d'euros ont disparu, plus de 1000 acheteurs ont été grugés, selon leur avocat. Au Maroc, ce scandale d'une ampleur inédite provoque des remous politiques. Interpellé au Parlement, le chef du gouvernement Saad-Eddine El Othmani a dédouané l'exécutif, suscitant l'indignation des victimes qui en appellent au roi Mohammed VI.

Car si l'homme par qui le scandale est arrivé est maintenant en prison, restent d'innombrables questions sur les responsabilités et complicités qui ont permis cette vaste escroquerie. Placé en détention en novembre, Mohamed el Ouardi, à la tête du groupe Bab Darna, est accusé d'avoir encaissé des chèques de projets vendus sur plan, sans avoir les terrains ni les autorisations, au vu et au su de tous. « La piscine devait être juste là! », ironise Soufiane, quadragénaire, devant le chantier jamais ouvert dans la capitale économique Casablanca, où il a acheté un appartement imaginaire. Un panneau promettait des logements « haut de gamme », la plaquette vantait « menuiserie en bois noble » et marbre à profusion...

Sur une dizaine d'années, le groupe Bab Darna, constellation de sociétés, a encaissé les acomptes pour une quinzaine de projets fictifs dans le Grand Casablanca, détaille un des avocats des victimes, Mourad el Ajouti. Plus de 600 millions de dirhams (57 millions d'euros) auraient été détournés par le promoteur qui « encaissait des avances de 20% à 100% » et « l'argent a disparu », selon lui.

Houria, 49 ans, responsable e-commerce, évoque des « commerciaux très persuasifs » qui l'ont convaincue de ne pas laisser passer « une occasion en or ». Elle y a laissé un acompte de 400.000 dirhams (plus de 35.000 euros) qui devait représenter 20% du prix final de sa villa. Le groupe n'avait en fait « ni les titres de propriété ni les permis de construire », explique l'avocat. Cela n'a pas empêché cette société de sillonner les salons de l'immobilier à Casablanca, Paris ou Bruxelles à grand renfort de publicité. Des palissades de chantiers et des bureaux de vente ont fleuri sur des terrains que le promoteur ne possédait pas. « Les autorités ne savaient-elles pas? Qui le protégeait? », s'interroge Houria qui comme les autres victimes a préféré ne pas donner son nom de famille.

Le gouvernement reconnaît des «pratiques illégales»

Le patron du groupe, Mohamed el Ouardi, 59 ans, est décrit aujourd'hui comme un bonimenteur qui s'est frayé un chemin dans la jungle de l'immobilier. En novembre dernier, des clients finissent par s'impatienter, voyant qu'aucun des projets n'est sorti de terre. Ils s'invitent chez lui. L'homme se confond en excuses et distribue des chèques qui s'avèrent sans provision. Les investisseurs floués reviennent pour l'emmener de force au commissariat.

El Ouardi est placé en détention, avec six complices présumés: le notaire, son directeur financier, des commerciaux. Les faits ont été requalifiés, passant de délits à crimes. Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison. De nombreuses victimes sont issues de la diaspora marocaine, qui compte plusieurs millions d'âmes dans le monde et investit volontiers dans l'immobilier au pays, afin de disposer d'un pied-à-terre pour les vacances ou dans l'optique d'un retour plus ou moins lointain.

Jointe par l'AFP, la ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, Nezha Bouchareb, reconnaît un « certain nombre de dysfonctionnements et pratiques illégales. Nous devons déployer plus d'efforts pour les corriger ». Les ventes sur plans provoquent ainsi régulièrement des scandales, entre publicités mensongères et retards de livraison. Elles sont régies par une loi de 2002, amendée en 2016 pour mieux encadrer les transactions, mais toujours sans décret d'application. Celui-ci est «en cours de finalisation», selon la ministre.

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