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En Bretagne, un bourg confronté à une pénurie record de logements : 200 demandes par offre de location
information fournie par Le Figaro 04/10/2025 à 21:23

Pour réduire la tension locative, le patron d’une PME s’est même lancé dans la construction de 41 maisons. Une initiative devenue un projet fédérateur au sein de son entreprise.

Ce n’est ni une station balnéaire, ni une grande métropole. Seulement un bourg de 1900 habitants comme il en existe tant en France. Il est situé dans le département du Morbihan , perdu au milieu des terres, à 100 km de Lorient à l’ouest et de Saint-Brieuc au nord. On peine à le croire mais Beignon connaît une grave pénurie de logements . Aussi dramatique que celle qui frappe, entre autres, Paris, Lyon, Bordeaux ou encore Nantes. « Ici, les logements partent dans l’heure ou dans la demi-journée. On est à 200 demandes par offre de location », explique Dominique Lamballe, le patron de FenêtréA, une société de 550 salariés installée sur place, spécialisée dans la fabrication de fenêtres, portes et autres volets.

Il y a plusieurs explications à la crise du logement qui touche cette jolie commune. À Rennes, située à 35 km, l’immobilier a poussé à la verticale – avec la multiplication des immeubles -, contraignant ceux qui voulaient vivre dans des maisons individuelles à s’éloigner, jusqu’à Beignon et ses environs où la tension immobilière est allée crescendo. Les communes alentour accueillent aussi l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan qui forme les officiers de l’armée de terre ainsi que de nombreuses entreprises plutôt dynamiques. Le revers d’un taux de chômage à 5 %, c’est qu’il faut des logements à proximité, beaucoup de logements. Car le réseau de transports publics est maigre et la voiture onéreuse, quand le prix des carburants flambe.

Un terrain acheté au prix de 64 euros le m²

Voilà qui ne fait pas les affaires de la PME. Elle doit composer avec cette contrainte alors qu’elle recrute chaque année 30 à 40 personnes, en privilégiant ceux qui vivent dans un rayon de 25 km. « En 2027, quand notre deuxième usine commencera sa production, nous devrons faire une centaine d’embauches », s’inquiète Dominique Lamballe. Il tente, depuis des années, de sensibiliser les élus locaux au problème. La maire de Beignon l’a entendu mais lui a, en quelque sorte, renvoyé la balle. « Elle m’a proposé un terrain à construire sur la commune et j’ai accepté le projet », raconte le patron. Sur ce terrain de 10.900 m² -vendu par la commune au prix de 64 euros le m²-, vont pousser 41 maisons de 2 à 4 chambres, avec garage et jardin. Le «jeune» maître d’ouvrage, qui ne connaissait pas grand-chose au bâtiment à l’exception des ouvrants, a sélectionné un architecte et les entreprises -« toutes locales »- qui viabiliseront le terrain et construiront les fameuses maisons. Coût total de l’opération : 7,3 millions d’euros, achat du terrain compris.

Pour l’heure, tout se passe bien. Lancée en juin dernier, la première tranche de 12 maisons avance à bon rythme, alors que deux autres suivront. Mi-septembre, les fenêtres des premières maisons ont été posées, fournies bien sûr par la société. « Nous venons de lancer ce modèle de fenêtres. Ce sont les meilleures de France ! », s’enorgueillit Dominique Lamballe. Pour l’occasion, des salariés ont pris la pose, pas peu fiers de figurer sur la photo. Sur les 12 maisons de cette première tranche, 8 sont proposées à la location et 4 autres seront vendues parce que, souligne le patron de la PME, « il faut rentabiliser » le projet. Pour ces biens immobiliers aux dernières normes énergétiques -« quasi passifs » et étiquetés A -, les loyers oscilleront « entre 700 à 850 euros ». Une maison de 71 m² - deux chambres et un bureau - est à la vente dans une des agences immobilières du bourg au prix de 203.190 euros.

Attention aux tensions

Certes, l’employeur n’ignore pas les tensions que pourrait susciter le projet, entre ceux qui obtiendront une location et ceux qui verront leur dossier rejeté. Mais il a fixé des règles pour faire les choses au carré. « Une société à part a été créée. Et, bien évidemment, un salarié quittant l’entreprise ne sera pas obligé de rendre la maison qu’il loue à cette société. Il y a des lois et nous les respecterons », indique le patron, qui souhaiterait à terme revendre l’ensemble des maisons louées.

Alors que de plus en plus d’employeurs sont aussi confrontés aux lourdes conséquences de la pénurie de logements, Dominique Lamballe affirme avoir déjà reçu une centaine d’appels de patrons des quatre coins de la France, désireux en savoir plus sur le projet et sur la manière dont il est conduit. « Dès qu’on m’appelle, je réponds et je prends le temps d’expliquer ». L’initiative est aussi un sacré coup de pub pour son entreprise qui a eu droit à nombre d’articles dans la presse locale et nationale.

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