Les ménages les plus modestes ont vu leur capacité d’emprunt fondre en 18 mois. (nattanan23 / Pixabay)
La forte et rapide hausse des taux de crédit immobilier entre décembre 2021 et mai 2023 a fait fondre la capacité d'emprunt des ménages, et en particulier des plus modestes. Une situation qui vient s'ajouter aux nombreuses difficultés actuelles du marché de l'immobilier, et qui pourrait s'aggraver d'ici la fin de l'année.
Alors qu’il était aux alentours de 1 % en décembre 2021, le taux d’emprunt moyen sur vingt ans est passé en mai 2023 à 3,25 %. Une hausse rapide et importante qui a forcé de nombreux ménages à remettre à plus tard leur projet d’achat immobilier ou à réduire leurs ambitions. Avec ces taux moins avantageux, la capacité d’emprunt des ménages a diminué d’environ 20 % en moyenne sur ces 18 derniers mois, selon une étude d’Empruntis rapportée par Le Parisien . Mais cette diminution varie en fonction des caractéristiques du ménage.
Les primo-accédants plus touchés
En premier lieu, ce seraient ainsi les ménages les plus modestes qui ont vu leur capacité d’emprunt fondre. Entre décembre 2021 et mai 2023, cette capacité est passée de 158 000 euros à 128 000 euros sur 20 ans (-18,29 %) pour un primo-accédant avec des revenus mensuels de 2 200 euros.
Même chose pour un couple de trentenaires avec trois enfants dont les revenus mensuels sont de 6 000 euros. Sur les 18 derniers mois, leur capacité d’emprunt sur 20 ans est passée de 437 000 euros à 354 000 euros (-19,01 %). Seuls certains ménages aisés s’en sortent légèrement mieux. Un quinquagénaire avec des revenus mensuels de 8 000 euros aurait ainsi vu sa capacité d’emprunt sur 20 ans baisser de 591 000 euros à 487 000 euros (-17,62 %) depuis décembre 2021. Il conserve toutefois la possibilité d’emprunter sur quinze ans pour limiter la perte.
Des difficultés supplémentaires
Ces baisses sont par ailleurs « la partie émergée de l’iceberg » , selon Cécile Roquelaure, directrice des études du courtier Empruntis. Les ménages sont aussi mis en difficulté par un taux d’endettement limité à 35 % des revenus sur 25 ans, ce qui bloque un certain nombre de dossiers. La situation est également difficile sur le marché de l’immobilier, avec une pénurie de biens dans le neuf, un effondrement des mises en chantier, ou encore les problèmes liés aux obligations de rénovation énergétique.
Pour faciliter les achats côté ménages, il faudrait ainsi qu’une hausse des revenus et une baisse des prix de l’immobilier viennent compenser l’inflation. Des évolutions qui pourraient se faire attendre, alors que les taux continuent de cheminer vers les 4 %.
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