
Cedric Jubillar, soupçonné d'avoir tué son épouse Delphine, arrive à la cour d'assises du Tarn le 23 septembre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
Une infirmière "timide" mais "très investie" : au deuxième jour du procès de Cédric Jubillar pour le meurtre de sa femme Delphine, la cour d'assises du Tarn s'est penchée mardi sur la personnalité de la jeune femme, disparue peu avant Noël 2020 et dont le corps n'a pas été retrouvé.
L'audience a également connu un moment d'intensité avec la déposition de l'administratrice des enfants du couple, mandatée par la justice pour défendre les intérêts de Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans.
L'aîné, qui avait 6 ans au moment des faits, est un enfant "taiseux", "très, très en colère" contre son père, qu'il juge responsable de la disparition de sa mère, a-t-elle expliqué. Et quand elle a abordé le procès avec les enfants, leur demandant ce qu'ils souhaitaient dire à leur père, sa sœur, qui n'avait que 18 mois lors du drame, a spontanément dit qu'elle l'aimait et demandé "de dire si sa maman est vivante ou pas".
"Il va falloir qu'ils essaient d'avancer avec ce traumatisme et la première personne qui peut les amener à bien évoluer, c'est vous, M. Jubillar, en répondant à leurs questions", a-t-elle exhorté, en se tournant vers l'accusé qui, depuis son box, a opiné de la tête, en signe d'approbation.
- "Devoir de neutralité" -
Interrogée par Alexandre Martin, l'un des deux avocats de la défense, elle a convenu que sa conviction personnelle était celle de la culpabilité du père de Louis et Elyah, ce qui a fait bondir l'autre avocate de l'accusé, Emmanuelle Franck: "Pour moi vous aviez un devoir de neutralité, je trouve ça très dérangeant à titre personnel".
"Il n'y a jamais eu d'animosité à l'encontre de M. Jubillar", ni "de volonté d'influencer les enfants", a rétorqué cette professionnelle de l'enfance.
L'audience avait été jusque-là consacrée à l'examen de la personnalité de leur maman.
Un enquêteur de personnalité a évoqué l'enfance précaire, le père absent et la mère psychologiquement fragile de cette femme, soudainement disparue à 33 ans dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Ses collègues, cités par l'expert, ont évoqué une excellente infirmière, investie, rigoureuse et fiable même si c'était également une "grande timide". Dévouée, bienveillante, "discrète" aussi, telle est apparue Delphine, au fil du rapport de l'expert.

Laurent de Caunes, avocat du frère de Delphine Jubillar,à la cour d'assises du Tarn, le 23 septembre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
Avocats des parties civiles et de la défense ont ensuite disséqué ce portrait dressé par l'enquêteur sur la base d'une trentaine de témoignages. Les premiers ont insisté sur une forme de "domination" exercée par Cédric Jubillar sur son épouse, la "honte" qu'elle ressentait face à leur maison jamais terminée, ou encore le "courage" de cette infirmière qui travaillait de nuit et s'occupait beaucoup de ses enfants.
- Intense médiatisation -
Selon les témoignages de ses amies, le couple avait toutefois connu, dans les mois précédant la disparition, "un renversement des rapports de domination", la jeune femme prenant de l'assurance face à un mari professionnellement instable, immature et grand consommateur de cannabis.

Cédric Jubillar, le 22 septembre 2025 à son procès à la cour d'assises du Tarn, à Albi ( AFP / Ed JONES )
La défense de Cédric Jubillar a salué les "qualités humaines" de la disparue qui "transpirent du dossier", tout en cherchant à déminer certains points, appuyant par exemple sur le fait qu'il n'existait dans toute la procédure qu'un seul témoignage faisant état d'une possible violence physique du mari contre son épouse.
Les frères et sœur de la disparue ont également brièvement déposé à la barre, saluant avec sobriété le travail de l'enquêteur qui, selon eux, résumait fidèlement la personnalité de Delphine.
Avares de mots, ils ont déploré la très intense médiatisation de cette affaire qui a bouleversé leurs vies. Cela a "énormément pesé" dans le choix du plus jeune de partir s'installer avec sa compagne au Canada, a témoigné l'intéressé.

Fleurs et bougies en hommage à Delphine Jubillar devant sa maison à Cagnac-les-Mines, le 6 mars 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
Mardi après-midi, la cour doit se pencher sur les circonstances de la disparition de Delphine en entendant d'abord les gendarmes qui ont ouvert les investigations dans la maison du couple dans l'ancienne petite cité minière de Cagnac-les-Mines, près d'Albi, puis d'autres enquêteurs.
Lundi, à l'ouverture du procès, Cédric Jubillar a une nouvelle fois clamé son innocence. "Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés", a-t-il assuré.
Ce peintre-plaquiste de 38 ans, détenu depuis juin 2021, dément avoir tué celle qui était sa compagne depuis leurs 18 ans et qui lui avait annoncé sa volonté de divorcer.
Le verdict est attendu le 17 octobre.
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