par Steve Holland et Matt Spetalnick
Le président américain Donald Trump a surpris en annonçant lundi que les Etats-Unis et l'Iran allaient entamer des discussions directes sur le programme nucléaire iranien, mais un haut représentant à Téhéran a déclaré que de potentielles négociations seraient indirectes, avec Oman en intermédiaire.
Comme il l'avait fait par le passé, Donald Trump a également averti l'Iran qu'il serait "en grand danger" si les discussions venaient à s'avérer infructueuses, illustrant les défis qui entourent un quelconque accord entre les deux rivaux géopolitiques.
Téhéran a rejeté depuis plusieurs semaines la proposition de Donald Trump de négocier directement un accord sur son programme nucléaire, en dépit de la menace du président américain de s'exposer dans le cas contraire à des bombardements.
L'Iran semble s'en tenir à cette position, affirmant lundi avoir accepté seulement d'ouvrir des discussions indirectes sous la médiation d'Oman, où pourraient se dérouler ces réunions.
"Nous menons des discussions directes avec l'Iran, et elles ont commencé. Elles se poursuivront samedi. Nous aurons une réunion très importante et nous verrons ce qui arrivera", a déclaré Donald Trump à la presse à l'occasion de la visite à la Maison blanche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"Je pense que tout le monde est d'accord pour dire qu'il serait préférable de conclure un accord", a ajouté le président américain, précisant que les discussions de samedi se feraient à très haut niveau, sans donner plus de détails.
Il a refusé de dire où les négociations auraient lieu, tout en assurant qu'un accord pourrait être scellé.
Des pourparlers indirects avaient été organisés entre Washington et Téhéran durant le mandat de l'ancien président américain Joe Biden, sans déboucher sur de quelconques avancées.
"FENÊTRE DE DEUX MOIS"
Les dernières discussions directes entre les deux gouvernements ont eu lieu lorsque le locataire de la Maison blanche était Barack Obama, qui a chapeauté les négociations ayant abouti à l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien.
Ce pacte a été révoqué par Donald Trump en 2018 lors de son premier mandat présidentiel, avec le rétablissement des sanctions économiques américaines contre l'Iran. Téhéran s'est ensuite affranchi de l'accord, dépassant largement depuis lors les limites fixées en matière d'enrichissement de l'uranium, tout en niant vouloir se doter de l'arme atomique.
En menaçant de lancer une offensive contre l'Iran, Donald Trump a exacerbé les tensions au Proche-Orient, déjà élevées entre la guerre à Gaza, la guerre au Liban, les frappes au Yémen, la chute du régime syrien et les frappes réciproques entre Israël et l'Iran.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain a renforcé la présence militaire des Etats-Unis dans la région tout en disant préférer que soit scellé un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien.
Il a dit le 7 mars avoir écrit au guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, pour lui proposer des pourparlers. Des responsables iraniens ont déclaré à l'époque que Téhéran ne se laisserait pas forcer la main pour entamer des négociations.
Quelques heures avant les commentaires de Donald Trump dans le Bureau ovale, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que Téhéran attendait une réponse de Washington sur sa proposition d'ouvrir des négociations indirectes, ajoutant que l'Iran estimait effectuer là une offre responsable et généreuse.
Un haut représentant iranien a déclaré par la suite à Reuters, après les commentaires de Donald Trump, que "les discussions ne seront pas directes".
"Elles se feront avec la médiation d'Oman", a-t-il ajouté, alors que le sultanat entretient de bonnes relations avec les Etats-Unis et l'Iran et sert de longue date de relais de communication entre les deux rivaux.
Au cours du week-end, un autre représentant iranien avait déclaré sous couvert d'anonymat qu'il y avait potentiellement une fenêtre d'environ deux mois pour parvenir à un accord, citant la préoccupation qu'Israël, ennemi juré de Téhéran, mène de nouvelles attaques contre l'Iran si les discussions américano-iraniennes venaient à nécessiter davantage de temps.
(Steve Holland, Parisa Hafezi, Jarrett Renshaw et Matt Spetalnick; version française Tangi Salaün et Jean Terzian)
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