Le chantier est lancé pour doter le quartier d’affaires d’un espace vert de 5 hectares s’appuyant sur une trame existante. Un enjeu de confort et d’image.
Des arbousiers, chênes, érables, lilas, iris, pins, nymphéas... à quelques mètres de la tour TotalEnergies ou du centre commercial Les 4 Temps ? Non, vous ne rêvez pas, c’est bien la végétation que l’on va retrouver sur la dalle de béton de La Défense d’ici trois ans. Le quartier d’affaires de l’Ouest parisien vient en effet de présenter le chantier de son futur Parc, lancé il y a peu. «Ces travaux marqueront la fin d’une séquence de 10 ans lancée en 2018 avec un engagement d’investissements lourds pour rénover et moderniser les espaces publics de La Défense» , souligne Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense. Après ce chantier, qui doit s’achever à la mi-2028, il ne restera plus qu’à traiter (et à financer) le parvis de La Défense, au pied de la Grande Arche.
Le chantier, qui représente un budget de 29 millions d’euros de travaux (hors taxes) pour un coût global (HT) de 40 millions, doit permettre d’apporter un poumon vert de 5 hectares avec de l’agrément pour tous les occupants du quartier: salariés, étudiants, habitants, personnes de passage. Ce sera à terme le plus grand parc sur dalle de France. Au-delà du confort, La Défense qui peine actuellement à remplir ses tours ( l’une des dernières, la prestigieuse tour Hekla n’est loué qu’au tiers, trois ans après le lancement de sa commercialisation ) ne cache pas que cet espace vert représente un gros enjeu d’image pour attirer de nouveaux occupants. «Pour ceux qui ne connaissent pas La Défense, la dalle est un marqueur négatif des années 1970, admet Pierre-Yves Guice. Ils la voient comme un endroit trop chaud l’été et trop froid l’hiver.»
Beauté classique
Pour changer tout cela, la création de ce parc a été confiée à l’architecte-paysagiste Michel Desvigne et à son agence qui travaille sur bon nombre de grands projets actuels de végétalisation. Et comme le souligne ce dernier, son projet n’a rien d’une création ex nihilo et s’appuie fortement sur l’existant en respectant cet héritage. On ne s’en rend pas forcément compte mais l’Esplanade de la Défense est d’ores et déjà une coulée verte comptant 535 platanes, tilleuls et petits arbres dont bon nombre ont été plantés dès l’origine. «Ces espaces verts ont été conçus par l’Américain Dan Kiley, qui a su apporter une lecture moderne de l’espace classique à la française, souligne Michel Desvigne. Il a su apporter cette beauté classique tout en employant une approche technique efficace avec jusqu’à 2 mètres de terre et une étanchéité bien maîtrisée qui ont permis de conserver ces végétaux jusqu’à nos jours.»
Cependant ce schéma classique avec deux grands types de végétations (tilleuls et platanes) est un peu minimaliste à une époque où l’on apprécie la végétation de type forêt naturelle. La proposition de Michel Desvigne a donc été de conserver tout l’existant tout en apportant deux strates supplémentaires: une série de plantations couvrantes qui viendront remplacer une partie du béton et une série de grands arbres qui créeront des émergences plus hautes que ce qu’il y a aujourd’hui. «Actuellement, l’espace est conçu comme une avenue, demain ce sera un système beaucoup plus transversal avec un ensemble de salles, de jardin de poche» , précise Michel Desvigne.
Des arbres de 8 mètres de haut
Au terme des trois tranches de travaux prévus, la dalle recevra 314 nouveaux arbres issus de 24 espèces dont les plus hauts culmineront à 8 mètres . Le tout formera un jardin de 5 hectares, l’équivalent de 5 fois la Place des Vosges, s’étalant sur 600 mètres de long. L’espace qui compte actuel 30% de verdure pour 70% de zones minérales va inverser la proportion avec pas moins de 7700 m² de surfaces qui seront désimperméabilisées. Et pour l’agrément, 100% des pelouses crées seront accessible au public qui bénéficiera également de 6 nouveaux bassins en eaux créés entre les 2 existants. Si le choix des espèces plantées peut sembler «exotique» ou du moins méditerranéen, il ne doit rien au hasard. Il correspond à l’adaptation au réchauffement climatique et reprend des espèces testées ponctuellement sur place depuis des années.
Ces très coûteux travaux permettront par ailleurs de gérer au passage diverses problématiques. Ce sera notamment l’occasion de refaire l’étanchéité de la dalle en de nombreux secteurs, en dehors de ceux où sont plantés des grands arbres que l’on ne peut déplacer. Par ailleurs, l’apport de terre permettra de supprimer certains escaliers et de créer des pentes douces plus accessibles, tout en permettant une meilleure rétention de l’eau pour les plantes. Quant aux dalles restant sur place, elles seront remplacées par des versions beaucoup plus lisses et esthétiques conçues pour laisser passer l’eau qui sera drainée et récupérée. Enfin, pour renforcer la «parenté» avec les deux autres jardins de l’Axe historique reliant la pyramide du Louvre à la Grande Arche, les allées recevront du sable stabilisé bien plus clair que celui utilisé actuellement, rappelant ce que l’on retrouve aux Tuileries ou aux jardins des Champs-Élysées.
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