par Vincent Daheron
Depuis dimanche et le début de la 124e édition de Roland-Garros, le tennis féminin français dépoussière de tristes records qui illustrent ses déboires des derniers mois.
Avec trois représentantes au deuxième tour (Léolia Jeanjean, Elsa Jacquemot et Loïs Boisson), la France a égalé sa pire performance - comme en 1983 et 2019 - depuis l'introduction d'un tableau à 128 joueuses aux Internationaux de France en 1983.
Les neuf tricolores présentent dans le tableau principal représentaient déjà le plus faible contingent depuis 1982 (7 sur 96 joueuses).
Ces chiffres symbolisent le net déclin du tennis féminin français, pourtant pourvoyeur à la France de ses cinq derniers titres en simple en Grand Chelem grâce à Mary Pierce (Open d'Australie 1995 et Roland-Garros 2000), Amélie Mauresmo (Open d'Australie et Wimbledon 2006) et Marion Bartoli (Wimbledon 2013).
Lors de ce Roland-Garros 2025, seules Varvara Gracheva, d'origine russe et naturalisée en 2023, et Caroline Garcia ont directement intégré le tableau principal grâce à leur classement au moment du "cut", mi-avril. Six autres ont bénéficié d'une invitation et Carole Monnet s'est extirpée des qualifications.
Dans le dernier classement WTA publié ce lundi, trois Tricolores figurent dans le top 100 : Varvara Gracheva (72e), Diane Parry (93e) et Léolia Jeanjean (100e).
"Il y a quand même une belle fédération et de ne pas avoir de joueuses au moins dans le top 50, c'est assez frustrant et triste", a déclaré à Reuters l'ex-12e joueuse mondiale Tatiana Golovin, désormais consultante pour Prime Video.
"C'est une chose d'avoir une vainqueure d'un tournoi du Grand Chelem, ça reste très rare et très difficile, mais il doit y avoir un volume de joueuses qui sont dans le top 100, dans le top 50, qui peuvent prétendre aller au moins en deuxième semaine et avoir beaucoup plus de régularité au haut niveau", ajoute-t-elle.
De son côté, le président de la Fédération française de tennis Gilles Moretton a reconnu "un trou dans la raquette".
"On a du travail. Il y a des cycles, on est assez confiant sur l'avenir, on sait qu'on doit apporter des modifications", a-t-il dit lundi en conférence de presse.
"PRÉVISIBLE"
Si Caroline Garcia a longtemps été l'arbre qui cache la forêt, elle a récemment dégringolé au 144e rang et mettra prochainement un terme à sa carrière.
"Depuis trois, quatre ans, vous saviez globalement qu'on allait arriver à un trou une fois que Caro Garcia allait se retirer. C'était prévisible", estime Tatiana Golovin.
En comparaison, dix Français figurent dans le top 100 à l'ATP et la nouvelle génération incarnée par Arthur Fils (20 ans, 14e mondial) et Giovanni Mpetshi Perricard (21 ans, 37e) a commencé à prendre le relais des Quatre mousquetaires (Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Richard Gasquet et Gaël Monfils, qui sera le seul encore en activité après Roland-Garros).
"On a peut-être considéré à égalité le parcours des garçons comme celui des filles, en fait il est légèrement différent", a expliqué lundi Gilles Moretton.
C'est aussi une différence de mentalité selon Tatiana Golovin : "Quand on les voit s'exprimer, ils (Fils et Mpetshi Perricard) ont envie d'aller chercher le plus haut niveau, ils sont prêts à faire les sacrifices. Chez les filles, c'est peut-être cette volonté personnelle de se surpasser chaque jour qui manque un petit peu."
La situation de l'équipe de France, descendue en deuxième division de la Billie Jean King Cup (ex-Fed Cup) en novembre dernier, n'est pas non plus très réjouissante.
Gilles Moretton reste malgré tout optimiste.
"On a mis en place à la fédération un certain nombre de mesures sur les 7-10 ans. Les choses vont payer", a-t-il assuré. "On a une formation extraordinaire. On a commencé à faire des réglages. (...) Ce cycle va arriver avec de jeunes joueuses."
Chez les juniors, quatre Françaises se trouvent actuellement dans le top 100 mondial, Ksenia Efremova (16 ans) étant la mieux classée (66e).
(Reportage de Vincent Daheron, édité par Zhifan Liu)
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