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Reconfinement: peut-on obliger un sans-abri à accepter un hébergement?
information fournie par Le Figaro 03/11/2020 à 08:55

En pleine crise sanitaire, cette solution suggérée par un sociologue fait polémique au sein des associations d’aide aux sans-abri.

Jusqu’où faut-il pousser un sans-abri à rejoindre un hébergement? La question crispe depuis longtemps les associations et les chercheurs. À nouveau, elle provoque une polémique sur fond de crise sanitaire et de reconfinement général en France. « I l faut être plus ferme qu’on ne l’est actuellement , juge le sociologue Julien Damon. C’est complètement aberrant (d’)imaginer que, dans cette période, les personnes sans-abri n’aient pas aussi à limiter leurs déplacements

Spécialiste de la pauvreté, le sociologue vient de susciter une polémique à l’occasion de la sortie d’un court ouvrage, baptisé « Inconfinables? » et dont la sortie coïncide de manière imprévue avec le reconfinement général décrété fin octobre. Cette étude, publiée sous l’égide de la fondation politique de gauche Jean-Jaurès, part d’une interrogation. Pourquoi, lors du premier confinement au printemps, a-t-on vu autant de gens rester à la rue, malgré l’ouverture de dizaines de milliers de places d’hébergement?

La gestion des sans-abri devrait, selon Julien Damon, être mieux déléguée auprès des élus locaux. Les immigrés clandestins, nombreux dans la rue, devraient voir leur situation réglée plus vite, par une régularisation ou une expulsion. Mais les débats se sont concentrés autour d’un autre point, celui de la contrainte. Selon le sociologue, il faut, dans cette période, être plus « directif » pour que les sans-abri rejoignent un hébergement.

Les réactions ont été vives de la part de plusieurs acteurs de terrain, en premier lieu, les associations d’aide aux sans-abri, qui estiment que cette proposition n’est ni souhaitable, ni réaliste. À la fondation Abbé-Pierre, le directeur des études, Manuel Domergue, a ironiquement qualifié Julien Damon de « génie », rapportant que des milliers de requêtes d’hébergement sont rejetées quotidiennement au 115, numéro d’aide d’urgence aux sans-abri.

« Un hébergement par la contrainte poserait d’évidents problèmes éthiques » et « ne ferait que déplacer le problème », a renchéri dans La Croix Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars) qui regroupe plusieurs centaines d’organisme. « Cela consisterait à expulser de leur lieu de vie des personnes qui n’en ont pas d’autres et qui sont extrêmement fragiles », a-t-il insisté.

Pour les opposants à la contrainte, c’est à la fois une atteinte à la liberté et une mesure contre-productive. Ils soulignent que certains sans-abri sont absolument rétifs à quitter leur environnement habituel pour un hébergement où ils craignent de ne pas être en sécurité ou ne pas pouvoir emmener leurs biens. « Aujourd’hui, un consensus semble exister entre le monde associatif et le gouvernement actuel , remarque Édouard Gardella, sociologue au CNRS et spécialiste des politiques publiques en matière de sans-abri. Ce consensus est l’expression d’un processus historique qui valorise de plus en plus la coopération pour résoudre les problèmes des personnes sans abri, et qui dévalorise de plus en plus l’usage de la répression »

De fait, comme au printemps, le gouvernement a confirmé que l’usage de la force n’était pas au programme. « Notre objectif est d’ouvrir suffisamment de places pour permettre aux personnes qui le souhaitent de se mettre à l’abri , a déclaré lundi Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, lors d’une conférence de presse. Nous n’envisageons pas du tout la contrainte »

Julien Damon se défend d’appeler à toute « législation d’exception » et estime surtout que les associations devraient être plus insistantes sur le terrain. « Que les équipes qui vont au-devant de ces personnes se donnent pour objectif que sur huit personnes qu’elles rencontrent, cinq acceptent », suggère-t-il. Le sociologue juge possible de mieux informer les sans-abri les plus rétifs sur les nouveaux hébergements créés à l’occasion de la crise sanitaire.

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