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En Pologne, les images choc de vaches malades tuées pour leur viande
information fournie par Le Figaro 28/01/2019 à 20:23

En caméra cachée, un journaliste d'une télévision polonaise filme les coulisses d'un abattoir où des vaches à l'agonie sont abattues puis découpées pour leur viande. La crainte d'un scandale sanitaire européen plane, car la Pologne est l'un des plus importants pays exportateurs de viande de bœuf.

Des images qui donnent la nausée. Dans un abattoir polonais, des vidéos tournées en caméra cachée montrent des vaches à l'agonie, malades, qui ne tiennent plus débout et sont traînées avant d'être tuées puis découpées pour leur viande. Les images ont été tournées par le journaliste Patryk Szczepaniak qui s'est infiltré dans un abattoir de la région de Mazovie. Elles ont ensuite été diffusées dans une émission d'investigation de la chaîne de télévision polonaise TVN24.

Les vidéos montrent des animaux tués clandestinement, de nuit, sans aucun contrôle vétérinaire. Les bêtes sont ensuite découpées et les morceaux issus de ces animaux sont indistinctement mêlés aux autres. Sur les images, les travailleurs de l'abattoir retirent les preuves des maladies des animaux, comme des plaies de pression ou des tumeurs indiquant que les vaches étaient souffrantes et couchées sur le côté pendant des jours. «Les vétérinaires sont censés être là avant, pendant et après la mise à mort, mais après presque trois semaines de travail à l'abattoir, je n'ai vu le vétérinaire que le matin, alors qu'il s'occupait de l'administratif et examinait brièvement la tête des vaches», affirme Patryk Szczepaniak.«Il n'était pas non plus là lors de l'abattage des vaches malades pendant la nuit. Sur le papier, tout va bien, mais en réalité c'était une catastrophe», précise le journaliste.

Après avoir reçu la certification, la viande n'est plus inspectée et sera distribuée auprès des consommateurs ou des sous-traitants. «C'est totalement inacceptable de tuer des animaux dans cet état et de les placer dans la chaîne alimentaire. Vous ne pouvez pas savoir ce qui ne va pas avec les animaux. Vous pouvez le deviner, mais c'est tout ce que vous pouvez faire sans faire un examen post mortem complet», confie au Guardian Paul Roger, président de l'Association vétérinaire pour la science, l'éthique et le droit du bien-être animal, qui a vu les vidéos.

Contactée par Le Figaro , la présidente de l'association vegan L214, Brigitte Gothière, estime qu'il s'agit de vaches laitières particulièrement éprouvées «par les mises bas et les lactations répétitives». «Faire euthanasier des vaches coûte de l'argent à l'éleveur alors que vendues à l'abattoir, elles continuent de rapporter», estime-t-elle. Selon elle, 35% des bovins abattus en France sont des vaches laitières «réformées», «plus rentables, devenues stériles, malades, infectées, qui ne se tiennent plus debout, qui ne se relèvent pas après une mise bas».

80% de la viande de bœuf polonaise est exportée

L'émission révèle en outre que la pratique est courante en Pologne, où les vaches malades sont vendues moins cher à des abattoirs peu scrupuleux. «Cela arrive souvent et cet abattoir n'est pas un cas isolé», affirme Ewa Zydowicz, membre de CIWF, ONG qui encourage les pratiques d'élevage respectueuses du bien-être des animaux de ferme, qui a participé à l'émission. «C'est une activité très lucrative en Pologne puisqu'un abattoir gagne 0,30 zloty (0,23 euro, NDLR) par kilogramme de viande saine, tandis que dans le cas d'un animal malade, le montant atteint 2 zlotis par kg. Cela signifie qu'un abattoir de taille moyenne qui ne vend que de la viande saine peut gagner environ 350.000 zlotys (par an), mais s'il «étend» son activité à la viande provenant d'animaux malades, ce montant peut même atteindre 2,5 millions de zlotys», précise Ewa Zydowicz. Cette dernière ajoute que pour vendre des animaux malades, un site comme SprzedamByka.pl, spécialisé dans la vente de bétail et de matériel agricole, permet aux éleveurs d'entrer en relation avec des abattoirs dans une section dédiée.

Le phénomène est d'autant plus inquiétant que la Pologne est un pays exportateur. Près de 80% de la viande de bœuf produite dans le pays est vouée à l'exportation. En 2017, selon les dernières données publiées par l'ONU, la Pologne a exporté plus de 415 millions de kilos de viande de bœuf, d'une valeur supérieure à 1,5 milliard de dollars.

Il est pour l'heure impossible de savoir si cette viande a quitté la Pologne. «Il n'y a pas de raison qu'elle n'ait pas quitté le marché polonais dans la mesure où elle n'est pas différenciée. Elle aura pu servir à faire des steaks hachés ou des plats préparés», précise Christophe Brusset, auteur de «Et Maintenant on mange quoi?» (chez Flammarion). «Je ne suis pas surpris que l'on rencontre ce genre de problème. J'ai acheté beaucoup de produits dans le pays et les standards de qualité ne sont pas élevés. Je n'y aurais d'ailleurs jamais acheté de viande», ajoute cet ancien de l'agroalimentaire.

«S'il y a la moindre preuve qu'une partie de cette viande a quitté la Pologne, il y aura un risque d'alerte de sécurité à l'échelle européenne, avec la participation de nombreux organismes de réglementation et potentiellement de forces de police de toute l'Europe», confie au Guardian Chris Elliott, professeur de sécurité alimentaire à la Queen's University de Belfast et fondateur de l'Institute for Global Food Security. Contacté, le ministère français de l'Agriculture n'a pas encore réagi. En Pologne, l'opinion publique découvre ces pratiques avec stupeurs, affirme Ewa Zydowicz.

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