Le président américain Donald Trump reçoit lundi à la Maison blanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avec l'intention de pousser en faveur d'un plan de paix pour Gaza, alors que plusieurs dirigeants occidentaux ont reconnu l'Etat de Palestine en dépit de l'opposition des Etats-Unis et d'Israël.
A l'occasion de ce qui constitue sa quatrième visite à Washington depuis que Donald Trump y est revenu au pouvoir en janvier dernier, Benjamin Netanyahu veut consolider la relation avec son allié le plus important, dans un contexte d'isolation accrue d'Israël sur la scène internationale à cause de l'offensive menée dans la bande de Gaza depuis près de deux ans.
Le Premier ministre israélien, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés dans la bande de Gaza, peut s'attendre à la Maison blanche à un accueil plus chaleureux que lors de l'Assemblée générale des Nations unies, où son discours vendredi a été boycotté par la plupart des délégués.
Ni les Etats-Unis, ni Israël ne reconnaissent la légitimité de la CPI. L'Etat hébreu nie commettre de quelconques crimes de guerre à Gaza et invoque le droit à la légitime défense.
A la tribune de l'Onu, Benjamin Netanyahu s'en est pris avec virulence à la décision qualifiée de "scandaleuse" de la France, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et plusieurs autres pays de reconnaître l'Etat de Palestine, un virage diplomatique majeur pour ces alliés de premier plan de Washington.
Ce groupe de pays met en avant la nécessité d'une telle mesure pour contribuer à préserver la perspective d'une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien et d'une fin à la guerre dans la bande de Gaza.
UN PLAN DE PAIX RÉGIONAL, PAS SEULEMENT POUR GAZA, DIT TRUMP
Donald Trump, qui a réaffirmé mardi durant son discours à l'Onu son soutien inconditionnel à Israël et dénoncé la reconnaissance d'un Etat palestinien comme une "récompense" au Hamas, a déclaré dimanche à Reuters qu'il espérait obtenir l'aval de Benjamin Netanyahu pour son plan destiné à stopper la guerre à Gaza et à libérer les otages détenus par le Hamas.
"Nous avons des retours très positifs parce que 'Bibi' veut également conclure un accord", a dit le président américain au cours d'une interview par téléphone, en utilisant le surnom affectueux du dirigeant israélien. "Tout le monde veut conclure un accord", a-t-il ajouté.
Le Hamas a déclaré n'avoir pas reçu pour l'heure de proposition de l'administration Trump ou des médiateurs.
Donald Trump a salué l'aide apportée à son projet par l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Jordanie et l'Egypte. Son plan, a-t-il indiqué, vise à une paix au Proche-Orient dans son ensemble, pas seulement à Gaza.
"Il est appelé 'paix au Proche-Orient', au-delà de Gaza. Gaza en fait partie. Mais c'est pour la paix au Proche-Orient", a déclaré le président américain, qui fait ouvertement campagne pour le prix Nobel de la paix et avait promis à sa réélection de mettre fin rapidement à la guerre entre Israël et le Hamas.
A la question de savoir si un plan de paix pour la bande de Gaza avait désormais été accepté, un représentant israélien de haut rang a déclaré qu'il était "trop tôt pour le dire".
La réponse d'Israël sera apportée par Benjamin Netanyahu lors de sa rencontre avec Donald Trump lundi, a-t-il ajouté.
Un plan de paix en 21 points a été détaillé la semaine dernière par Washington auprès d'un éventail de pays arabes et musulmans en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.
"COEXISTENCE PACIFIQUE"
S'exprimant sous couvert d'anonymat, un représentant de la Maison blanche a fait savoir que le projet appelait à la libération de tous les otages détenus à Gaza - défunts et vivants -, à garantir qu'Israël ne mènera plus d'attaques contre le Qatar et à ouvrir un nouveau dialogue entre Israéliens et Palestiniens en vue d'une "coexistence pacifique".
Israël a effectué le 9 septembre une attaque au Qatar avec la volonté d'abattre des dirigeants du Hamas, dont le bureau politique se trouve à Doha, ville où ont été menés de multiples cycles de négociations indirectes sur un cessez-le-feu à Gaza. Donald Trump a exprimé son mécontentement et déclaré que la décision de frapper le Qatar, allié des Etats-Unis, avait été prise par Benjamin Netanyahu seul.
Les pourparlers de paix chapeautés par les Etats-Unis sont restés dans l'impasse, d'importantes divergences subsistant dans les demandes formulées par Israël et par le Hamas, alors que Benjamin Netanyahu a répété vouloir poursuivre la guerre à Gaza avec, a-t-il dit, l'objectif de ramener les otages israéliens et d'éradiquer le Hamas.
En réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées et 251 autres enlevées selon les autorités israéliennes, Israël a lancé un "siège total" de la bande de Gaza, où plus de 65.000 personnes ont depuis lors été tuées, d'après les autorités palestiniennes.
Une commission d'enquête indépendante de l'Onu a dénoncé dans un rapport publié plus tôt ce mois-ci un génocide dans la bande de Gaza incité par les plus hauts responsables israéliens.
La rencontre entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu intervient dans la foulée d'une Assemblée générale de l'Onu marquée par la question palestinienne et au cours de laquelle Israël s'est souvent retrouvé au centre des critiques.
"C'est un message très clair: assassiner des Juifs paie", a déclaré vendredi Benjamin Netanyahu à l'Onu en réponse à l'annonce par des dirigeants mondiaux, plus tôt lors de la semaine écoulée, de la reconnaissance de l'Etat de Palestine.
SUR LA MÊME LONGUEUR D'ONDE ?
Alors que se profilait cette perspective, communiquée en juillet par le président français Emmanuel Macron et suivie par le Premier ministre britannique Keir Starmer, Benjamin Netanyahu a répété qu'il n'y aurait "jamais" d'Etat palestinien et a menacé d'annexer la Cisjordanie occupée, où les opérations militaires et les colonies israéliennes ont été étendues depuis près de deux ans en marge de la guerre dans la bande de Gaza.
Si Donald Trump et Benjamin Netanyahu restent globalement sur la même longueur d'onde, si les Etats-Unis continuent de livrer des armes à Israël - dont ils sont le principal fournisseur -, la réunion de lundi pourrait faire remonter à la surface certaines tensions entre les deux dirigeants.
Au sein de la coalition ultra-nationaliste de Benjamin Netanyahu, des ministres appellent à répondre à la reconnaissance d'un Etat palestinien en étendant formellement la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie occupée.
Donald Trump a toutefois déclaré jeudi qu'il n'autoriserait pas Israël à annexer la Cisjordanie occupée, territoire que les Palestiniens considèrent comme partie intégrante de leur Etat.
Selon des analystes, une annexion israélienne de la Cisjordanie pourrait avoir des répercussions sur les accords dits Abraham, normalisant les relations diplomatiques entre Israël et des pays arabes, qui ont été signés durant le premier mandat de Donald Trump et que le président américain considère comme l'une de ses plus grandes réussites de politique étrangère. Il a exprimé depuis son retour au pouvoir son désir que d'autres pays du Golfe intègrent ces accords.
(Matt Spetalnick et Steve Holland; version française Jean Terzian)
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