
( AFP / RODGER BOSCH )
L'association des producteurs de blé (AGPB) a sonné l'alarme vendredi sur l'explosion des prix des engrais avec l'entrée en vigueur du mécanisme européen d'ajustement carbone aux frontières (MACF), au moment où les céréaliers français n'arrivent déjà plus à couvrir leurs coûts de production.
Ce mécanisme est censé soumettre les produits importés dans l'Union européenne à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens fabriquant ces produits. Il entrera progressivement en vigueur à partir de 2026.
Il doit dans un premier temps s'appliquer à certaines marchandises fortement exposées au risque de fuite de carbone (délocalisation d'entreprises pour éviter d'être soumises aux normes d'émissions de l'UE), parmi lesquelles l'acier, le ciment, l'aluminium mais aussi les engrais azotés.
Concrètement, les engrais azotés importés notamment depuis des grands pays gaziers comme la Russie, producteur majeur qui représentait un quart des importations de fertilisants de l'UE en 2024, mais aussi d'Egypte, d'Algérie ou des Etats-Unis, se verront appliquer une taxe à leur entrée dans l'UE pour compenser le coût des normes environnementales européennes.
Les estimations de surcoûts calculées par un outil mis à disposition par le gouvernement pour les engrais équivaudraient par exemple à 144 euros par tonne pour un bateau de 20.000 tonnes d'urée, a indiqué l'AGPB lors d'une conférence de presse.
Les responsables de l'association évoquent une "véritable déflagration économique" et "un torpillage économique" pour les céréaliers qui ont déjà vu la part des engrais dans leurs charges s'accroître ces dernières années (16% des charges à l'hectare en moyenne sur 2019-2023, avec un pic à 21% en 2023).
Si les rendements sont "revenus à la normale" avec une bonne récolte de blé cette année - évaluée à 33 millions de tonnes - "il n'y a eu aucun rebond des revenus des producteurs" du fait de la "chute des prix" des grains sur les marchés mondiaux et de l'augmentation des coûts de production, notamment des engrais, expliquait mi-septembre Eric Thirouin, président de l'AGPB, à l'occasion de la présentation des revenus des céréaliers, dans le rouge pour la troisième année consécutive.
L'entrée en vigueur du MACF pourrait conduire selon eux à un arrêt des importations, ce qui laisserait aux fabricants européens "le champ libre pour pratiquer des tarifications à leur guise", a averti vendredi l'AGPB, appelant l'UE à renoncer à ce mécanisme.
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