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Présidentielle US-En Russie, la presse officielle flatte Trump, le Kremlin attend de voir
information fournie par Reuters 22/10/2024 à 07:44

par Andrew Osborn et Guy Faulconbridge

A Moscou, parmi les responsables russes, allant des plus bas échelons jusqu'au président Vladimir Poutine, on répète que l'identité du vainqueur de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre ne fait aucune différence.

Pourtant, en regardant la télévision publique russe, contrôlée par le Kremlin, il apparaît que l'ancien président républicain Donald Trump a les faveurs du pouvoir russe.

Dans l'un de ses programmes d'information, ce mois-ci, la première chaîne publique a diffusé une vidéo du milliardaire américain Elon Musk, donateur et soutien très vocal de Donald Trump, et du présentateur américain Tucker Carlson, ancienne figure de la chaîne conservatrice Fox News, dénigrant Kamala Harris, avant des images présentées comme des prestations chancelantes de la vice-présidente démocrate.

La télévision publique russe se plaît à montrer Kamala Harris éclater soudainement de rire, une tendance dont Vladimir Poutine s'est moqué le mois dernier, et a réalisé une compilation d'extraits de discours de campagne les moins éloquents prononcés par la rivale de Donald Trump.

A l'inverse, au cours de la même émission, la première chaîne publique a montré Donald Trump et son colistier JD Vance marcher d'un pas assuré, décrivant le bons sens dont ils font preuve sur un éventail de questions - personnes transgenre, immigration - et les vents contraires sinistres auxquels ils font face, avec pour preuve les tentatives d'assassinat contre Donald Trump.

TRUMP SOUVENT ÉLOGIEUX À PROPOS DE POUTINE

Le Kremlin répète que le choix du prochain locataire de la Maison blanche est une question qui concerne uniquement la population américaine et que Moscou travaillera avec le président américain peu importe son identité.

Il nie également toute influence dans la couverture médiatique du scrutin aux Etats-Unis. Cependant d'anciens employés du groupe audiovisuel publique russe ont déclaré publiquement que des directives sont données sur les sujets d'actualité lors de réunions hebdomadaires au Kremlin.

Que la presse officielle russe semble préférer Donald Trump n'est pas vraiment une surprise.

Donald Trump s'est montré moins enclin que le président démocrate Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris à soutenir l'Ukraine dans sa guerre face à la Russie, des commentaires faisant craindre à Kyiv de perdre son principal allié en cas de victoire électorale du républicain.

Donald Trump, qui a régulièrement fait ces dernières années l'éloge de Vladimir Poutine et se vante d'avoir une excellente relation de travail avec le président russe, a accusé la semaine dernière le président ukrainien Volodimir Zelensky d'être en partie responsable du début de la guerre.

Interrogé ce mois-ci sur des informations de presse selon lesquelles il s'est entretenu à plusieurs reprises avec Vladimir Poutine depuis son départ de la Maison blanche en janvier 2021, Donald Trump a refusé de confirmer, déclarant: "Si je l'ai fait, c'est intelligent".

Kamala Harris a pour sa part qualifié le président russe de "dictateur meurtrier", promettant de continuer à soutenir l'Ukraine et décrivant la mort de l'éminent opposant russe Alexeï Navalny comme "un signe supplémentaire de la brutalité" de Vladimir Poutine. Le Kremlin a nié toute implication dans la mort d'Alexeï Navalny.

"DESTRUCTEUR"

La télévision publique russe convie régulièrement dans ses émissions de débats géopolitiques en "prime time" des invités exprimant leur préférence pour Donald Trump, même si les raisons divergent parfois.

Andreï Sidorov, qui occupe un poste de haut rang à l'université publique de Moscou, a déclaré plus tôt ce mois-ci lors d'une grande émission de débats qu'une victoire de Donald Trump serait préférable pour la Russie parce qu'il alimenterait des divisions à même de provoquer un effondrement des Etats-Unis de l'intérieur - un fantasme de longue date en Russie parmi les plus fervents détracteurs de l'Occident.

