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Ce propriétaire a appris la démolition de son immeuble une fois le chantier lancé
information fournie par Le Figaro 08/02/2023 à 06:00

(Crédits photo : Unsplash - Gene Gallin  )

(Crédits photo : Unsplash - Gene Gallin )

Un couple de propriétaires a été prévenu en début d'après-midi que son immeuble allait être démoli alors que le chantier avait déjà commencé le matin même, à Perpignan.

Des numéros 36, 38 et 40 rue Llucia, dans le quartier Saint-Jacques, à Perpignan, il ne reste rien. Si, des gravats, comme le remarque L'Indépendant . Des matelas échoués sont encore visibles ainsi qu'une porte d'entrée soudée. Les édifices ont été démolis , après un arrêté municipal. Les habitants ont été pris au dépourvu et affirment n'avoir été informés qu'une fois le chantier commencé.

Un couple de propriétaires vivant dans l'Ain (01) a été prévenu à 13h30 alors que la démolition du numéro 38 de la rue Llucia a commencé le matin même. « En 25 ans de métier, je n'ai jamais vu cela, qu'on commence une démolition sans en informer le propriétaire », se révolte Maître Sophie Lucas, avocate du couple. Louis Aliot (RN), maire de Perpignan, reconnaît que la démolition a eu lieu dans l'urgence. « C'est ça le péril imminent. On n'a pas le temps une semaine avant d'avertir tout le monde. Pour cette bâtisse, le péril a conditionné l'intervention des services », argue-t-il.

L'avocate du couple déplore que ses clients n'aient pas été prévenus de la démolition pour pouvoir récupérer le mobilier installé dans l'immeuble: « des cuisines équipées toutes neuves, des radiateurs de dernière génération, de nouvelles fenêtres », énumère-t-elle. Surtout que pour l'avocate, l'immeuble est en mauvais état depuis longtemps. « Rien ne justifie que soudainement on démolisse l'immeuble alors que son état est connu de longue date. La situation n'est pas plus grave qu'elle l'était il y a 9 mois. On aurait pu consolider le bâtiment », assure-t-elle.

Quatre maisons déjà tombées

Maître Sophie Lucas pense que la saisie du juge judiciaire par les propriétaires qu'elle représente au mois de décembre a accéléré le processus. « L'audience était fixée le 18 janvier et l'immeuble a été démoli le 13 janvier. L'immeuble est démoli donc il n'y a plus de preuve. L'expert ne peut plus constater la carence de la commune. » Mais Louis Aliot brandit un autre argument: « On refait la voirie de cette artère de centre-ville très abîmée, dans le cadre de la rénovation urbaine. Des experts se sont rendu compte que la situation s'était aggravée pendant les travaux de réfection avec un risque d'effondrement », assure-t-il.

Cette affaire remonte à l'année 2020, lorsque les clients de Maître Sophie Lucas acquièrent cet immeuble en viager. « Le quartier est insalubre avec des constructions en torchis qui se dégradent et qui ont toutes des problèmes structurels réels, il n'y a pas de doute là-dessu s», reconnaît l'avocate. Les propriétaires savaient que la commune avait pour projet de rénover le quartier et ils pensaient faire une plus-value par la suite mais ils étaient loin d'imaginer que rénovation rimerait avec destruction. « Je ne veux pas me retrouver dans la situation du maire de Marseille ou de la mairesse de Lille avec des maisons qui tombent avec des gens à l'intérieur. Quatre maisons sont déjà tombées à Perpignan et il y a même eu un mort », justifie le maire de la ville.

Lutter contre l'habitat indigne

Les propriétaires avaient tenté de réaliser des travaux communs avec l'immeuble voisin, au numéro 40 de la rue, dont la mairie est devenue propriétaire en 2021, mais ils n'ont jamais pu obtenir de réponse. « Tous les bâtiments se tiennent. Si l'un tombe, l'autre tombe aussi. Tous nos courriers recommandés sont restés sans réponse pour rénover le numéro 40 », assure l'avocate des propriétaires du numéro 38. Le numéro 40 a également été démoli et des logements sociaux pousseront à sa place « dans un quartier très abîmé où les gens vivent dans des habitats insalubres », assure Louis Aliot.

La mairie met en avant une ordonnance du Tribunal administratif de Montpellier rendue le 1er février qui a rejeté la demande d'un autre propriétaire de la rue Llucia de faire cesser la destruction des immeubles. « Cette mesure d'urgence validée par le Tribunal administratif de Montpellier confirme, si besoin en était, toute la légitimité de la politique menée par la municipalité pour lutter contre l'habitat indigne et plus généralement réhabiliter le quartier Saint-Jacques », peut-on lire dans un communiqué de la mairie. Pour le moment, les propriétaires sont dans l'expectative mais ils vont de toute façon faire une action en indemnisation. « Déjà, la mairie ne fait pas payer la démolition à mon client, ce qui aurait pu être le cas. Mon client qui a tout perdu aurait dû en plus sortir de l'argent », déclare l'avocate qui tente de rester positive.

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