
Le Premier ministre, François Bayrou, à la sortie du Conseil des ministres à l'Elysée, le 16 juillet 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
Des alliés critiques, des oppositions virulentes... François Bayrou est sur la corde raide pour faire adopter son plan de rigueur budgétaire et échapper à la censure à l'automne, mais le gouvernement veut croire qu'il existe des marges de négociation du côté des socialistes.
Au lendemain des annonces choc du Premier ministre, dont la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, pour réaliser 43,8 milliards d'euros "d'économies" en 2026, ses fidèles ont continué à défendre un effort "indispensable" et "équitablement réparti".
"Ce n'est pas un plan de rigueur mais un budget qui est rigoureux pour ne pas être dans les mains des marchés financiers", a répété le chef de file du MoDem Marc Fesneau.
Lors du conseil des ministres, le locataire de Matignon a reçu le soutien du président Emmanuel Macron, saluant un plan qui a "la vertu du courage, de l'audace et de la lucidité".
Mais les partenaires du Premier ministre au sein du socle commun restaient soit discrets - aucune réaction de Gabriel Attal (Renaissance) à ce stade - soit carrément critiques.
"Quasiment rien dans ce que propose François Bayrou ne règle le problème", a tranché, sévèrement, Edouard Philippe (Horizons) dans un entretien au journal Le Parisien. "Ce que propose François Bayrou est un plan d’urgence, avec tout le mérite d’un plan d’urgence, mais aussi ses limites".
- "Jalons" -
Plus balancé, le président des Républicains et ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a estimé qu'un "parti de gouvernement" comme le sien "ne peut pas se défausser" sur le budget et promis de travailler à des "propositions", tout en reconnaissant que M. Bayrou avait posé "un certain nombre de jalons" sur la dette.
Le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, s'est montré davantage réservé. Le plan a "le mérite de chercher des solutions" mais il doit être "corrigé et amélioré" en s'attaquant à l'assistanat et aux dépenses liées à l'immigration.
Enfin, rien ne semblait trouver grâce au RN ni chez LFI.
Dès mardi, Marine Le Pen a agité la censure si le gouvernement "ne revoit pas sa copie" de fond en comble, avant de cibler mercredi la baisse du taux du livret A, jugée "désastreuse et confiscatoire pour les classes moyennes et populaires".
Chez LFI, le président de la commission des Finances, Eric Coquerel, veut censurer "au plus vite ce budget trumpiste" et attend "évidemment les socialistes au rendez-vous".
"Personne ne veut voter un tel budget", a affirmé le rapporteur du budget Charles de Courson (Liot), qui se demande si "le Premier ministre, en faisant cela, n'organise pas sa sortie".
- "Beaucoup de temps" -
Aucune censure ne pourra être votée sans le PS. Et le gouvernement veut croire qu'il existe un "compromis" possible comme ce fut le cas pour le budget 2025.
"Nous allons discuter avec tous les partis. Evidemment, il y a probablement davantage de possibilités de parvenir à un accord avec le Parti socialiste", a reconnu le ministre de l'Economie Eric Lombard.
Mais si le PS n'a pas fermé la porte à une discussion, il ne l'a pas ouverte non plus.
"Les propositions du gouvernement ne sont pas acceptables et n’offrent pas de base de négociation", a prévenu le chef de file des députés Boris Vallaud, dénonçant un "musée des horreurs libérales".
Les socialistes entendent discuter sur la base de leurs propres propositions, qu'ils préparent pour la rentrée, dont la taxe dite Zucman, qui consiste à imposer à hauteur de 2% le patrimoine des milliardaires.
Mais le gouvernement ne veut pas de cette taxe "extrêmement injuste" qui entraînerait "une fragilisation de notre système économique", selon sa porte-parole Sophie Primas. Il se contente de maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus, mise en place dans la loi de finances 2025, et de proposer des "mesures complémentaires" contre l'optimisation fiscale.
Pour arriver à un accord, le gouvernement mise sur le temps, les discussions budgétaires ne démarrant qu'en octobre.
"On a devant nous beaucoup de temps, ce qui est une chance" même si "nous ne voulons pas que ce compromis ressemble à une entente de couloir", a plaidé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.
Mais le temps peut jouer dans les deux sens. Côté syndical, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a appelé à la "mobilisation" à la rentrée "pour empêcher ces régressions sociales".
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