La question centrale de l'approvisionnement en énergie pour de futures missions lunaires fait l'objet d'une compétition disputée, de Washington à Pékin en passant par Moscou. Le nouveau chef de l'agence américaine appelle à forcer le pas, sous la pression des ambitions spatiales fluctuantes de l'administration Trump.

Les Etats-Unis souhaitent installer un réacteur nucléaire sur la Lune avant la fin de la décennie (illustration) ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / BRUCE BENNETT )
Les grandes manoeuvres visant au retour sur la Lune se poursuivent. Quelques mois après une annonce conjointe sino-russe sur le sujet, la Nasa a indiqué qu'elle va accélérer ses démarches pour installer un réacteur nucléaire sur la Lune d'ici à la fin de la décennie.
Prendre le rival de vitesse
"Il est impératif que l'agence agisse rapidement", insiste l'administrateur par intérim de la Nasa, Sean Duffy, dans une directive relayée par plusieurs médias américain, dont Politico , et transmise mardi 5 août à l'AFP. "Depuis mars 2024, la Chine et la Russie ont annoncé à au moins trois reprises leur intention commune d'installer un réacteur sur la Lune d'ici le milieu des années 2030. Le premier pays à le faire pourrait potentiellement déclarer une zone d'exclusion, ce qui empêcherait considérablement les États-Unis d'établir la présence prévue dans le cadre du programme Artémis", poursuit-il.
En mai dernier, Pékin et Moscou ont annoncé leur intention d'installer une centrale nucléaire sur la Lune à l'horizon 2035 , dans le cadre de leur projet coinjoint de future Station de recherche lunaire internationale (International Lunar Research Station, ILRS).
Annoncé sous le premier mandat de Donald Trump, le programme américain prévoit lui l'envoi de nouveaux astronautes américains sur la Lune, désormais pour "mi-2027", puis l'établissement de leur présence sur le long terme sur l'astre, plus de 50 ans après la dernière mission Apollo.

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Contrairement aux systèmes d'énergie solaire, un dispositif nucléaire pourrait être installé dans des zones perpétuellement à l'ombre, notamment près du pôle sud où les Etats-Unis et ses rivaux concentrent leurs efforts, et produire de l'énergie en continu, même au cours des nuits lunaires, qui durent plusieurs semaines terrestres. Outre les questions de l'édification des abris lunaires, des engins ou même des matériaux employés sur d'hypothétiques chantiers lunaires, la question des infrastructures énergétiques est ainsi un axe d'étude pour de nombreuses entreprises, qui planchent sur la manière de répondre aux besoins de prochaines missions habitées sur la Lune. Du côté britannique, Rolls-Royce a ainsi révélé en décembre 2023 les plans d'un mini-réacteur nucléaire conçu pour l'exploration lunaire, soutenu par l'agence spatiale du Royaume-Uni.
Objectifs réhaussés et incertitudes
La Nasa, elle, mise désormais sur l'envoi d'un tel réacteur d'ici à 2030. L'appel d'offres, qui sera publié prochainement, portera sur un dispositif capable de produire au moins 100 kWatts d'électricité - de quoi alimenter environ 75 foyers américains.
Les chiffres annoncées en cet été 2025 vont au-delà des objectifs initiaux du programme "Fission Surface Power", qui étudie la possibilité d'installer un petit réacteur nucléaire sur la Lune - et dans le futur sur Mars - afin de permettre la production d'énergie nécessaire à une telle présence humaine. Ainsi, en 2022 et jusqu'à mars dernier, la Nasa avait indiqué qu'elle cherchait à se doter d'un réacteur d'une puissance de 40 kilowatts, et d'une durée de vie d'au moins 10 ans en environnement lunaire. Dans le cadre de cette mission, trois entreprises avaient alors été retenues pour des travaux préliminaires : Lockheed Martin, Westinghouse, et IX (co-entreprise unissant Intuitive Machines et X-Energy).
Désormais, cette annonce d'août survient alors que la course mondiale à l'espace, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, bat son plein, Pékin ayant annoncé vouloir envoyer des hommes sur la Lune d'ici 2030. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump oscille toutefois sur sa priorité numéro 1 en matière d'exploration spatiale. Critique du programme lunaire Artémis, très coûteux et ayant subi de nombreux retards, le républicain a laissé sous-entendre ces derniers mois qu'il pourrait faire l'impasse sur la Lune pour aller directement sur Mars. Un objectif sûrement influencé par son proche conseiller d'alors, le multimilliardaire Elon Musk, qui a la planète rouge en obsession. Mais leur dispute en juin, ainsi que les pressions géopolitiques, pourraient jouer en faveur des projets lunaires de la Nasa, comme le laisse présager cette annonce.
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