"Je suis pour Trump. Je l'ai toujours été. Il est un destructeur", a dit Andreï Sidorov. "S'il est élu (...) alors une guerre civile sera vraiment au programme", a-t-il ajouté, estimant par ailleurs que les démocrates continueraient à faire "de la m****" en cas de victoire. "Trump pourrait vraiment provoquer l'effondrement de notre adversaire géopolitique sans qu'un seul missile soit tiré", a-t-il insisté.

Un rapport des services du renseignement américain a conclu en 2017 que Vladimir Poutine a ordonné la mise en oeuvre d'une campagne sophistiquée d'influence aux Etats-Unis pour dénigrer Hillary Clinton et soutenir Donald Trump dans la course à la Maison blanche en 2016. Le Kremlin a nié toute ingérence dans la campagne électorale américaine; Donald Trump a nié toute collusion avec la Russie.

Si Kamala Harris et Donald Trump ont des positions divergentes à l'égard de Moscou, certains représentants russes ont exprimé leur méfiance à l'égard des deux candidats, dans un contexte de dégradation des relations bilatérales à un plus bas depuis la crise des missiles cubains en 1962.

"AUCUNE ILLUSION"

D'après ces représentants, une victoire électorale de Kamala Harris signifierait que Washington poursuivrait "jusqu'au dernier Ukrainien" ce que Moscou considère comme une guerre par procuration menée par Joe Biden.

Ils se souviennent aussi que Donald Trump a imposé des sanctions contre la Russie durant son mandat, douchant leurs espoirs de renforcement des liens entre les deux pays, en dépit des mots chaleureux de Donald Trump à propos de Vladimir Poutine. Le pouvoir de la classe politique américaine a selon eux limité la marge de manoeuvre de Donald Trump à l'égard de la Russie.

"Je n'ai aucune illusion", a déclaré en septembre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

"(Quand Donald Trump était président), il a eu plusieurs conversations avec le président Vladimir Poutine. Il m'a reçu deux fois à la Maison blanche. Il a été amical. Mais des sanctions contre la Russie ont régulièrement été imposées durant la présidence Trump. Nous avons donc conclu que devions compter sur nous-mêmes. Nous ne compterons jamais sur l'arrivée d'un 'gars bien' à la Maison blanche", a-t-il poursuivi.

Une source de haut rang a déclaré que les avis divergeaient au Kremlin à propos de Donald Trump, ajoutant que certains considéraient qu'une victoire du candidat républicain pourrait ne pas être une très bonne chose pour Moscou.

"Regardez ce qu'il s'est passé quand il est devenu président la dernière fois. Tout le monde avait dit au préalable que les relations Etats-Unis-Russie en bénéficieraient, mais elles sont devenues pires. Trump dit beaucoup de choses mais ne fait pas toujours ce qu'il dit", a déclaré cette source, s'interrogeant sur la capacité réelle de Donald Trump à stopper les aides à Kyiv face au puissant lobby aux Etats-Unis selon lequel le destin de l'Ukraine est crucial pour l'Occident.

Une deuxième source de haut rang a rapporté que Moscou a des attentes très limitées s'agissant du prochain locataire de la Maison blanche, quelle que soit son identité, et qu'aucun changement majeur dans les relations bilatérales n'est anticipé.

"Il n'y aura pas de grande amitié nouvelle", a-t-elle dit. "L'Occident considère néfastes la Russie et la Chine, et il est difficile d'imaginer qu'un quelconque dirigeant puisse changer cette mentalité si ancrée désormais parmi l'élite à Washington".

(Guy Faulconbridge à Moscou, Andrew Osborn à Londres; version française Jean Terzian, édité par Blandine Hénault)

2 commentaires

  • 22 octobre 08:44

    Aujourd'hui 'hui avec la réunion des BRICS +++à Moscou, un nouvel ordre mondiale est entrain de s'installer et les Démocrates américains et ou socialiste d'occident ne s'en relèveront pas .


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