Trente ans après l’intervention de Ricardo Bofill pour créer le siège mondial d’Axa, c’est un autre célèbre cabinet d’architecte qui adapte les lieux aux nouvelles façons de travailler.
À chaque époque sa modernité. Dans les années 1990, Claude Bébéar avait confié à l’architecte Ricardo Bofill le soin de concevoir le siège mondial du groupe d’assurance. L’audace du moment avait été de réunir un hôtel particulier du XVIIIe siècle et deux bâtiments modernistes sur près de 20.000 m² dans le secteur parisien de l’avenue Matignon (8e arrondissement). Plus de 30 ans plus tard, le principe de cette alliance fonctionne toujours mais l’endroit répondait beaucoup moins aux modes de travail actuels. Peu avant la crise sanitaire, une réflexion avait alors été menée avec l’architecte Philippe Chiambaretta et son cabinet PCA-Stream afin de mieux coller à l’époque. Il est vrai que ce dernier s’était déjà fait remarquer sur cette capacité d’adaptation avec son immeuble Cloud et c’est encore à lui que l’on devra les espaces de travail de The Link, à La Défense, futur plus haut gratte-ciel de France .
« Dans notre diagnostic de l’existant, nous avions constaté que l’ensemble fonctionnait assez mal avec un accès décentré et une distribution très compliquée, explique Philippe Chiambaretta. Par ailleurs le jardin était largement sous-utilisé et les espaces collectifs et collaboratifs, particulièrement recherchés actuellement, n’existaient pas. » Résultat: même si l’ensemble comprend toujours les trois immeubles d’origine, un immense chantier a dégagé tout l’espace intérieur en profondeur pour réaliser un gros travail d’infrastructure. Un peu à la manière du Louvre, l’entrée latérale ancienne a été abandonnée pour un accès plus central par le dessous (néanmoins éclairé par de la lumière naturelle) desservant les trois ailes du site.
Auditorium de 300 places
Depuis l’inauguration des lieux il y a quelques semaines après trois ans et demi de travaux, l’entrée se fait donc au 21, avenue Matignon (au lieu du 25 auparavant, correspondant à l’hôtel particulier dit de La Vaupalière). Le passage en sous-sol donne accès à un vaste espace bénéficiant de grandes baies vitrées et où l’on peut se faire servir son café, manger le midi mais aussi venir bavarder, échanger, travailler à tout moment de la journée. L’espace est parfaitement modulable et totalement dans un esprit «hôtel de travail» défendu par Philippe Chiambaretta. Même modularité pour le «business center» également installé en sous-sol avec son auditorium de 300 places, accessible en interne mais pouvant être isolé et confié à d’autres utilisateurs si besoin.
Le jardin, quant à lui, est désormais présenté comme un «pivot» du projet. Conçu avec Coloco, Camille Muller, Mugo et l’Atelier Franck Boutté, l’endroit offre un paysage en pleine terre sur dalle. La végétation déjà abondante doit apporter fraîcheur, biodiversité mais aussi convivialité avec ses tables et bancs. À l’intérieur, le bâtiment enserrant l’hôtel de La Vaupalière a eu droit à de nouvelles coursives et à un travail sur l’acoustique qui améliorent le dialogue entre les bâtiments anciens set moderne. Quant à l’immeuble du 6, rue Rabelais, c’est lui qui a eu droit aux modifications les plus substantielles. En s’alignant sur la rue, l’immeuble a gagné près de 1400 m², seul gain de surface de ce gros projet portant sur près de 20.000 m².
Et sur l’arrière du bâtiment ouvrant sur le jardin, la façade s’est prolongée de balcons asymétriques. Un ajout synonyme de confort pour les personnes travaillant dans l’immeuble et un signe visuel fort, hommage assumé à la peinture de Mondrian qui vient animer une façade jusque-là purement géométrique... et un peu triste. Au final, les lieux sont prévus pour 1300 personnes travaillant en «flex office», à raison de 0,6 poste de travail par salarié soit près de 800 postes de travail équipés. Il est vrai aussi que les surfaces de travail collaboratif ou dédiées à l’événementiel (pour des salariés, invités, clients ou externes) sont particulièrement importantes et représentent près de la moitié de l’espace, conformément aux demandes d’Axa. Autre tendance lourde: rogner sur les places de parking pour les voitures qui passent de 140 à 100, les vélos bénéficiant quant à eux d’un large espace.
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