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REPORTAGE-Les Israéliens restent calmes malgré la menace de riposte iranienne
information fournie par Reuters 13/06/2025 à 13:40

par Alexander Cornwell

Les rues de Tel Aviv étaient calmes vendredi malgré la menace de représailles iraniennes à l'attaque de grande ampleur lancée aux premières heures de la journée par Israël contre l'Iran.

Alors que le gouvernement a invité la population israélienne à se préparer à une riposte de Téhéran, les écoles ont été fermées et les rassemblements interdits à travers le pays sur ordre de l'armée, entraînant l'annulation de la "Marche des Fiertés" de Tel Aviv qui attire chaque année des dizaines de milliers de participants.

"On a déjà vécu ce scénario deux fois", dit Uri, assis sur un banc devant un supermarché en se demandant s'il doit malgré tout ouvrir son restaurant ou jeter toute la nourriture prévue pour ses services du jour.

Quand on lui demande s'il a peur, ce jeune homme de 31 ans répond: "Franchement, je m'en moque. J'irai dans un abri et ça ira."

L'an dernier, l'Iran a tiré à deux reprises des centaines de drones et de missiles en direction d'Israël en riposte à des bombardements israéliens, sans faire de dégâts majeurs mais suscitant l'émotion au sein de la population israélienne.

Après les attaques de la matinée contre des sites nucléaires et militaires iraniens, qui ont entraîné la mort de plusieurs chefs des forces iraniennes, la République islamique a promis des représailles à l'Etat hébreu et les autorités israéliennes ont invité la population à se tenir prête à passer de longues heures dans les abris tandis qu'elles s'employaient à intercepter une centaine de drones tirés contre son territoire, sans apparemment l'atteindre.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a aussi prévenu les Israéliens que cette attaque n'était que le commencement d'une campagne de plus long terme contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce qu'il dément.

Le Premier ministre israélien a invoqué l'extermination des Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale pour expliquer sa décision d'attaquer l'Iran, présentant ces bombardements comme une initiative indispensable pour préserver l'Etat hébreu d'une future menace existentielle.

FILES D'ATTENTE AUX SUPERMARCHÉS

Après l'attaque du Hamas contre son territoire le 7 octobre 2023, Israël a déjà affaibli et tué les dirigeants du mouvement palestinien et du Hezbollah libanais, deux alliés majeurs de Téhéran.

"L'Iran? C'est le premier endroit que nous devons attaquer si vous me posez la question", dit Aviv, âgé de 38 ans, espérant que cette campagne contre l'Iran aboutira à la libération de la cinquantaine d'otages, vivants ou morts, toujours retenus dans la bande de Gaza depuis le 7-Octobre.

Dans le territoire palestinien, dévasté par la campagne militaire israélienne déclenchée après l'attaque du Hamas de 2023, certains espèrent que les bombardements israéliens sur l'Iran seront une étape vers la fin de la guerre dans l'enclave côtière.

"Nous espérons que, cette fois, les Iraniens feront pression en faveur d'une solution globale", dit Abou Abdallah, un homme d'affaires palestinien déplacé dans le sud de la bande de Gaza.

En Israël, des supermarchés et des cafés sont restés ouverts vendredi même si d'autres commerces ont préféré baisser le rideau. De longues files d'attente se sont formées aux caisses ave des clients venus d'approvisionner en nourriture et en bouteilles d'eau.

"Mon frigo est vide", dit Noah en se rendant au supermarché.

Cette femme de 41 ans, mère de deux enfants, avait prévu de fêter son anniversaire de mariage avec son époux dans un hôtel. Elle fait part de son inquiétude quant à l'ampleur d'éventuelles représailles iraniennes et raconte que ses voisins s'interrogent sur la solidité des abris dans leur immeuble et se demandent s'il ne faudrait pas plutôt aller se réfugier dans des installations souterraines.

L'attaque contre l'Iran survient alors que la coalition nationaliste et religieuse de Benjamin Netanyahu est confrontée à une pression croissante, aussi bien en Israël qu'à l'international, pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza plus d'un an et demi après le début du conflit.

"La manière dont le gouvernement gère les choses est horrible", juge Noah, disant condamner les bombardements contre l'Iran en raison des risques encourus par Israël.

"Parce que j'ai l'impression que nous sommes arrivés en haut de l'échelle, comme si cette fois c'était vraiment sérieux. On a l'impression que, bon, ils n'ont rien à perdre."

A Jérusalem, d'autres soutiennent en revanche l'initiative de Benjamin Netanyahu.

"Je suis très heureux. Nous l'attendions", dit Oral Liral.

"Am Yisrael Chai", ajoute cette femme de 66 ans, utilisant une expression en hébreu signifiant "Le peuple d'Israël vit". "Nous sommes forts. Nous serons ici. C'est notre pays."

(Alexander Cornwell, avec Rami Amichay à Tel Aviv, Dedi Hayun à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi au Caire, version française Bertrand Boucey, édité par)

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