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Le roman sur les colons français qui fut naguère bienvenu en Algérie
information fournie par AFP 28/08/2025 à 12:52

La romancière Claire Messus à Paris, le 20 mars 2025 ( AFP / JOEL SAGET )

La romancière Claire Messus à Paris, le 20 mars 2025 ( AFP / JOEL SAGET )

On pouvait, encore récemment, faire en Algérie la promotion d'un roman parlant d'une famille française du temps de la colonisation. Claire Messud, l'une des autrices de la rentrée littéraire, peut en témoigner.

Le roman, "L'Étrange Tumulte de nos vies", aux Éditions Bourgois, est paru aux États-Unis en mai 2024. Il est publié en français jeudi.

Cette autrice anglophone avec trois nationalités (américaine, canadienne et française) écrit là une histoire de pieds-noirs qui, au moment de l'indépendance algérienne en 1962, choisissent le continent américain. C'est celle de sa famille, que le livre raconte à partir de 1940 en Algérie française.

Le roman, sautant de 1953 à 1963, fait l'impasse sur toute la guerre qui mena à cette indépendance. Puis il parle de l'Algérie sur un ton nostalgique.

Sous la présidence de Joe Biden, l'ambassade des États-Unis avait eu l'idée de faire venir Claire Messud au Salon international du livre d'Alger, programmé en novembre 2024. "J'ai pensé: comment pourrais-je ne pas y aller?", a-t-elle raconté à l'AFP, lors d'un passage à Paris en mars 2025.

Ce salon, l'éditeur français Gallimard en a ultérieurement été banni, pour avoir publié un roman sur la décennie de guerre civile algérienne en 1992-2002, "Houris" du Franco-Algérien Kamel Daoud, prix Goncourt. Kamel Daoud a aussi été visé par la suite par des mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie pour répondre d'atteintes à la vie privée.

- Algériens "très accueillants" -

À 58 ans, la romancière, née dans le Connecticut et qui a passé sa jeunesse en Australie, a elle pu se rendre pour la première fois en Algérie, ce pays dont ses aïeux parlaient avec regret.

Les cas de descendants de pieds-noirs empêchés de voir la terre de leurs ancêtres sont fréquents. Claire Messud le savait au moment de demander son visa.

À l'ambassade algérienne à Washington, "j'ai dit: vous avez lu le livre? Ils ont répondu non. Et j'ai dit: vous devriez regarder avant que je vienne". Selon elle, seule une partie de cette saga familiale fut parcourue. Aucune question sur l'origine de son nom, typique du Maghreb. Ainsi fut-elle autorisée à décoller pour Alger.

Elle ne garde que de bons souvenirs de son séjour, ceux d'Algériens "très accueillants".

"C'était extraordinaire. J'ai pu aller devant le lycée où mon père a été scolarisé, dans la rue où il a grandi, devant le cinéma où ils se rendaient chaque semaine, la mosquée qui avait été une église où mes grands-parents se sont mariés... J'ai pu vivre tout cela", se souvient-elle.

- "Toutes sortes de migrations" -

Elle repense aussi aux efforts de l'ambassade des États-Unis, à une époque où la culture faisait partie de ses missions, pour montrer que le pays n'exporte pas que des films et des séries. La Maison Blanche, depuis le second mandat de Donald Trump, a demandé au département d'État de cesser ce genre d'activité superflue.

"C'était en quelque sorte touchant", explique la romancière, "ces attachés culturels qui essayaient de faire la promotion de la culture américaine auprès des Algériens". Tâche ardue avec un roman qui, dans sa version française, atteint 500 pages.

En France non plus, la littérature étrangère n'est pas simple à vendre. "L'Étrange Tumulte de nos vies" fait partie des 30 titres candidats au prix du roman Fnac, qui sont eux-mêmes la partie émergée de l'iceberg des 484 romans de la rentrée littéraire.

"L'un de mes espoirs est que cette histoire qui évoque une migration parle de toutes sortes de migrations", dit son autrice.

Le Salon du livre d'Alger auquel avait participé Claire Messud se terminait le 16 novembre. C'était le jour où un autre écrivain également français, et par ailleurs algérien, Boualem Sansal, y atterrissait en provenance de Paris. Cet ancien haut fonctionnaire algérien, devenu très critique du pouvoir, est emprisonné depuis cette date. Il purge une peine de cinq ans pour "atteinte à l'unité nationale".

5 commentaires

  • 14:06

    De la guimauve. En Algérie ceux qui disent et écrivent la vérité sont en prison.


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