Le projet de Budget proposé par le gouvernement Bayrou chiffre à 5,3 milliards l'effort budgétaire demandé aux collectivités pour 2026. Mais la somme réelle est bien plus importante, avance le président du Comité des finances locales.

André Laignel, président du Comité des finances locales et Vice-président de l'AMF, en 2021, à Paris ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Le diable se cache t-il dans les détails? A l'occasion d'une conférence de presse où il a commenté le projet de Budget 2026 défendu par le gouvernement Bayrou, le président du Comité des finances locales (CFL) André Laignel a évalué à près de "10 milliards d'euros" l'effort budgétaire demandé aux collectivités pour 2026, soit deux fois plus que la contribution annoncée officiellement.
Le gouvernement a annoncé mi-juillet qu'il mettra les collectivités à contribution à hauteur de 5,3 milliards d'euros en 2026 pour participer au redressement des finances publiques, soit le double de la participation demandée en 2025.
Des lignes budgétaires en plus qui plombent les comptes
"L'augmentation de la CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales, ndlr) n'est pas dans les 5,3 milliards et c'est déjà 1,4 milliard en année pleine", a énuméré le maire PS d'Issoudun (Indre) lors d'une conférence de presse. A cela s'ajoute une série de lignes budgétaires publiées dans le "tiré à part", document qui récapitule les crédits alloués aux différents ministères.
"On voit 900 millions de moins sur la mission 'cohésion des territoires', 100 millions de moins sur la mission 'collectivités territoriales', 200 millions de moins pour l'Outre-Mer. (...) Je suis sûr d'être à 9 milliards sans aucune exagération et je pense qu'il y aura encore quelques centaines de millions qui viendront s'ajouter", a-t-il indiqué, critiquant une "culture de la dissimulation".
"Je considère que ce qui nous est proposé pour 2026 est une telle atteinte à la libre administration de nos collectivités territoriales (...) que ça légitime d'être refusé", a déclaré celui qui est aussi le premier vice-président délégué de l'Association des maires de France (AMF). Il avait déjà invité en juin les parlementaires à censurer le gouvernement de François Bayrou en cas de nouvelles ponctions.
"Les ponctions sur 2025 vont entraîner des reculs considérables qui vont peser sur l'économie nationale"
Les collectivités ont été mises à contribution à hauteur de 2,2 milliards d'euros dans la loi de finances 2025, mais le président du CFL évalue plutôt la facture à 8,4 milliards d'euros. Il a par ailleurs dressé un portrait noir de la situation des collectivités, notamment des départements.
En 2025, "pour la première fois dans les budgets primitifs des départements, l'autofinancement net sera négatif", ce qui signifie que "les départements globalement ne seront pas à l'équilibre à la fin de l'année si les budgets restaient en l'état", a-t-il expliqué. "Les ponctions sur 2025 vont entraîner des reculs considérables qui vont peser sur l'économie nationale. Aujourd'hui, tous les instituts sérieux nous disent qu'on est pas loin de la récession", a-t-il ajouté, ne doutant pas, si ce budget voyait le jour, "de la puissante mobilisation de la puissante AMF".
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