
Le Premier ministre japonais Ishiba tient une conférence de presse au lendemain de l'élection de la Chambre haute, à Tokyo
par John Geddie et Tim Kelly
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a promis de rester à son poste lundi, après la défaite de sa coalition aux élections sénatoriales, poussant certains membres de son propre parti à s'interroger sur son avenir alors que l'opposition envisage de déposer une motion de défiance.
Le Premier ministre, en difficulté, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il resterait en poste pour superviser les négociations commerciales avec les États-Unis et d'autres questions urgentes telles que la hausse des prix à la consommation qui pèsent sur la quatrième économie mondiale.
"Je resterai en poste et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour tracer la voie vers la résolution de ces défis", a déclaré Ishiba, ajoutant qu'il avait l'intention de parler directement avec le président américain Donald Trump dès que possible et de fournir des résultats tangibles.
Les analystes estiment que ses jours sont peut-être comptés, puisqu'il a également perdu le contrôle de la Chambre basse, plus puissante, l'année dernière ainsi que des voix dimanche au profit de partis d'opposition, notamment de l'extrême droite.
"La situation politique est devenue mouvante et pourrait conduire à un changement de direction ou à un remaniement de la coalition dans les mois à venir, mais le Premier ministre Shigeru Ishiba restera probablement dans un premier temps pour mener à bien les négociations commerciales avec les États-Unis", a estimé Norihiro Yamaguchi, économiste principal d'Oxford Economics pour le Japon.
Face à la hausse des prix à la consommation, les investisseurs craignent la rivalité des partis d'opposition qui préconisent des réductions d'impôts et des dépenses sociales que le pays le plus endetté du monde peut difficilement se permettre.
Shigeru Ishiba n'envisage pas d'élargir sa coalition mais s'est engagé à collaborer avec les partis d'opposition pour répondre aux préoccupations des électeurs concernant l'inflation. Il a toutefois averti que qu'une baisse des impôts n'apporteraient pas l'aide immédiate dont les ménages ont besoin.
Les marchés japonais sont fermés pour cause de jour férié mais le yen déclinait de 0,50% à 148,08 yens pour un dollar lundi matin.
Pour ajouter à l'anxiété économique, l'absence de progrès du Premier ministre dans la lutte contre les droits de douane qui seront imposés par le principal partenaire commercial du Japon, les États-Unis, le 1er août, semble avoir frustré certains électeurs.
"Si le parti au pouvoir avait répondu ne serait-ce qu'à une seule de ces questions, son taux d'approbation aurait augmenté, mais nous n'avons rien perçu et il semble que les Etats-Unis continuent de nous bousculer", a commenté Hideaki Matsuda, un chef d'entreprise de 60 ans, devant la gare animée de Shinjuku, à Tokyo, lundi matin.
Le négociateur en chef du Japon pour les droits de douane, Ryosei Akazawa, se rend à Washington lundi matin, sa huitième visite en trois mois.
POPULISME
Le Parti libéral démocrate (PLD) de Shigeru Ishiba et son partenaire de coalition Komeito ont obtenu 47 sièges, alors qu'il en fallait 50 pour conserver leur majorité lors de cette élection où la moitié des sièges étaient à pourvoir.
Le chef du principal parti d'opposition, le Parti constitutionnel démocratique (CDPJ), Yoshihiko Noda, a déclaré dimanche qu'il envisageait de soumettre un vote de défiance à l'égard de l'administration Ishiba.
Le CDPJ a obtenu 22 sièges lors du scrutin, arrivant ainsi en deuxième position.
Selon les médias locaux, certains membres influents du PLD ont discrètement exprimé leurs doutes quant au maintien de Shigeru Ishiba à la tête du gouvernement.
Parmi eux, l'ancien Premier ministre Taro Aso, chef d'une puissante faction du parti au pouvoir, a déclaré qu'il "ne pouvait pas accepter" que Shigeru Ishiba reste en poste, a rapporté la chaîne de télévision japonaise TV Asahi.
Les principaux membres du parti, dont Taro Aso, se sont réunis dimanche soir pour discuter de la question de la démission du Premier ministre, a rapporté le journal Sankei.
"Il est naturel qu'il y ait des opinions diverses au sein du parti", a déclaré Shigeru Ishiba lundi.
Le parti d'extrême droite Sanseito, qui ne détenait avant qu'un seul siège à la chambre haute a enregistré les gains les plus importants de l'élection et raflant 14 sièges de plus.
Cette formation est née sur YouTube lors de la pandémie de Covid-19 pour fustiger les vaccins ou "une cabale des élites mondiales" Elle a dénoncé pendant la campagne une "invasion silencieuse" des immigrés dans l'archipel.
Le chef de Sanseito, Sohei Kamiya, ancien gérant de supermarché et professeur d'anglais, a déjà cité les formations d'extrême droite allemande et britannique, l'AfD et "Reform UK", comme modèles possibles.
(Reportage John Geddie, Tim Kelly, Kevin Buckland, Rikako Maruyama et Hiromi Tanoue à Tokyo ; version française Kate Entringer)
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