(Actualisé avec précisions)
par Philip Blenkinsop
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé jeudi aux dirigeants des pays de l'Union européenne que la signature de l'accord de libre-échange avec le Mercosur avait été reportée au mois de janvier, ont déclaré à Reuters des sources européennes.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait prévu de se rendre au Brésil samedi pour signer cet accord finalisé il y a un an après un quart de siècle de négociations mais elle avait besoin pour cela du feu vert des Etats membres de l'UE.
La France tentait notamment de réunir une minorité de blocage en s'appuyant notamment sur des pays ouvertement hostiles au traité, comme la Pologne ou la Hongrie, ou réticents comme l'Italie. Rome ayant demandé jeudi un délai, le texte ne bénéficiait pas du soutien nécessaire. Trois sources européennes ont déclaré que la finalisation de l'accord était désormais reportée au mois de janvier.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui a exprimé son impatience face aux atermoiements européens, a dit jeudi s'être entretenu avec la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, qui lui aurait demandé de la patience et un délai d'un mois pour peaufiner encore le dossier.
Le président français Emmanuel Macron avait estimé avant l'ouverture du Conseil européen à Bruxelles que "le compte n'y était pas" pour signer l'accord.
"Au moment où nous nous parlons, nous ne sommes pas prêts. Le compte n'y est pas pour signer cet accord parce que je veux qu'on traite comme il se doit notre agriculture", a dit le chef de l'Etat.
L'Allemagne, l'Espagne et les pays nordiques préconisaient de leur côté de ratifier dès maintenant l'accord, faisant valoir qu'il permettra d'atténuer l'impact des droits de douane américains et de réduire la dépendance à l'égard de la Chine, particulièrement pour les minerais tels que le lithium pour batteries, en garantissant l'absence de taxes douanières sur la plupart de ces produits.
Le chancelier allemand Friedrich Merz et le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez ont d'ailleurs exhorté jeudi leurs homologues européens réunis à Bruxelles à soutenir l'accord.
MANIFESTATION
"Cet accord commercial est le premier de nombreux accords que nous devrons sceller pour que l'Europe regagne un poids économique et géopolitique à un moment où il est remis en question par des adversaires déclarés, comme [le président russe Vladimir] Poutine, voire des alliés traditionnels", a déclaré Pedro Sanchez.
"Il faut prendre des décisions maintenant si l'Union européenne veut rester crédible dans le commerce mondial", a renchéri Friedrich Merz.
Un millier de tracteurs et quelque 7.000 agriculteurs ont convergé dans la capitale belge pour dénoncer la concurrence déloyale qui découlera à leurs yeux de cet accord de libre-échange avec le marché commun sud-américain, qui réunit Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay.
Des incidents ont émaillé la manifestation. La police a tiré des cartouches de gaz lacrymogène et fait usage de canons à eau face à des protestataires leur jetant des pierres.
La Commission européenne a tenté en vain d'apaiser les agriculteurs en proposant des clauses de sauvegarde pour certains produits agricoles comme le boeuf.
Aux termes de ce mécanisme, des enquêtes pourraient être déclenchées si les volumes d'importation augmentent de plus de 8% par an ou si les prix baissent d'autant dans un ou plusieurs Etats membres de l'UE, en vertu d'un accord conclu mercredi entre les pays membres et le Parlement européen.
La Commission doit également publier une déclaration précisant les mesures prises par l'UE pour effectuer des contrôles, y compris dans les pays du Mercosur, afin d'insister sur le respect des normes de production.
Des "avancées" saluées jeudi par Emmanuel Macron qui estime cependant que les conditions ne sont toujours pas réunies pour que la France accepte l'accord, alors qu'une autre crise enflamme le sud-ouest de l'Hexagone autour de la gestion par l'Etat de la lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a pris la main mardi dans la crise en exigeant une "accélération" de la campagne de vaccination contre la maladie pour "coûte que coûte protéger" l'élevage français.
VOIR AUSSI :
ENCADRE-Que contient l'accord UE-Mercosur et quels sont les points contestés ? nL8N3XN17Z
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet et Camile Raynaud)

0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer