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Ces Français adeptes de la «chasse aux trésors» dans les enseignes de déstockage
information fournie par Le Figaro 11/03/2023 à 08:00
Temps de lecture: 4 min

(Crédits photo : Unsplash - Clem Onojeghuo )

(Crédits photo : Unsplash - Clem Onojeghuo )

Alors que les budgets sont particulièrement serrés par l'inflation, ces magasins séduisent une clientèle de plus en plus large. Qui cherche à faire des économies, mais aussi à s'offrir des petits plaisirs.

« Ça rend l'inaccessible, accessible », s'enthousiasme Ana, 37 ans. Depuis cinq ans, elle fréquente régulièrement les déstockeurs: « J'ai moins honte qu'avant », reconnaît-elle, « et les économies réalisées sont vraiment avantageuses .» Décoration, textiles, bijoux ou encore alimentation... ces magasins sont de véritables cavernes d'Alibaba. Si les rayons sont régulièrement en désordre, les prix sont en effet très intéressants. Avec l'inflation qui ne cesse d'augmenter, de plus en plus de Français poussent la porte de ces magasins, qui ont réussi à dépoussiérer leur image. Parmi les enseignes plébiscitées : le néerlandais Action , qui compte aujourd'hui plus de 700 magasins en France, Noz, anciennement Le Soldeur, qui en a plus de 320 et Stokomani, qui en compte 130.

Pour ses courses alimentaires, Ana se rend dans le magasin Destock'halles à Monteaux, dans le Vaucluse. « En février, j'ai payé 250 euros d'alimentation pour un mois, pour quatre personnes, avec de la viande, du fromage, de la crémerie et un peu de légumes », précise-t-elle, « les prix sont imbattables ». Pour faire baisser la facture, la mère de famille épluche les promotions et n'hésite pas à acheter des produits à la limite de leur date de péremption, qu'elle congèle pour consommer plus tard. Elle complète ses courses par quelques achats à la supérette de son village, pour un montant de 100 à 150 euros par mois.

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«Ça modifie nos habitudes»

Si les prix sont attractifs, Ana reconnaît toutefois qu'il faut composer avec l'offre proposée en magasin : « On achète ce qu'il y a, ça modifie nos habitudes. Quand on n'a pas les moyens de manger comme on veut, ce n'est pas très grave s'il y a du poulet plutôt que du porc, on s'en fiche car il s'agit quand même de viande. » La trentenaire travaille dans l'artisanat et son compagnon est auto-entrepreneur. À deux, ils gagnent 2500 euros nets mensuels, mais « n'ont plus le droit de se rendre à l'épicerie sociale ». Il faut donc composer avec les moyens du bord.

Au-delà de ces nécessaires économies sur le budget alimentation, Ana se rend régulièrement chez Noz, à Beaune pour se faire plaisir. Elle y achète principalement des cadeaux et du matériel artistique, et se laisse tenter par quelques « coups de cœur » s'ils ne dépassent pas 20 euros. Elle a toutefois du mal à acheter les stocks d'entreprises fermées pour faillite, comme Camaïeu ou Made.com , dont les produits ont été récemment rachetés par Noz. « J'ai l'impression de profiter du malheur des autres », souffle-t-elle.

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«Le pire comme le meilleur»

Chaque semaine, les déstockeurs proposent de nouvelles références, suivant leurs arrivages. Sur Facebook, des dizaines de groupes recensent au quotidien les produits les plus intéressants. Il y en a pour tous les goûts, et pour toutes les bourses. « Noz, c'est le magasin des surprises, le pire comme le meilleur », indique Charlotte, 59 ans, qui côtoie cette enseigne depuis une trentaine d'années. Si elle relève des différences de qualité notoires entre les produits, Noz lui est toutefois indispensable : « Ce n'est pas que pour le superflu, c'est le seul moyen pour moi de pouvoir me vêtir et de me chausser dans mon budget plus que limité. » Chaque mois, cette accompagnante des élèves en situation de handicap touche 903 euros, à temps partiel.

« Avec l'inflation galopante que l'on connaît, je ne redoute qu'une chose : c'est la fermeture de mon magasin préféré. Ce serait un vrai problème pour moi », indique-t-elle. Chez les déstockeurs, les tarifs sont a minima 30% moins chers par rapport aux grandes surfaces. Certains produits défient même toute concurrence, comme un sachet de Noix de Saint-Jacques surgelées d'1,5 kg à 10 euros chez Noz, contre 14 euros pour 500 grammes au supermarché classique. Pour Charlotte, « il ne faut pas avoir peur de la qualité - qui est au rendez-vous - et oser acheter de l'alimentaire ». Selon elle, « il faut aussi avoir le temps de chasser les bonnes affaires et de fouiller les magasins ».

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Toutes les classes sociales

Cette « chasse aux trésors » attire d'ailleurs plus d'un consommateur. « Les magasins ressemblent à des brocantes et j'adore m'y rendre pour chiner les meilleurs articles », relève Odile, 62 ans, qui espère trouver « des surprises ». Contrairement à Ana et Charlotte, cette directrice des ressources humaines n'a pas de budget limité, avec un salaire à plus de 5500 euros mensuels. Elle achète ainsi peu de nourriture, et s'oriente davantage vers des vêtements « de marques anglaise ou italienne », « des cosmétiques et des objets de décoration ».

Les déstockeurs ont ainsi autant la cote auprès des classes populaires, moyennes et supérieures, et ne sont donc pas près de désemplir. « Entre février 2022 et janvier 2023, au moins six Français sur dix ont été au moins une fois dans ces magasins », relève Emily Mayer, directrice Business Insights chez IRI « et les ventes en volume ont bondi de 21% durant cette période ». Selon l'experte, si les autres consommateurs ne fréquentent pas les déstockeurs, ce n'est pas par désintérêt mais parce qu'un « magasin est trop loin de chez eux ».

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'Action a engagé un plan d'extension national pour multiplier ses infrastructures sur le territoire. En 2021, l'enseigne avait réalisé un chiffre d'affaires de près de 3 milliards d'euros, tous pays confondus, contre 550 millions d'euros en 2021 pour Noz et Stokomani.

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