
Que contient le label " Finance Europe" ? ( Crédits photo: Shutterstock)
L'Union européenne lance un nouveau label pour orienter l'épargne des citoyens vers les entreprises européennes. Objectif : relier investissement responsable et performance économique. Mais que va réellement apporter ce nouveau label dans le paysage français de l'épargne ?
Début juin, Eric Lombard, ministre de l'Économie et des Finances, accompagné de plusieurs de ses homologues européens, a officiellement lancé le label « Finance Europe ». Cette initiative vise à mobiliser l'épargne des citoyens pour soutenir le développement économique et l'innovation au sein de l'Union européenne. Avec plus de 35.000 milliards d'euros épargnés, mais souvent peu investis localement, l'enjeu est de taille : mettre cette manne au service des entreprises européennes.
Pourquoi un label ?
Trop souvent, l'épargne des Européens dort sur des livrets faiblement rémunérés ou est placée dans des actifs hors d'Europe. Le label « Finance Europe » n'est pas un produit financier en soi, mais un repère pour les épargnants. Il permet d'identifier les fonds et produits qui contribuent réellement au financement des entreprises situées dans l'Espace économique européen. En d'autres termes, il aide à investir utile et rentable à long terme.
Des critères exigeants pour garantir la qualité
Pour obtenir ce label, un fonds d'investissement devra répondre à des exigences claires. Premièrement, au moins 70 % des actifs doivent être investis dans des entreprises européennes. Ensuite, l'accent est mis sur les actions, afin de soutenir le financement en fonds propres. Un autre critère fondamental : l'horizon d'investissement doit être de long terme, avec une durée minimale de détention fixée à cinq ans. Les produits labellisés ne bénéficieront pas de garantie publique de capital, ce qui implique un certain niveau de risque – mais aussi une perspective de rendement plus élevée.
Une mise en œuvre simple et contrôlée
La distribution des produits labellisés reposera sur les réseaux bancaires, compagnies d'assurance et sociétés de gestion. Chaque État membre conservera la responsabilité de contrôler, via ses autorités compétentes, le respect des critères fixés par un référentiel européen commun. Cette décentralisation vise à garantir la transparence tout en permettant une adaptation locale.
Un levier stratégique pour l'Europe de demain
Avec « Finance Europe », les pouvoirs publics espèrent instaurer un cercle vertueux entre épargne citoyenne et croissance économique. Les épargnants y trouvent une opportunité de mieux rémunérer leur capital, tout en participant activement à la prospérité des entreprises du continent. À terme, ce label pourrait devenir un pilier de la souveraineté économique européenne, en renforçant les capacités d'investissement endogènes face aux capitaux extra-européens.
… mais une offre qui s'inscrit dans un paysage déjà dense
Mais la France n'est pas étrangère aux dispositifs de fléchage de l'épargne. PEA, PER, assurance-vie en unités de compte, livret développement durable, fonds ISR (investissement socialement responsable), label Relance ou encore label Greenfin : les incitations à orienter l'épargne des Français vers des investissements « utiles » ne manquent pas.
La question se pose alors : que change réellement « Finance Europe » ? Sur le fond, peu de nouveautés. Le principe d'un label pour valoriser des produits contribuant à l'économie réelle est bien connu. La seule originalité réside dans sa dimension européenne, qui pourrait favoriser une harmonisation des standards d'investissement à l'échelle du continent et renforcer le marché intérieur du capital.
Le principal défi sera donc celui de la clarté et de la pédagogie vis-à-vis des épargnants français, déjà confrontés à un foisonnement de labels et d'offres.
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